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Pays de la Loire
Un engraissement innovant pour la recherche aux Trinottières

La ferme expérimentale des Trinottières s’est dotée d’un nouvel engraissement permettant de conduire des essais sur l’alimentation de précision en soupe mais aussi sur l’ambiance, la santé et le bien-être.

À l’occasion de la semaine Innov’action, la ferme expérimentale des Trinottières a présenté son nouveau bâtiment d’engraissement de 960 places à Montreuil-sur-Loir. Construit à neuf sur le même emplacement que l’ancien, devenu vétuste, il a reçu ses premiers porcelets de 8 semaines en avril dernier. « L’objectif pour ce bâtiment, qui sert aussi de support de formation, est de tester des innovations transposables sur le terrain et qui soient économiquement accessibles pour les éleveurs », explique Aude Dubois, de la chambre d’Agriculture des Pays de la Loire. L’une des particularités est son système d’alimentation Spotmix de Schauer, habituellement réservés aux blocs maternité et post-sevrage. « Cet équipement, qui permet une distribution à la case avec des taux de dilution variables, ouvre la voie à de nombreuses possibilités expérimentales quant à la conduite alimentaire et aux tests d’additifs », justifie Florence Maupertuis, de la chambre d’Agriculture des Pays de la Loire. Il va permettre de tester une alimentation multiphase en soupe et d’utiliser du maïs grain humide dès 20 kg de poids vif. Le surcoût du Spotmix en engraissement par rapport à une machine à soupe est de 40 000 euros. « On mise sur un retour sur investissement sur quatre ans grâce à la baisse du coût alimentaire liée à l’alimentation multiphase (voir ci-contre). » La conseillère s’appuie sur un précédent essai réalisé aux Trinottières (1) qui avait montré un écart de 5 euros par tonne sur le prix moyen de l’aliment, entre une alimentation multiphase (avec 5 aliments) et une alimentation biphase (croissance puis finition) en soupe. À terme, le Spotmix pourra alimenter également le post-sevrage, l’engraissement sur paille et la maternité, à l’exception des gestantes déjà équipées de distributeurs automatiques de concentrés. Avec trois trémies supplémentaires, le Spotmix permettra par ailleurs de distribuer à la case des supplémentations nutritionnelles et de travailler sur des problématiques de santé animale. C’est également par son intermédiaire que sera distribuée de la paille broyée, testée comme matériau manipulable dans le cadre de la recherche de solutions alternatives à la coupe des queues (voir ci-contre).

Concilier bien-être et économie d’énergie

Le bâtiment comprend huit salles de huit cases qui se distinguent par leur conception en grand volume et leur grande clarté, chacune comprenant des fenêtres côté extérieur et côté couloir, favorables aux conditions de travail. Dans la même optique, les salles sont équipées d’un système de détrempage automatique et de lavage à poste fixe. Les porcs sont logés dans des cases de 30 pendant 15 jours puis par 15 jusqu’à l’abattage. Chaque case comprend une auge double linéaire de 2,5 mètres surmontée d’une cloison. Les porcs peuvent circuler de chaque côté par un passage entre la cloison de l’auge et celle de la salle. La raison de cette configuration spécifique est d’abord technique. « Peut être sûr qu’une soupe faiblement diluée s’étale bien, nous voulions limiter la longueur d’auge à 2,5 mètres. Cette conception de case permet également de créer deux zones de couchage et d’exercice et de faciliter les hiérarchies de groupes. » Les porcs disposent d’une pipette au-dessus de chaque auge pour l’abreuvement complémentaire. Le raclage à plat sous les caillebotis en béton intégral permet une évacuation régulière du lisier, favorable à la santé respiratoire. « Il est aussi nécessaire pour évacuer la paille broyée », complète Aude Dubois.

Le bâtiment est classé BEBC, basse consommation d’énergie. La ventilation se fait par extraction basse avec une cheminée par salle équipée d’un ventilateur économe. « Une gaine haute est aménagée en faîtière du bâtiment pour l’entrée d’air par quatre volets régulés. » Un cooling de chaque côté du bâtiment permet de rafraichir l’air. Une fosse couverte de 1100 m3 a été construite en complément de la fosse existante qui a elle aussi été couverte.

Le coût de l’ensemble s’élève à près de 842 000 euros, soit 876 euros par place. Un coût bien plus élevé que pour un bâtiment conventionnel, qui se justifie par les spécificités liées aux essais et à sa fonction de support de formation. Il est financé à 44 % par le fond européen de développement régional et à 20 % par la coopérative Terrena. Elle fait partie des actionnaires de la ferme des Trinottières, aux côtés de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, du CRP Pays de la Loire, ainsi que de la Cavac et de l’Itab par la partie élevage biologique du site.

(1) Voir Réussir Porc de janvier 2018, p. 26.
Tester des innovations transposables sur le terrain

Une alimentation multiphase en soupe

Les porcs arrivent dans le bâtiment d’engraissement à 20 kg et démarrent en double densité dans une salle pendant 15 jours (30 porcelets par case). Grâce au système de distribution Spotmix, ils passent progressivement d’un aliment 2e âge à l’aliment nourrain, à 15,5 % de protéines. « La transition vers une présentation de soupe à faible dilution et le maïs humide se fait en douceur », a constaté Florence Maupertuis. Puis vers 30 kg, ils sont allotés à 15 par case dans deux salles contiguës à 0,82 porc/m2. Seuls deux aliments sont fabriqués pour cette phase d’engraissement : l’aliment nourrain et un aliment peu riche en protéines (10,5-11 %) et moins coûteux, composé de céréales et de complément minéral vitaminé (CMV), mais sans tourteaux. Dosé précisément par le Spotmix, ce dernier va être incorporé progressivement dans la ration de façon à coller au plus juste aux besoins en protéines des porcs en croissance et à éviter le gaspillage. « Il atteint 50 % du mélange d’aliment vers 70 kg de poids vif des porcs. » Il représente 100 % de la ration à partir de 105 kg. L’eau, pour constituer la soupe, est administrée juste avant la distribution, et peut être ajustée case par case.

Une distribution automatique de paille

Le Spotmix est équipé de l’option Welfare, qui permet de distribuer automatiquement de la paille dans chacune des cases. La paille déjà broyée (brins de moins de 3 cm) sous forme d’une balle rectangulaire est incorporée manuellement dans une petite trémie située à côté de l’automate de pesée et de fabrication de l’aliment. « Elle est pulsée jusqu’à l’entrée de chaque salle par le même circuit pneumatique utilisé pour l’aliment », détaille Thomas Forestier, distributeur de la marque autrichienne Schauer. « Une fois arrivée devant l’un des deux distributeurs rotatifs qui équipent chaque salle, la paille est orientée par les vannes sélectionnées dans un circuit secondaire (toujours en inox pour éviter les phénomènes d’arcs électriques) puis arrivent dans les descentes en PVC. » La paille tombe sur une dalette de 0,4 m2 fixée sur le caillebotis. Le surcoût de 30 000 euros de l’option Welfare s’explique par les 32 vannes supplémentaires, la trémie et le module supplémentaire du logiciel pour la distribution de paille. « Tout reste à réfléchir concernant la fréquence et la dose de paille à apporter mais aussi le décalage par rapport aux horaires des distributions d’aliment », explique Florence Maupertuis, de la chambre d’agriculture. En Autriche, la pratique courante est d’apporter une ration de 30 g par porc et par jour en une seule distribution. Plusieurs modalités vont être testées pour évaluer l’impact de paille sur le comportement des animaux mais aussi sur la conduite d’élevage et la gestion du lisier. « L’enjeu étant de trouver des solutions pour pouvoir se passer de la coupe des queues en élevage sur caillebotis intégral et de les valoriser au travers d’un cahier des charges bien-être. »

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