Aller au contenu principal

Stockage des céréales : choisir entre les systèmes à plat et les cellules

Stockage à plat ou en cellule ? De nombreuses solutions techniques sont possibles pour stocker ses céréales à la ferme. Les contraintes et les avantages de chaque système sont à avoir en tête pour bien se décider.

La moitié des agriculteurs disposent d’une solution de stockage à la ferme. Près des deux tiers stockent leur production dans un hangar à plat et 65 % sont équipés de cellules (Plusieurs types de matériels peuvent être utilisés sur une même exploitation) indique une enquête réalisée par Arvalis et l’institut BVA en 2023. Les différents systèmes de stockage présentent chacun des avantages et des inconvénients. La part des choses doit se faire en fonction de ses besoins et de sa situation. Quel volume va-t-on stocker ? Quels sont les besoins en matière de débit de chantier lors de la moisson ? À quel débouché sont destinées les céréales (alimentation animale, meunerie, filière CRC ou bio…) ? Quelle sera la durée du stockage ? Quelles cultures vont être concernées ?

Le stockage à plat suscite actuellement l’intérêt des agriculteurs notamment parce qu’il offre la possibilité de financer son projet avec l’installation de panneaux photovoltaïques. Si la différence de compétitivité n’est pas notable entre les cellules et les cases à plat pour de petits volumes, cette solution devient plus compétitive au fur et à mesure que le volume stocké augmente. Autre atout : il permet une utilisation plus flexible de son bâtiment. Il est possible d’y stocker autre chose que des grains quand le bâtiment est vide, comme des sacs d’engrais ou du matériel.

Anticiper les étapes de manutention

Un certain nombre de contraintes sont toutefois à avoir en tête au moment d’opter pour ce type d’installation. La première concerne la manutention des grains qu’il sera moins facile d’automatiser qu’avec des cellules, même si des solutions techniques existent. Le stockage à plat nécessite généralement d’investir dans un chargeur télescopique pour l’expédition des céréales stockées. Même si l’on est déjà équipé, le coût de son utilisation sera à prendre en compte. En outre, la présence de l’agriculteur ou d’un salarié pour la manutention des grains est nécessaire.

D’un point de vue technique, la protection des céréales vis-à-vis des rongeurs et des oiseaux sera également moins aisée qu’avec une cellule. Les solutions en la matière sont pour la plupart préventives et devront être anticipées pour éviter les déconvenues. Concernant les ravageurs, la lutte commence par un maintien des abords du bâtiment dans un bon état de propreté et l’élimination de toute zone de refuge favorable à la nidification, indique Arvalis dans son guide pratique Stockage des grains à la ferme. Il est aussi possible d’utiliser des appâts dans le respect de la réglementation. Contre les oiseaux, « la seule façon de lutter contre ces envahisseurs reste à les empêcher de rentrer ». Il faudra colmater les fentes s’il s’agit d’un bâtiment existant et prévoir des filets dans les cas de bâtiments ouverts.

S'équiper pour gérer la température du tas

Si l’on prévoit de stocker les grains dans la durée, la présence d’un système de ventilation efficace pour abaisser la température du tas est indispensable, notamment pour prévenir le risque de germination et de développement des insectes. D’après l’enquête d’Arvalis, les deux tiers des stockages à plat en sont pourvus, contre 92 % des stockages en cellule. Le grain sera plus facile à ventiler avec ce système, même si plusieurs solutions existent pour les stockages à plat. « Dans un bâtiment déjà existant avec une dalle de béton, on pourra opter pour des gaines en demi-lune posées au sol, indique Jean-Yves Moreau, du service Pôle stockage des grains d’Arvalis. Mais cette solution nécessite des précautions pour ne pas endommager le matériel de ventilation lors de la manutention des céréales. » Pour le spécialiste, l’idéal reste de prévoir des caniveaux de ventilation perforés, intégrés dans le béton, sous le tas de grains.

Si le projet consiste à reconvertir un bâtiment existant en stockage, il faudra prévoir des murs capables de résister à la pression horizontale exercée par les grains.

Quels que soient les équipements choisis, « le stockage à la ferme nécessite un niveau d’équipement qui garantit les bonnes conditions de conservation et un suivi quotidien, notamment de la température du grain », assure Jean-Yves Moreau. En cas de problèmes, comme la germination des grains ou la prolifération d’insectes, les solutions à mettre en œuvre seront coûteuses et viendront amputer la valeur ajoutée que l’on peut tirer du stockage de ses céréales.

Dimensionner le système de ventilation

Pour garantir le refroidissement des grains sans dépenser trop d’énergie, le système de ventilation devra être dimensionné correctement. D’après Arvalis, le débit d’air nécessaire pour amener le grain à la température de l’air entrant (dose spécifique) est en moyenne de 1 000 m3 d’air par m3 de grains. « Ce chiffre varie en fonction de l’écart de température et d’hygrométrie entre les grains et l’air entrant, mais aussi selon le type de grains stockés », peut-on lire dans le guide pratique Stockage des grains à la ferme.

L’objectif de l’équipement de ventilation est d’abaisser la température du tas par palier en utilisant l’air froid (différence de température entre l’extérieur et l’intérieur du stockage). Il est conseillé d’atteindre un premier palier à 20 °C mi-septembre, 12 °C mi-novembre et 5 °C jusqu’au printemps. L’idéal est d’être équipé d’un thermostat couplé au système de ventilation pour profiter de manière optimale des plages de température qui permettront de refroidir le tas.

Des précautions sont à prendre dans les cases à plat. « L’espacement entre les gaines de ventilation ou les caniveaux doit être en relation avec la hauteur des tas de grains », expliquent les experts d’Arvalis. Pour une bonne diffusion de l’air, il est recommandé de positionner les gaines à un intervalle compris entre le tiers et la moitié de la hauteur de grain. L’outil Venti-lis agri permet d’estimer le dimensionnement des ventilateurs pour son exploitation.

Les plus lus

<em class="placeholder">Berthold Kress, maïsiculteur à Bourideys, en Gironde, devant son outil combiné.</em>
Ravageurs du maïs : « J’ai créé un outil qui fend les pieds de maïs pour éliminer pyrale et sésamie sur mon exploitation en Gironde »

Berthold Kress est maïsiculteur à Bourideys en Gironde. Pour gérer le maximum de larves de pyrale et sésamie après la récolte…

calculatrice
Indice des fermages 2025 en hausse de 0,42% : calculer son nouveau montant de fermage

L’indice des fermages 2025-2026 est annoncé à 123,06 soit une augmentation de 0,42 %, par rapport à 2024-2025. Comment l’…

<em class="placeholder">Hélène et Martin Gosse de Gorre, agriculteurs à Ostreville (62),&quot;Deux ans après semis de trèfle blanc, nous constatons l’absence de développement d’adventices ...</em>
Entretien des haies : « Dans le Pas-de-Calais, nous avons semé du trèfle blanc en bande enherbée pour empêcher les adventices de se développer »

Agriculteurs à Ostreville (Pas-de-Calais), Hélène et Martin Gosse de Gorre gèrent plusieurs kilomètre de haies sur leur…

<em class="placeholder">Xavier Randoux, agriculteur à Peuplingues, dans le Pas-de-Calais</em>
« J’active plusieurs leviers pour endiguer le problème des graminées sur mon exploitation dans le Pas-de-Calais »

Xavier Randoux, polyculteur éleveur à Peuplingues, dans le Pas-de-Calais, est confronté à la problématique des graminées sur…

Moissonneuse batteuse en action dans une parcelle de blé tendre. Allier. 2024
Revenus des céréaliers : « Il va manquer en moyenne 50 000 euros par exploitation pour financer la nouvelle campagne », selon l’AGPB

L’association générale des producteurs de blé (AGPB) fait état d’une récolte 2025 dans la moyenne pluriannuelle…

<em class="placeholder">Benoît Grimonprez, professeur de Droit.</em>
Produits phytosanitaires : « L’Anses a deux ans pour réexaminer toutes les autorisations de mise sur le marché déjà délivrées »

La Cour administrative d’appel de Paris ordonne à l’Anses de réexaminer toutes ses autorisations de mise sur le marché…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures