Aller au contenu principal

Amande
Sept producteurs drômois relancent la filière amande française

Réunis au sein de la Cuma des 4SA, les producteurs ont investi 750 000 € dans une casserie de taille industrielle afin que l’amande produite en France soit aussi cassée en France, et non plus en Espagne ou en Europe de l’Est. Des volumes en bio et la philosophie du projet ont attiré de nouveaux clients partenaires, comme Biocoop qui s’engage pour cinq ans.

Inauguration de la Casserie de la Drôme Provençale, pour une amande 100 % française.
© Julia Commandeur - FLD

Plus de deux ans de réflexion et de mise en place avec l'objectif d'être prêts pour la récolte 2021 : mission réussie. Sept producteurs d'amandes drômois ont pris en main le destin de la filière française amande pour la relancer, en installant à Savasse près de Montélimar (Drôme) une casserie de taille industrielle. Elle a été inaugurée lors d'une cérémonie festive le 21 septembre avec quelque 80 personnes, producteurs, clients transformateurs et politiques locaux.

Un besoin certain d’un outil de transformation

Réunis dans la Cuma des 4SA, Cyril Hugues, Sébastien Villeneuve, Hervé Lozier, la SCEA Ferrotin, Pierre-Christophe Honoré, Joris Monier et Thomas Honoré -ces trois derniers étant en bio- cultivent des amandiers sur une centaine d'hectares (30 à 40 ha en bio). Afin de revendiquer une amande 100% française, de la culture à la casserie et le triage, ils ont investi dans un outil industriel, la casserie de la Drôme Provençale. Une SA est en cours de création afin de commercialiser ces volumes d’amandes décortiquées.

« Il existe en France quelques casseries privées de producteurs privés, mais aucune de taille industrielle, explique Cyril Hugues. Toutes les amandes partent se faire casser en Espagne avant de revenir en France pour être commercialisées, ce qui est une ineptie environnementale et sociétale. De plus, face au développement de l'amande en Espagne, les délais des casseries espagnoles se sont allongés alors que nos clients chocolatiers ont besoin des amandes décortiquées autour du 15-20 octobre afin d’être prêts pour les fêtes de Noël. »

 

L’amande, une demande en hausse face à une offre insuffisante

Certains producteurs souhaitaient aussi se lancer dans la culture de l'amande. « Je suis producteur depuis une trentaine d'années mais nous n'avons pas assez d'amandes en France : 1 000 t produites contre un besoin de 35 000 t », précise Hervé Lozier. Selon les chiffres 2019, le verger français s’étend sur 1383 ha (dont 10 % en bio) pour un rendement moyen de 1 à 1,3 t/ ha, contre 2 à 2,5 t/ha pour l’origine Californienne, très intensive. L’amandier craint les maladies fongiques, la guêpe de l’amandier Eurytoma et le gel. On estime qu’une année sur 6 ou 7 est perdue à cause du gel mais ce ratio se réduit à cause de l’accélération du changement climatique.

Les sept producteurs ont dont investi dans un outil industriel, une casserie conçue par l'entreprise française FLDI (basée à La Force dans l'Aude). L'investissement est conséquent, 750 000 €, dont 254 000 € de financements du Feader, de la Région et du Département.

 

De nouveaux clients et des projets d’avenir pour un investissement de 750 000 €

Des débouchés assurés ont permis aux producteurs cet investissement conséquent. Transformateurs tels que biscuitiers, chocolatiers et bien sûr nougatiers, déjà clients, mais aussi de nouveaux débouchés à aller chercher ou qui viennent de s’engager, comme Biocoop, intéressé par l'aspect filière française et bio, et qui signe en volumes et prix pour 5 ans.

Biocoop s'engage dans la filière amande drômoise

Autre projet rendu possible par la relocalisation d'une filière française locale : le dossier Nougat IGP, « qui avance réellement », selon les termes de André Gilles, représentant du Département et Julien Cornillet, représentant de la Région (qui est aussi nougatier depuis 3 ans) qui précise : « La Région sera à vos côtés, sur toute évolution, comme la valorisation des écoproduits ou une éventuelle diversification sur d'autres produits comme la noix ou pourquoi pas, rêvons, la pistache. » Françoise Quenardel, maire de Savasse a elle salué « un projet ambitieux, local, porteur de valeur et d'emplois ».

La capacité de la casserie est de 2 t/jour d'amandons (30 % de rendement de l'amande sèche à l'amande décortiquée). A plein régime, on parle donc de 300 à 400 t alors que d'ici 5 ans, la Cuma devrait atteindre 100 t d'amandes par campagne. Cela laisse donc une marge pour de la prestation de service à d'autres producteurs « avec des prix cohérents ». Les producteurs pensent déjà à la suite. « Un magasin sur la casserie, rêve Cyril Hugues. Le conditionnement bien sûr. Et à très long terme, pourquoi pas la transformation comme la poudre d’amande. »


Visite de la Casserie de la Drôme Provençale

 

La Casserie de la Drôme Provençale a été conçue par l'entreprise française FLDI (basée à La Force dans l'Aude), pour un investissement de 750 000 € (dont 254 000 € de financements du Feader, de la Région et du Département). Deux salariés ont déjà été embauchés, un troisième est envisagé. La capacité est de 2 t/jour d’amandons (rendement de 30 % entre l’amande brute et l’amande décortiquée).

 

Parcours des amandes :

 

1/ Les amandes arrivent séchées de chez les producteurs en pallox

 

2/ Versées dans les trémis, elles passent ensuite dans un des quatre cassoirs, selon leur calibre. Au contraire de ce qui se fait notamment en Californie, le cassage se fait sans humidifier les amandes, assurant une meilleure qualité finie.

 

3/ Les amandes sont ensuite triées, d’abord sur la table de tri pour enlever les coquilles et incassées, puis par le trieur optique, qui fini d’enlever tout ce qu’on ne veut pas.

 

4/ Les amandes passent par la calibreuse et sont conditionnées en big bag de 25 kilos. Cinq calibres sont travaillés : - de 12 ; 12-14 ; 14-15 ; 15-16 ; + de 16. Les petits calibres sont recherchés par les nougatiers tandis que les plus gros calibres sont demandés par les chocolatiers.

 

 

 

Amandes : une organisation de producteurs « Amandiers de France » pour structurer la filière (La compagnie des amandes d’Arnaud Montebourg)

 

Carrefour veut structurer une filière amande bio française avec la coopérative La Melba

 

Fruits à coque : Amandera lève 1 M€ et se lance dans les noisettes

 

Juste Bio lance Cocorico, une gamme 100 % origine France

 

Occitanie : Sud Amandes en colère contre les plans de relance

 

La coopérative Coopfruit Luberon (cerises d'industrie) se diversifie dans les fruits à coque

 

Fruits secs : Seeberger fait le point sur le marché

 

 

 

Les plus lus

rayon fruits et légumes. Mise en avant du label Zéro résidu de pesticide avec un îlot central dédié
Labels et démarches qualité : les consommateurs y sont-ils vraiment sensibles ?

« Il faut que la proposition de valeur soit très compréhensible du consommateur pour qu’un label soit perçu comme légitime…

balanin - noisette
Proposition de loi Duplomb : quels étaient les usages des néonicotinoïdes en cultures de fruits et légumes ?

La proposition de loi Duplomb, qui prévoit notamment la réautorisation de certains néonicotinoïdes, suscite l'opposition. Les…

trois avocats sur branche d'avocatier
Avocat : malgré la sécheresse, le Maroc signe une campagne historique

L’Association marocaine de l’avocat fait état de chiffres record en production et en exportation. Un succès en phase avec les…

Lutte contre la francisation : encore 10 000 contrôles de la DGGCRF prévus cette année

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard et la ministre du Commerce Véronique Louwagie ont assisté à un contrôle des…

Parcelle d'ail rose de Lautrec ravagée par la pluie et la grêle dans le Tarn le 19 mai 2025
Pluies et grêle dans le Tarn : la production de l’ail rose de Lautrec ravagée

La pluie mais surtout la grêle a ravagé la moitié des cultures d’ail rose de Lautrec dans le Tarn. Certains producteurs, très…

Dans une salle au Palais des Congrès de Perpignan, près de 180 personnes disposées en deux hémicycles débattent.
Fruits d’été : pour les distributeurs, « oui au produit français ! mais pas à n’importe quel prix et avec la qualité »

A l’occasion du salon Medfel à Perpignan, les producteurs de melons et ceux de pêches nectarines et abricots avaient organisé…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes