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Se former pour dialoguer avec les riverains de ses vignes

Constatant la difficulté de communiquer sur leur métier avec les habitants de leur village, les vignerons de la Cuma des Galipes ont décidé de se former spécifiquement.

La rencontre avec les riverains organisée par Thomas Wafflart (au centre) et ses collègues vignerons de la Cuma des Galipes suite à leur formation a été constructive.
La rencontre avec les riverains organisée par Thomas Wafflart (au centre) et ses collègues vignerons de la Cuma des Galipes suite à leur formation a été constructive.
© T. Wafflart

Les cas de proximité des vignes et des habitations sont nombreux à Jouy-lès-Reims, dans la Marne, le village où Thomas Wafflart est vigneron. « Pour ceux qui ont des parcelles à côté des riverains, il y a vraiment une défiance », constate-t-il.

Avec ses collègues de la Cuma des Galipes, ils ont pourtant le sentiment de faire beaucoup d’efforts. En 2018, les relations avec l’école du village se sont même extrêmement tendues suite à un Cash Investigation consacré aux pesticides. « On s’est dit qu’il fallait absolument discuter pour qu’on puisse travailler et voir comment gêner le moins possible », se remémore-t-il.

Quand la communication est dans l’impasse

En 2019, la Cuma a monté une réunion avant la campagne phyto. Des flyers ont été mis chez les riverains. Mais personne ne s’est présenté. L’échec a été mal vécu. Face à cette impasse, l’animatrice du GIEE constitué au sein de la Cuma, leur a suggéré de se former au dialogue sociétal. La formation a été financée par Vivéa. Covid oblige, elle a été reportée trois fois.

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Finalement, elle a pu se tenir en octobre 2021 avec huit participants. « On a pris le temps de se pencher sur les conditions à rassembler pour qu’une réunion avec les riverains fonctionne », explique Muriel Astier, responsable des compétences et formatrice chez Trame qui a assuré cette formation. « Si vous concevez un événement pour parler de comment mieux vivre ensemble, il faut le construire avec les gens », leur a-t-elle expliqué.

Se mettre dans la peau des riverains

C’est à travers des jeux de rôle, que les vignerons ont pris conscience de l’intérêt de cette approche. « Nous sommes partis de situations professionnelles qu’ils ont rencontrées », détaille Muriel Astier. Ces situations ont été jouées puis commentées ensemble. Se mettre dans la peau de l’autre permet de mieux cerner ses craintes et donc de les anticiper.

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La formatrice travaille particulièrement la gestion des émotions : « je leur fais nommer ce qu’ils ressentent : peur, colère. Il ne s’agit pas de les nier mais si on se laisse emporter, on peut aller jusqu’au clash qui sera contre-productif. Cela permet une prise de conscience ».

Une deuxième rencontre réussie

Se sentant désormais mieux armés, les vignerons ont organisé une nouvelle rencontre le 29 avril. Cette fois-ci, ils ont contacté des acteurs clés en amont et préparé des argumentaires. « On est très contents », s’enthousiasme Thomas Wafflart quelques jours après la rencontre.

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Quatre des dix riverains les plus concernés sont venus, ainsi que le maire et un conseiller municipal. Selon le vigneron, ce moment de partage a permis « de créer un lien ». Il a le sentiment d’être moins perçu comme « celui qui embête » mais plus comme « quelqu’un qui a un métier ». « L’ignorance crée les peurs. Je suis persuadé qu’il ne faut pas rester caché », conclut le vigneron. Il a d’ailleurs été surpris de constater que les nuisances sonores étaient, chez les participants, plus souvent citées que les phytos.

Muriel Astier, responsable des compétences et formatrice chez Trame

« Avec le jargon technique, on perd vite les gens »

« J’anime des formations depuis une quinzaine d’années sur la façon de communiquer en tant qu’agriculteur sur son métier vis-à-vis des non-agriculteurs. J’insiste sur l’importance des mots que l’on utilise. Avec le jargon technique, on perd vite les gens ! On apprend à reformuler. Nous travaillons ensemble sur des argumentaires. Je les pousse à parler de ce qu’ils font eux pour faire évoluer leurs pratiques, plutôt que de généraliser, c’est plus audible. La formation a évolué : il y a quinze ans, les associations environnementales, la pression sociétale n’étaient pas les mêmes. Elle se déroule en deux jours. C’est un investissement en temps, il faut qu’il y ait un sentiment d’urgence pour que ce genre de formation soit vécu comme prioritaire. »

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