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Prune : des nématodes testés contre l’hoplocampe

Invenio teste depuis deux ans sur prune d’Ente, une solution de nématodes entomopathogène afin de réduire les dégâts de cet insecte foreur qui provoque jusqu’à 50 % de pertes de récolte sur certaines parcelles.

Les larves d'hoplocampe creusent des galeries dans les jeunes prunes. Celles-ci tombent au sol avant maturité. © Invenio
Les larves d'hoplocampe creusent des galeries dans les jeunes prunes. Celles-ci tombent au sol avant maturité.
© Invenio

L’hoplocampe du prunier est une problématique en recrudescence dans les vergers de pruniers. Plus de 50 % des surfaces de vergers de prunes d’Ente étaient concernées par ce ravageur selon une enquête menée par le Bureau interprofessionnel du pruneau en 2019. Il affecte en moyenne 20 % du potentiel de rendement fin mai-début juin dans les vergers en protection raisonnée. La problématique est d’autant plus préoccupante en agriculture biologique où en moyenne 30 % du potentiel de récolte est détruit selon la même enquête. A ce jour, aucun produit n’est homologué contre ce ravageur.

A lire aussi : Arboriculture : l’hoplocampe, un ravageur en recrudescence

« Le Quassia amara était une solution prometteuse, mais la matière active issue de cette plante n’a toujours pas d’homologation, détaille Eric Sclaunich d’Invenio. C’est pourquoi nous testons depuis deux ans une solution de nématodes entomopathogènes, non soumise à une AMM, déjà utilisée sur d’autres types de ravageurs foreurs. » Les premiers résultats de 2020 avec une solution surdosée (x2) ont montré une diminution de moitié du nombre d’attaques sur la modalité avec la solution de nématodes entomopathogènes.

En 2021, toujours en surdosage, l’attaque était légèrement plus faible sur la modalité non traitée, mais la différence n’était pas statistiquement différente. « Une des explications possibles est que les conditions d’application étaient différentes, souligne Alexia Carnac, technicienne d’expérimentation à Invenio. En 2021, la surface du rang était enherbée au moment de l’application, ce qui peut limiter la migration des nématodes vers le sol malgré une irrigation consécutive au traitement. »

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Les conditions d’application sont primordiales au succès de ce type de produit. Dans des essais précédents, l’efficacité la plus élevée a été observée lorsque l’application a eu lieu pendant la pluie sur des rangs désherbés. A défaut de pluie, une irrigation est à faire pendant au moins cinq minutes après traitement. Les firmes qui commercialisent cette solution préconisent aussi de traiter en fin d’après-midi ou par ciel couvert, les nématodes étant sensibles aux UV. La température doit avoir été supérieure à 8°C pendant 12h avant l’application. La température du sol doit être a minima de 12 à 14°C. L’application se fait avec les buses sous frondaison dirigées vers le sol.

D’autres pistes pour améliorer l’efficacité

Lors des deux années d’essais, l’application a eu lieu au stade D (56) à E (57). L’objectif est de cibler les adultes qui émergent de leur cocon, un des deux seuls stades sensibles du ravageur. Plus l’application est faite au plus près de l’émergence des adultes, plus elle est efficace. « En 2020, les premiers adultes ont été piégés sur des plaques blanches engluées quatre jours après le traitement, en 2021, trois semaines et demi après », souligne l’expérimentatrice. L’émergence des adultes dépend d’un cumul de températures.

Pour estimer plus précisément le moment de l’émergence, un modèle prévisionnel de sortie des adultes basé sur le cumul des températures moyennes journalières de l’air au-dessus de 4°C (degrés jours) à partir du 15 janvier pourrait améliorer l’efficacité de cette solution. L’émergence se fait autour de 165 degrés jour. Eric Sclaunich complète : « d’autres pistes d’amélioration sont envisageables : déterminer une dose optimale par hectare selon la couverture du sol sur le rang, tester deux applications encadrant la sortie des adultes, associer cette solution avec du piégeage massif… »

Deux espèces pour un ravageur

Deux espèces sont regroupées sous l’appellation hoplocampe du prunier. Il s’agit d’Hoplocampa minuta et Hopoclampa flava. Ce sont des hyménoptères (famille des guêpes) dont les larves se nourrissent des fruits en y creusant une galerie. Les adultes émergent de leur cocon dans le sol au moment de la floraison des premiers cultivars de pruniers. Les femelles attirées par la couleur blanche des fleurs, y pondent leurs œufs dans les calices. Les larves, blanches à vert jaunâtre, éclosent lorsque les fruits commencent à se développer.

Elles quittent alors le calice pour pénétrer dans la partie supérieure du fruit et se nourrir de l’amande. Lorsque l’amande est totalement consommée, les larves migrent vers d'autres jeunes fruits à proximité. Une seule larve peut donc endommager jusqu’à cinq fruits. Les fruits endommagés tombent. Les larves du dernier stade tombent au sol avec le dernier fruit visité. Elles hivernent sous forme de pré-pupes dans un cocon dans le sol à une profondeur de 5 à 20 cm. La diapause dans le sol peut durer deux ans, la protection doit donc être envisagée les deux années successives à une attaque d’hoplocampe.

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