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Produits phytosanitaires : les EPI efficaces pour réduire les risques liés à leur exposition selon une étude

Phyteis, l’organisation professionnelle qui fédère, en France, les 18 entreprises qui fournissent des produits phytosanitaires à usage agricole, rapporte qu’une publication scientifique à laquelle elle a participé, confirme l’efficacité des équipements de protection individuelle (EPI) pour réduire l’exposition aux risques liés à l’utilisation des phytos.

étude efficacité EPI
© J.C. Gutner

Cette publication récemment parue dans le Journal of Consumer Protection and Food Safety recense et met à disposition, pour la première fois, les résultats de 48 études réglementaires évaluant l’efficacité des EPI face aux risques liés à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques.  Les 48 études intégrées au corpus de la publication ont suivi plus de 500 agriculteurs dans 10 pays européens opérant dans un maximum de cas de figures afin d’évaluer l’efficacité des gants en nitrile et des combinaisons de travail. 

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Des études en conditions réelles

Elles se sont déroulées en conditions réelles, avec le matériel et les habitudes de travail des agriculteurs suivis, sans exclure les pratiques éventuellement inappropriées. Les scénarios couvrent le mélange/chargement, l’application sur les cultures hautes, basses et sous serres, lors d’applications effectuées par le biais de pulvérisateurs, à rampe, pneumatique ou à dos, automoteurs ou tractés, jusqu’au nettoyage du matériel en fin de chantier. « A travers cette publication, nous souhaitions rentre disponible les résultats des études d’exposition qui contribuent à la mise en place d’une évaluation objective de l’efficacité des équipements de protection agricoles », indique Julien Durand-Réville, responsable prévention santé chez Phyteis et l’un des six experts co-auteurs de la publication.

Lire aussi : [Vidéo] Des EPI spécialement conçus pour les territoires d'Outre-Mer

 

Les gants réduisent l’exposition des mains de 95 % lors du chargement, de 91,1 % pendant l’application

Pour les  mains, la publication révèle qu’en moyenne, la réduction de l'exposition par les gants est de 95 % lors du chargement et 91,1 % pendant l’application. Pendant l’application, avec un automoteur, la réduction se situe dans une fourchette de 97 à 100 %. Ce niveau élevé de réduction de l’exposition se confirme dans la quasi-totalité des scénarios étudiés, puisque près de 90 % des valeurs recueillies dépassent 90 % de réduction de l’exposition. Un niveau de réduction de l’exposition similaire s’observe lors de l’application avec des pulvérisateurs à rampes ou pneumatiques, dépassant 90 % dans 55 % des situations. Lors de l'application sur cultures basses ou hautes avec un pulvérisateur à dos, elle est de 90 % pour 95 à 100 % des opérateurs.

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Les vêtements de travail pour le corps réduisent l’exposition de 96,4 % lors du chargement, de 94,9 % pendant l’application

Pour le corps, la publication révèle qu’en moyenne, la réduction de l'exposition par les combinaisons de travail est de 96,4 % lors du chargement et de 94,9 % pendant l’application. Les analyses sur les échantillons de combinaisons témoignent de leur rôle clé dans la protection des opérateurs. Ce point se vérifie en particulier lors du chargement du pulvérisateur, puisque 96,7 % des opérateurs utilisant un automoteur réduisent de plus de 90 % l’exposition de leur corps. Des résultats équivalents sont observés avec des pulvérisateurs à rampe ou pneumatiques, avec une réduction de l’exposition supérieure à 90 % dans plus de 85 % des situations. 

« Un vêtement en tissu seul n’est pas jugé suffisant lors d’applications confinées ou lors de traitements sans cabine, ou pendant le mélange/chargement »

Pour les pulvérisateurs à dos, la réduction de l’exposition dépasse 90 % dans 65 % des situations plein champ et, sous serre, 75 % des situations, illustrant pour Julien Durand-Réville l’importance d’avoir recours pour certains scénarios à des protections complémentaires, comme l’exige la réglementation française : « Un vêtement en tissu seul n’est pas jugé suffisant lors d’applications confinées ou lors de traitements sans cabine, ou pendant le mélange/chargement, qui est un moment qui expose aux produits concentrés. Dans ces situations, le cadre réglementaire national prévoit le port d’un EPI chimique plus protecteur ou d’un tablier à porter par-dessus l’EPI vestimentaire ».

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La France plus exigeante que l’Europe

Alors que l’Europe demande le port de simples vêtements de travail couvrants pour protéger le corps, la France, requiert le port d’EPI vestimentaires normés. Ainsi, les hauts niveaux de protection relevés par la publication, allant de 90 % à plus de 95 % dans la majorité des scénarios, illustrent non seulement la rigueur de l’encadrement européen mais également les marges de protection supplémentaires que requiert le cadre français. « Nous avons en France le cadre EPI le plus précis, qui prévoit des jeux d’EPI adaptés en fonction de chaque situation de travail et de matériel employé. L’exemple français fait référence et intéresse de plus en plus de pays, comme l’Allemagne ou la Suisse », précise Julien Durand-Réville.

 

Renforcer les efforts de prévention

Phyteis rappelle que la réduction du risque ne doit pas se résumer au port des EPI mais par un renforcement des efforts de prévention, de formation et de partage des bonnes pratiques. En France, la formation obligatoire Certiphyto recense l’ensemble des pratiques et des conditions d’emploi des produits de protection des plantes. « Ces bonnes pratiques commencent par la prévention primaire : ne pas utiliser les produits ou privilégier, lorsque cela est possible, l’utilisation des produits les moins dangereux lorsque les traitements sont nécessaires », souligne Julien Durand-Réville. 

Lire aussi : [Video] Agricall : une websérie sur les risques liés à l’utilisation des phytos

 

La prévention repose sur quatre piliers

 « Au-delà de ce principe fondamental, la prévention repose sur quatre piliers. D’abord, l’organisation du travail, avec des locaux aux normes, point d’eau à proximité, délimitation des zones de travail séparées des zones de vie… Puis, le respect des règles d’hygiène avec lavage des mains systématique et douche en fin de chantier. Ensuite, l’utilisation d’équipements de protection collectifs, comme les cabines de pulvérisateur filtrées ou les systèmes de transfert fermés. Enfin, le strict suivi des informations figurant sur les étiquettes indiquant notamment les EPI obligatoires » selon Julien Durand-Réville.

 

Une plateforme pour promouvoir le port des EPI

La plateforme en ligne, Epiphyto.fr, lancée par le Contrat de solutions avec le soutien du plan Ecophyto et de l’ensemble des partenaires, a été mise en place pour promouvoir le port d’EPI par les exploitants agricoles et leurs salariés. « Des progrès énormes ont été réalisés par les fabricants d’EPI pour proposer une nouvelle génération d’équipements : confortables, réutilisables, esthétiques et efficaces. D’expérience, lorsqu’ils sont testés par des agriculteurs, ces nouveaux EPI sont rapidement adoptés, car la balance confort/efficacité a été mieux ajustée et adaptée aux tâches agricoles » conclut Julien Durand-Réville

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