Prix du lait : la grande distribution contourne Egalim pour faire baisser les prix
Les négociations commerciales entre les industriels laitiers et la grande distribution démarrent dans un climat très tendu. La concentration de la distribution, les centrales d'achat européennes et les prix en baisse sur les marchés des commodités laitières vont peser sur les prix.
Les négociations commerciales entre les industriels laitiers et la grande distribution démarrent dans un climat très tendu. La concentration de la distribution, les centrales d'achat européennes et les prix en baisse sur les marchés des commodités laitières vont peser sur les prix.

« Les distributeurs, via leurs centrales d'achat européennes, contournent les lois Egalim qui sanctuarise le prix de la matière première agricole (MPA) », accuse la Fnil, la fédération nationale des industries laitières, alors que les négociations commerciales annuelles, qui portent sur les produits de grande consommation (PGC) sous marque des industriels, démarrent en France, entre les industriels et la grande distribution. Elles se termineront fin février comme chaque année.
Des centrales en Belgique, en Espagne
Ces dernières années, un mouvement de cessions et de rachats a abouti à une concentration de la grande distribution encore plus marquée qu'avant l'inflation, autour d'Intermarché, Carrefour, Auchan, Leclerc et Coopérative U. Et des centrales d'achat ont été basées en Belgique, Espagne, Allemagne ... pour les achats de ces mastodontes. « Or c'est la loi du pays où se situent ces centrales qui s'applique. Les lois Egalim, qui sanctuarisent le prix de la MPA qu'est le lait, ne sont pas appliquées en dehors de la France », expose François-Xavier Huard, PDG de la Fnil.
« Aujourd’hui, 4 milliards de litres de lait transformés en produits laitiers par les entreprises adhérentes à la Fnil échappent à Egalim. » Ces produits sont pourtant destinés aux magasins français. « Nous demandons, pour la sauvegarde de la filière laitière française, que les négociations des produits agroalimentaires majoritairement composés de matières premières agricoles collectées, transformées, distribuées et consommés en France aient lieu exclusivement en France. »
La filière défend une hausse des tarifs
Baisser les tarifs de vente des produits laitiers est inenvisageable pour les transformateurs laitiers, notamment les coopératives. « La guerre des prix des distributeurs tue l’amont laitier, martèle Pascal Le Brun, président de la Coopération laitière. Sans prix du lait correct aux éleveurs, dans trois quatre ans la réalité sera douloureuse. »
Il estime que « les consommateurs restent fidèles aux produits laitiers. Il n'y a pas eu de baisse de la consommation et il serait possible de passer encore des hausses de tarif pour faire face aux charges des industriels et des éleveurs. Même si la Milc (indice de marge laitière à la production) progresse et que l’Ipampa (indice de 60% des charges en élevage) baisse, il ne faut pas oublier que 40% de l’Ipampa sont des charges qui ont beaucoup augmenté. »
Même son de cloche du côté des éleveurs. « il n’est pas question d’entendre parler de baisse de tarif de la part de la grande distribution. Les éleveurs ne doivent pas subir la baisse des cotations beurre poudre et des fromages, qui sera sans doute temporaire. Il faudrait au contraire tenir compte de la hausse de 4% des coûts de production en élevage (indicateur coût de production publié par le Cniel) », défend Yohann Barbe, président de la FNPL.