Gestion de l’ambiance
Ventilation centralisée ou salle par salle : les éléments pour bien choisir sa ventilation
La ventilation centralisée engendre des surcoûts par rapport à une ventilation salle par salle. Mais elle permet de laver l’air, de récupérer des calories, et elle limite les consommations d’électricité.
La ventilation centralisée engendre des surcoûts par rapport à une ventilation salle par salle. Mais elle permet de laver l’air, de récupérer des calories, et elle limite les consommations d’électricité.
La ventilation salle par salle a été pendant longtemps le système d’extraction d’air de référence en porcherie. Mais depuis quelques années, l’émergence de nouvelles attentes, notamment environnementales et sociétales, a favorisé le développement de la ventilation centralisée. Par rapport à une ventilation salle par salle, quelques modifications doivent être opérées sur l’infrastructure du bâtiment pour faciliter la collecte de l’air vicié dans une gaine centrale commune à tout le bâtiment. Ce type de ventilation génère un surcoût allant de 3 à 10 % sur un bâtiment neuf. L’Ifip a comparé les coûts pour la construction d’un bâtiment de 900 places d’engraissement, s’il était construit avec une ventilation salle par salle versus centralisée. Ce bâtiment est composé de six salles réparties de part et d’autre d’un couloir central. Chaque salle dispose de 10 cases de 5 mètres sur 2,25 mètres, soit 15 animaux par case.
1er poste de charge : modification de la structure du bâtiment
Dans un bâtiment en ventilation salle par salle, le couloir central est généralement d’une largeur d’un mètre. Le terrassement est réalisé en une seule fois. Il est de profondeur égale à tout le bâtiment, soit la profondeur des préposes situées de chaque côté du couloir (environ 0,8 m sous le niveau du sol). La ventilation centralisée rend plus complexe les travaux de terrassement. La gaine qui collecte l’ensemble de l’air vicié est généralement située sous le couloir central. Le volume d’air collecté plus important implique un couloir de plus grande largeur. Les fouilles doivent être également plus profondes à cet endroit pour avoir une section suffisante. Pour 900 places d’engraissement, la section d’extraction d’air est dimensionnée pour accueillir 67 500 mètres cubes par heure (m3/h) d’air vicié (900 places x 75 m3/h/porc). En considérant que l’air circule à une vitesse de 4 mètres par seconde dans la gaine, il faudra élargir le couloir central du bâtiment d’un mètre et creuser plus profondément le sol de 1,7 mètre afin d’obtenir une section d’extraction d’aire de 2 mètres sur 2,5 mètres. Le montant du surcoût lié à cette configuration s’élève à 16 500 euros, soit 18,3 euros la place. Il inclut le surcoût lié au terrassement au niveau de la gaine, à la maçonnerie avec l’ajout de banches, et la couverture de la surface supplémentaire au-dessus du couloir central du bâtiment.
2e poste de charge : système de ventilation
En ventilation traditionnelle, sur une salle de 150 places, il faut prévoir deux ventilateurs de 500 mm de diamètre ainsi que des cheminées d’extraction pour envoyer l’air vicié au-dessus du faîtage. En ventilation centralisée, deux volets motorisés de 2 mètres de long sont nécessaires pour chaque salle, ainsi qu’une aire bétonnée en bout de bâtiment permettant de placer les quatre turbines de 900 mm de diamètre qui assurent l’extraction de l’air vicié en un seul point. Au total pour ce poste de charge, la ventilation centralisée coûte 13 300 euros de plus que la ventilation salle par salle (14,8 €/place). Néanmoins, un système de ventilation centralisée est nettement moins consommateur en électricité qu’un bâtiment en ventilation salle par salle (hors ventilation EC). L’économie d’énergie est d’environ 70 %. En considérant qu’une place d’engraissement consomme 36 kW par an et que le prix du kW est de 8 centimes d’euros, le bâtiment en ventilation centralisée permet de réaliser 1 800 euros d’économie sur la facture électrique annuelle, soit un peu plus de 2 euros par place et par an, compensant ainsi une partie du surcoût.
3e poste de charge (optionnel) : le lavage d’air
Le principal avantage de la ventilation centralisée est d’ordre environnemental et sociétal. Ce dispositif permet de collecter l’ensemble de l’air vicié d’un bâtiment en un seul endroit. Il devient alors possible de laver l’air du bâtiment. Le lavage d’air associé à la ventilation centralisée reste l’un des systèmes les plus performants pour abattre efficacement les émissions d’ammoniac, des poussières et des odeurs. Il doit cependant être correctement dimensionné. Pour un bâtiment de 900 places d’engraissement, il faut compter un surcoût de 30 000 euros afin d’installer le dispositif de lavage dans le caisson bétonné en bout de bâtiment. La ventilation centralisée est aussi plus adaptée à la récupération de calories issues du bâtiment. Mettre en place un échangeur ou un récupérateur de chaleur est nettement moins compliqué et onéreux que dans un bâtiment équipé d’une ventilation salle par salle. De plus, les débits extraits dans chaque salle sont plus précis. Cependant, sur un bâtiment neuf, le réglage du dispositif est plus délicat. Sur un bâtiment existant, le diagnostic de ventilation est plus technique.
Les + et les - de la ventilation centralisée
« Un outil idéal pour une ventilation de qualité »
Installés à Coat Méal dans le Finistère, Mathieu et Bertrand Goachet ont investi en 2015 dans un post-sevrage de 2 200 places équipé d’une ventilation centralisée, d’un laveur d’air, d’une pompe à chaleur eau-eau et d’un échangeur de chaleur (voir Réussir Porc décembre 2015 page 38). Après quatre ans de fonctionnement, le bilan est plus que positif. « Les flux d’air sont plus réguliers qu’avec des ventilateurs salle par salle. On ne subit plus les coups de vents. Il ne peut pas y avoir de tirage », souligne Mathieu Goachet. Mais ce qu’il apprécie avant tout dans son installation, c’est l’échangeur de chaleur installé en sortie de la gaine d’extraction. En transférant les calories de l’air sortant à l’air entrant, il permet de mieux ventiler les salles et de limiter le taux d’hygrométrie tout en faisant des économies de chauffage. « L’échangeur apporte les premières calories. La pompe à chaleur qui utilise les calories de l’eau de lavage assure le complément de chauffage durant les premiers jours de présence des porcelets dans la salle. » Mathieu Goachet a calculé une dépense de chauffage de 4,2 kW par porcelet sorti de post-sevrage, soit trois fois moins que la référence Hi-fi. « Mais les économies se font surtout sur l’amélioration des performances techniques et la baisse des dépenses de santé. Nous avons ainsi pu arrêter de supplémenter en colistine, car les troubles digestifs sont désormais maîtrisés. » Les deux éleveurs ne regrettent pas non plus l’investissement dans le laveur d’air. « C’est une forme de respect vis-à-vis des voisins, on veut leur démontrer que nous voulons limiter au maximum les nuisances olfactives. »
Peu de temps passé à l’entretien
Avec trois UTH pour 450 truies naisseur engraisseur et 100 hectares de SAU, les éleveurs apprécient le degré d’automatisation élevé de la ventilation centralisée et de tous les équipements associés, ainsi que le peu de temps passé à leur entretien. « Nous renouvelons l’eau de lavage deux fois par an pour évacuer les boues qui s’y accumulent. La gaine d’extraction centralisée, qui reçoit l’eau de condensation de l’échangeur de chaleur, est régulièrement vidée à l’aide d’une pompe vide-cave. Nous devons aussi brosser une fois par mois les grilles qui protègent les turbines d’extraction pour enlever la poussière. » En revanche, les mailles du laveur d’air ne sont pas nettoyées. « Nous n’avons pas constaté de pertes de charges, ce qui signifie qu’il ne se colmate pas. » Les éleveurs ne regrettent donc pas leur choix. « C’est de l’investissement sur du long terme, avec des équipements durables et générateurs d’économies, tel que le laveur d’air », conclut Mathieu Goachet.