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Un élevage de porc plus attractif est plus facile à transmettre

La transmission de son exploitation doit être anticipée bien en amont, en s’interrogeant sur ses forces et faiblesses et en améliorant son attractivité.

La propreté des abords de l'exploitation joue beaucoup lors de la visite d'un potentiel repreneur. "Comme dans l'immobilier, les 30 premières secondes sont déterminantes pour avoir un coup de coeur", souligne Jean-Yves Lelièvre, conseiller porc de la Chambre d'agriculture de Bretagne.
La propreté des abords de l'exploitation joue beaucoup lors de la visite d'un potentiel repreneur. "Comme dans l'immobilier, les 30 premières secondes sont déterminantes pour avoir un coup de coeur", souligne Jean-Yves Lelièvre, conseiller porc de la Chambre d'agriculture de Bretagne.
© A. Puybasset (Archives)

En porc, en Bretagne, on compte en moyenne une installation pour quatre départs à la retraite. Les candidats à l’installation ont donc toute la possibilité de choisir l’outil qu’ils souhaitent acquérir.

Pour les cédants, l’enjeu est de se donner toutes les chances de transmettre son exploitation en améliorant son attractivité. « Cela nécessite d’anticiper sa transmission bien en amont, c’est-à-dire 5 à 10 années avant le départ à la retraite », a rappelé Valérie Lavorel, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, animant un webinaire sur la transmission en filière porcine et réunissant des conseillers en transmission de groupements.

Maintenir les performances techniques

De nombreux facteurs jouent sur l’attractivité d’une exploitation porcine : la maîtrise du foncier (plan d’épandage, surface de terres en propriété autour des bâtiments en cas de projet de construction), la gestion de la main-d’œuvre ou encore l’organisation des bâtiments. 

L’élevage sera plus facile à reprendre s’il a une chaîne de bâtiments cohérente, si les porcheries sont bien entretenues et fonctionnelles et, bien sûr, conformes en termes de biosécurité, de bien-être ou d’environnement. « Maintenir de bonnes performances techniques et disposer d’outils de contrôle des performances (GTE-GTTT) est essentiel », souligne Myriam Le Bihan, d’Evel’up. « Les études économiques présentées aux banques se basent sur les résultats technico-économiques des 5 à 8 dernières années d’activité. Leur maintien améliorera l’attractivité et la valorisation de l’exploitation. » Le prix de vente est souvent un mixte entre la valeur économique et la valeur patrimoniale de l’élevage.

Prudence sur les investissements

Les investissements des dernières années doivent être raisonnés dans l’optique de la transmission. « Vais-je les récupérer dans la valeur de ma vente ? Y a-t-il une demande pour ce type d’élevage ? » Il est conseillé d’investir pour garder un outil performant et donc attractif, en veillant à ne pas anticiper les projets d’un acquéreur potentiel. Les travaux améliorant le confort de travail restent importants, selon Sylvie Chapin, du Gouessant. « Ils vont aider le futur cédant à rester en bonne santé et à se donner du temps pour transmettre, sans précipitation. Ce sera aussi un atout pour le repreneur. » À la question, faut-il investir dans une maternité liberté, il n’y a pas de réponse catégorique. « Le cédant peut se lancer dans cet investissement s’il peut le rembourser avant sa fin de carrière ou s’il est sûr d’avoir un repreneur qui gardera le naissage. Il faut toutefois rester prudent sur les investissements du bloc naissage. Le risque est qu’ils ne soient pas valorisés, en cas d’un projet de reprise visant d’abord le foncier et gardant seulement les porcheries d’engraissement. »

Plus d’installations sans naissage

« Davantage de porteurs de projets souhaitent se reporter sur un naissage collectif avec l’achat de parts sociales », confirme Patrice Lavolé, d’Eureden. « Le profil d’installation a évolué en 10 ans avec une hausse des installations sans naissage, une baisse des installations familiales et une augmentation des installations hors cadre familial. » En plus de la maîtrise technique, les jeunes installés doivent aussi être formés au management des salariés et à la maîtrise des cultures, en cas de foncier.

L’enjeu grandissant du foncier

« Il y a une quinzaine d’années, transmettre un outil sans foncier était tout à fait possible et envisageable. Aujourd’hui, c’est devenu très compliqué, poursuit-il. Les repreneurs souhaitent se sécuriser, en termes de réglementation environnementale et d’accès à l’aliment pour leurs animaux. »

Un autre point à souligner dans le renouvellement des générations est la place grandissante des femmes en production porcine, jusque-là relativement peu nombreuses en tant que cheffe d’exploitation. « Elles représentent 49 % des personnes inscrites au registre des départs et des installations, relève Éric Faivre, de Cooperl. « Eu égard à leurs compétences dans la filière porcine, la gent féminine représente un vivier potentiel important de futurs repreneurs et salariés. »

Armelle Puybasset

Une installation en porc pour quatre départs

Même si la Bretagne est l’une des régions les plus dynamiques en termes d’installation, elle compte en moyenne une installation pour trois départs en retraite, tous secteurs agricoles confondus. « Le problème de renouvellement des exploitants est encore plus flagrant en porc, avec un ratio de 1 pour 4, détaille Marie-Isabelle Le Bars, chargée de mission installation-transmission à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Il y a en moyenne chaque année 200 départs d’éleveurs pour 50 installations aidées spécialisées en porc, celles-ci représentant 95 % des installations porcines totales des moins de 40 ans. »

Ce nombre est en augmentation depuis deux ans, mais reste largement insuffisant pour compenser les départs en retraite, qui vont s’accentuer dans les années à venir. En effet, près de 53 % des exploitants en porc bretons ont 52 ans et plus, contre 48 % tous secteurs agricoles confondus.

Un tiers d’installation hors cadre familial

Les éleveurs de porcs installés en 2021 en Bretagne étaient à 84 % des hommes avec un âge moyen de 29 ans. Un tiers s’est installé hors cadre familial et 16 % étaient non issus du milieu agricole. Ils s’installent surtout en filière longue (8 % en bio, 4 % en vente directe). La surface agricole est importante (101 hectares en moyenne).

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