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Tester la capacité des bâtiments porcins à passer les coups de chaleur

Le diagnostic numérique « coup de chaleur » de Tell-Elevage évalue l’efficacité des équipements de ventilation et de refroidissement. Il mesure les vitesses d’air et détecte les points à améliorer.

Fondée par Jean-Luc Martin, la start-up Tell-Elevage est spécialisée dans le diagnostic technique des bâtiments porcins et avicoles. Suite au coup de chaleur de l’été, elle a défini un diagnostic spécifiquement orienté sur la capacité des bâtiments d’élevage à maintenir de bonnes conditions d’ambiance lors de températures extérieures élevées. En créant des vitesses d’air jusqu’à 1 mètre par seconde (m/s) dans les salles, on peut réduire la température ressentie par les animaux jusqu’à 6-7°C. Encore faut-il que ces vitesses d’air parviennent réellement jusqu’aux animaux. « Même avec des débits d’air suffisants, il arrive que les vitesses d’air soient faibles voire nulles dans certaines zones des salles, comme a pu le constater Jean-Luc Martin, lors de diagnostics réalisés dans des élevages ayant subi des pertes ou une baisse des performances techniques suite aux épisodes caniculaires de l’été dernier. Les cas le plus souvent rencontrés sont liés à un débit d’entrée d’air réel lui-même inférieur à celui imaginé et installé à la construction du bâtiment, ajoute-t-il. Une multitude de facteurs peuvent jouer : nombre et emplacement des ventilateurs, type d’entrée d’air, présence d’un plafond diffuseur, hauteur de plafond, emplacement des cheminées au-dessus ou en dessous des caillebotis, état d’encrassement, etc. Il n’a pas deux bâtiments d’élevage identiques. » C’est tous ces points qu’aborde en détail le diagnostiqueur, à partir de 360 questions à choix multiple, renseignées directement sur une tablette numérique. Elles portent à la fois sur des éléments factuels de description des équipements de ventilation (de la conception générale du bâtiment jusqu’au type d’entrée et de sortie d’air de chaque salle) ainsi que sur des mesures, à l’aide d’outils de métrologie spécifiques.

Repérer les zones mal ventilées

Les mesures s’articulent autour de quatre thématiques de contrôle : la précision des capteurs (température, dépression, hygrométrie), la capacité du bâtiment à prévenir en cas de problème (alarmes), l’efficacité de l’éventuel système de refroidissement (cooling ou brumisation) et surtout la mesure des vitesses d’air lorsque la ventilation est à 100 % de sa capacité. « Pour cette dernière, on a ciblé en priorité les gestantes, l’engraissement et la quarantaine. » L’objectif est de repérer les zones qui sont mal ou non ventilées. Pour calculer de manière fiable et répétable la vitesse d’air moyenne d’une salle et son homogénéité, Tell-Elevage a mis au point une méthodologie de mesure standardisée, inspirée de l’industrie (la même que pour les mesures de luminosité). En rentrant dans la salle à contrôler, le diagnostiqueur, quel qu’il soit, sait donc exactement où positionner les points de mesure et le nombre à réaliser. Cela permet d’avoir un quadrillage standard et comparable, quelle que soit la dimension de la salle (par exemple, six points de mesure dans six cases minimum lorsqu’il s’agit d’une salle double avec cases, 9 à 25 points dans les salles de grand volume, etc..).. La vitesse d’air est mesurée à l’aide d’un anémomètre à fil chaud, très précis à des vitesses faibles. « L’important est de le positionner à hauteur des animaux, et pas à hauteur d’homme comme cela se pratique parfois. Dans les salles de verraterie en cases bloquées, on fait la mesure au-dessus de l’épaule de la truie. » Les valeurs mesurées sont enregistrées automatiquement sur la tablette. Traitées par un logiciel, elles sont synthétisées sous forme d’une cartographie en couleur qui permet de visualiser facilement les zones dans lesquelles les vitesses d’air sont insuffisantes voire nulle, l’objectif étant d’atteindre 1 m/s (voir infographie).

Un refroidissement efficace

Dans le cas d’un système de refroidissement par brumisation, les contrôles portent sur l’orientation du brouillard de gouttelettes, l’état du matériel, le cycle de fonctionnement ainsi que le nombre, la répartition et le débit des buses. « Ce dernier point est essentiel. Pour vérifier que le débit est suffisant, on se base sur notre référentiel de grammage d’eau à évaporer en fonction de la température extérieure (voir tableau). En présence d’un cooling, on vérifie son dimensionnement et on mesure la vitesse d’air. Elle ne doit pas dépasser 1 à 1,2 m/s afin que l’air ait le temps de se refroidir. Or, on constate souvent des vitesses de 2 à 3 m/s. »

Des données numériques faciles à exploiter

Il faut compter environ trois heures et demie pour diagnostiquer un bâtiment (entrées et sorties d’air générales) et une salle. « En fonction du type de ventilation, il est possible de faire trois ou quatre salles (+ le bâtiment) en une journée. » À l’issue du diagnostic, l’éleveur accède immédiatement via la plateforme Tell-Elevage à un rapport de visite. Présenté sous forme d’un plan d’action personnalisé, il liste les points à améliorer ainsi que les modifications qui peuvent être mise en œuvre à court ou moyen termes. L’éleveur peut le partager avec ses partenaires techniques (installateur, équipementier, groupement de production), pour une meilleure coordination des actions d’amélioration en fonction des priorités.

Cet outil numérique associé à un traitement statistique permet également la mise en place d’actions collectives à l’échelle d’un groupement de producteurs et de cibler les axes de progrès.

Les défauts le plus souvent rencontrés en élevage

Lors des diagnostics Tell-Elevage, voici les points d’amélioration qui sont régulièrement décelés, en ce qui concerne les équipements de ventilation et de refroidissement :

Un débit réel inférieur à celui imaginé ou installé au départ. Il peut s’expliquer par le cumul de pertes de charge à plusieurs niveaux (entrées d’air générales, gaines, entrées d’air dans la salle, passages et gaines d’extraction, lavage d’air…), accentué par leur état d’encrassement.
Un débit théorique insuffisant car il ne correspond pas au type de ventilation (plafond diffuseur, poteaux Exatop, trappes au plafond ou murales, entrée d’air fixe ou autorégulable…)
Une épaisseur de veine d’entrée d’air trop faible. « Il est alors impossible d’obtenir des vitesses d’air suffisantes lors des coups de chaleur », souligne Jean-Luc Martin.
Une mauvaise répartition des entrées ou des sorties d’air. Cela crée des zones mal ou non ventilées.
Le type de ventilation : « Avec les plafonds diffuseurs, il est très difficile d’avoir les vitesses d’air recherchées pour un coup de chaleur. »
Une prise de données défaillante liés à des capteurs mal étalonnés ou mal positionnés (température, dépression, hygrométrie)
Un système de refroidissement mal dimensionné ou mal utilisé qui devient peu efficace pour baisser la température. « S’il tape contre le plafond ou le mûr, le brouillard de gouttelettes de la brumisation ne va pas d’évaporer pour refroidir l’air et va seulement mouiller le sol. »

Le saviez-vous

La température ressentie par le porc diminue de 1°C à chaque gain de 0,1 m/s de vitesse d’air. Cette corrélation s’applique pour des vitesses d’air comprises entre 0,3 et 1 m/s.

 

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