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Soundtalks détecte précocement les problèmes respiratoires des porcs en engraissement

Le laboratoire Boehringer Ingelheim commercialise un capteur connecté qui analyse les sons émis par les porcs grâce à l’intelligence artificielle. Il permet de détecter précocement un problème respiratoire afin d’intervenir rapidement.

Mise au point à l’Université de Louvain, en Belgique, la technologie Soundtalks commercialisée par Boehringer Ingelheim repose sur des capteurs ou moniteurs équipés de micros, qui enregistrent en continu les sons émis par les porcs, et d’une sonde de température et hygrométrie.

Les données sont transmises par Wifi à une « passerelle » reliée à internet. Un algorithme analyse les sons et en déduit un index de santé respiratoire (ISRe). Selon l’ISRe, qui varie de 0 à 100, le capteur change de couleur, passant du vert au jaune (index 60), puis au rouge (index 40). Les données sont également transmises sur l’ordinateur ou le smartphone de l’éleveur et de toute personne qu’il aura référencée (vétérinaire, technicien…), avec différentes notifications et alertes possibles. « Les épisodes de toux sont parfois difficiles à détecter précocement, souligne Nathalie Robert, responsable grands comptes productions organisées chez Boehringer Ingelheim. D’une part parce que l’éleveur n’a que deux secondes par porc chaque jour pour contrôler la santé des animaux, l’alimentation, l’ambiance. D’autre part, parce qu’il n’est pas présent la nuit. Cela peut retarder la mise en place d’un traitement approprié. Avec Soundtalks, qui écoute les porcs 24 heures sur 24, la détection des toux a lieu deux à cinq jours avant que l’éleveur ne les détecte. »

Bonne corrélation avec les toux

Un essai mené par l’Ifip, sur sa station de Romillé, a confirmé l’intérêt de l’ISRe calculé par Soundtalks pour prédire l’apparition d’épisodes respiratoires liés à un pathogène spécifique, ainsi qu’une potentielle baisse des performances et des scores de lésions pulmonaires. « Les résultats montrent que la baisse de l’ISRe correspond à des épisodes cliniques de toux et à la présence d’un ou plusieurs pathogènes du complexe respiratoire porcin », a rapporté Gwendoline Hervé, chercheuse à l’Ifip, aux journées de la recherche porcine de 2023. Quatre bandes de 992 animaux au total ont été suivies dans quatre salles d’engraissement entre juillet 2021 et juin 2022. Un dispositif Soundtalks a été disposé dans chaque salle, au-dessus du couloir. Quand le moniteur passait en alarme jaune ou rouge, un comptage de toux était réalisé. S’il passait au rouge, des fluides oraux étaient collectés par cordelette dans trois cases et une recherche PCR était réalisée pour les virus de l’Influenza porcin (SIV), du SDRP, du PCV2 et pour Mycoplasma hyopneumoniae et Actinobacillus pleuropneumoniae. Les comptages de toux ont aussi permis de confirmer la fiabilité des moniteurs dans l’émergence d’un épisode respiratoire, mais aussi dans son intensité. Autre intérêt : Soundtalks visualise la propagation de la toux entre les salles, ce qui peut permettre d’anticiper des mesures de biosécurité. Enfin, les courbes d’ISRe sont spécifiques selon le pathogène, ce qui pourrait idéalement faciliter le ciblage de la prise en charge. L’essai n’a par contre pas montré de corrélation entre l’ISRe et le GMQ, le virus de la grippe, principal responsable des toux dans l’essai, n’ayant pas suffisamment impacté les porcs. Il n’y a pas eu non plus de saisie de coffres à l’abattoir. Une autre étude présentée lors des journées de l’élevage de prévision à Vienne démontre cependant que l’ISRe est inversement corrélé à la mortalité en post-sevrage et corrélé positivement à la croissance en engraissement.

Installation possible dans tous types d’élevages

En pratique, l’installation de Soundtalks en élevage prévoit de disposer un moniteur par salle, chaque moniteur enregistrant les sons dans un rayon de 10 mètres. Il doit être placé en hauteur, avec un nombre de passerelles variant selon la configuration des bâtiments (en moyenne une pour huit moniteurs). « Soundtalks permet à l’éleveur de surveiller ses porcs à distance, de détecter précocement des toux et de réagir plus rapidement », souligne Patrice Glâtre, responsable national des ventes aviaire et porc chez Boehringer Ingelheim. « Si l’ISRe se dégrade, il peut appeler immédiatement son vétérinaire. Celui-ci pourra faire les prélèvements au bon moment, traiter rapidement si besoin et, avec les courbes d’ISRe et ce qu’il connaît de l’élevage, mieux cibler les traitements. » La sonde température et hygrométrie permet aussi de corréler un problème respiratoire avec les paramètres d’ambiance et d’alerter éventuellement sur la régulation dans une salle.

Un retour sur investissement rapide

Soundtalks est proposé dans 18 pays, en Chine depuis 2021, en Allemagne et Espagne depuis 2022, au Danemark, aux Pays-Bas, et en France depuis cet hiver… Le coût de chaque moniteur ou passerelle est de 525 euros hors taxes, auquel s’ajoute un abonnement de 135 euros par an et par moniteur. Avec un amortissement sur cinq ans, le coût en engraissement s’élève entre 0,35 euro et 0,40 euro par porc sorti selon l’élevage, soit en moyenne l’équivalent de 1,7 gramme par jour de GMQ au cours actuel du porc (2,3 g/j au cours de 2019). En comparaison, un problème respiratoire entraîne une perte de GMQ de 20 à 30 grammes par jour selon les pathogènes. Et en post-sevrage, le coût de Soundtalks est de 0,10 euro à 0,15 euro par porcelet sorti, soit l’équivalent de 0,2 % à 0,3 % de perte, alors qu’un problème respiratoire peut entraîner une surmortalité de 0,5 % à 1,25 % selon les pathogènes. Les appareils sont garantis deux ans. Les moniteurs bénéficient par ailleurs d’une protection IP54 (eau et poussière), la même que celle des ventilateurs.

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