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« Nous voulons produire du porc autrement »

Julien Richeux et Sylvain Boishardy sont installés depuis le 1er juillet, à la tête d’un atelier de 400 truies naisseur-engraisseur. Leur objectif est de développer un élevage en phase avec le bien-être des animaux et le confort de travail.

Julien Richeux et Sylvain Boishardy, SCEA du Bois Joly. «Nous prenons beaucoup plus en compte le bien-être animal dans nos investissements que la génération précédente. »
Julien Richeux et Sylvain Boishardy, SCEA du Bois Joly. «Nous prenons beaucoup plus en compte le bien-être animal dans nos investissements que la génération précédente. »
© D. Poilvet

Associés depuis le 1er juillet à la tête de la SCEA du Bois Joly à Plaintel dans les Côtes-d’Armor, Julien Richeux et Sylvain Boishardy ont une vision très précise de l’élevage de porc qu’ils veulent développer à la suite de leur installation. « Nous prenons beaucoup plus en compte le bien-être animal dans nos investissements que la génération précédente, explique Sylvain. En France, le mode de production va évoluer, c’est une évidence. La prise en compte du bien-être animal est devenue un phénomène de société. Quand tu as 30 ans, tu dois l’anticiper et en tenir compte pour assurer la pérennité de ton exploitation. »

 

 
Julien Richeux s’est spécialisé dans le suivi de la maternité, qui sera bientôt transformée en maternité liberté.
Julien Richeux s’est spécialisé dans le suivi de la maternité, qui sera bientôt transformée en maternité liberté. © D. Poilvet
Ce choix s’est forgé au contact d’autres éleveurs de porcs, au travers notamment d’un groupe de travail animé par la Chambre d’agriculture. Il s’est déjà traduit dans les investissements réalisés depuis que Sylvain a exprimé à son père sa volonté de reprendre l’élevage, en 2015. « Les bâtiments étaient vieillissants. Nous avons commencé par la construction d’une nouvelle verraterie liberté de 200 places, avec beaucoup de lumière et d’espace pour les animaux, et d’un post-sevrage de 2 400 places confortable et performant. » Les projets à venir vont dans le même sens : transformation prochaine de la maternité datant de 30 ans avec l’installation de cases liberté, et création de 1 500 places d’engraissement.

 

« Idéalement, nous souhaiterions construire un bâtiment bien-être Physior. Mais le modèle économique de ce type de production est en cours de validation. Le bien-être animal doit s’accompagner d’une meilleure rémunération pour couvrir les investissements supplémentaires. »

Travailler dans un environnement agréable

Cette recherche d’un meilleur bien-être animal va aussi de pair avec la volonté de travailler dans de bonnes conditions. « Nous voulons évoluer dans un environnement agréable, avec un emploi du temps permettant de concilier vie professionnelle et vie privée », souligne Julien. Les deux associés se sont mis d’accord sur des horaires de travail raisonnables, et sur la prise de cinq semaines de congé par an, complétés ponctuellement par des journées au cours de l’année. Les travaux des champs sont intégralement assurés par des prestataires, de même que le transfert des porcelets vers les sites extérieurs et le suivi d’un engraissement de 1 800 places situé en Ille-et-Vilaine. « Nous nous consacrons exclusivement à notre atelier porcin », soulignent-ils. Ils sont aidés pour le moment par un apprenti.

 

 
Sylvain Boishardy a dédié une case à aux cochettes dans la nouvelle verraterie pour l’apprentissage à l’alimentateur.
Sylvain Boishardy a dédié une case à aux cochettes dans la nouvelle verraterie pour l’apprentissage à l’alimentateur. © D. Poilvet

 

« Nous embaucherons un salarié plus tard, quand nous aurons une meilleure assise financière. » En attendant, ils comptent sur les nouveaux investissements pour les aider à mieux s’organiser. « L’emplacement de la nouvelle verraterie et sa conception nous ont permis de gagner une demi-journée de travail à chaque sevrage », souligne Julien. Ils contribuent aussi à l’amélioration des résultats techniques. « Nous avons une bonne assise sanitaire, grâce notamment à l’autorenouvellement qui a toujours été pratiqué sur l’élevage. » Les dépenses de santé n’excèdent pas 40 euros par truie et par an, grâce à la quasi-absence de traitements médicamenteux et à un programme vaccinal très allégé. La production de mâles entiers expérimentée en partenariat avec un abatteur client du groupement Syproporcs a permis de réduire l’indice global de plus de 0,2 point. La productivité des truies a suivi le progrès génétique, avec désormais plus de 13 porcelets sevrés par portée.

Trouver le bon équilibre

Les deux jeunes éleveurs sont cependant conscients que la pérennité de leur entreprise passera par une bonne entente entre eux. « Nous avons la même vision de l’élevage. Nous nous connaissons depuis longtemps et avons les mêmes passions en dehors du travail, pour le foot notamment, soulignent-ils. Il faut cependant trouver un bon équilibre en termes de prises de décision et de travail, et surtout se méfier d’un excès de confiance qui pourrait engendrer des conflits. »

De son côté, Julien est conscient de son manque d’expérience. « Depuis le moment où Sylvain m’a proposé de m’installer avec lui, je n‘ai travaillé qu’un an dans l’élevage en tant que salarié, sans faire de formation qualifiante. Je me suis spécialisé dans la maternité, que je maîtrise à 80 %. Mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur le reste de l’élevage. » Il apprécie particulièrement la diversité du métier. « Les connaissances doivent être multiples », souligne-t-il : technique, vétérinaire, bâtiment, environnement… « C’est un métier très enrichissant. Nous ne connaissons pas la routine. »

Les conditions d’installation jouent aussi un rôle essentiel dans la réussite de leur carrière. « Avec mon père, nous avons réalisé trois expertises pour évaluer au plus juste la vraie valeur économique de l’élevage, se souvient Sylvain. Au moment de procéder à la cession des actifs, les comptes courants associés à l’exploitation peuvent parfois représenter des sommes conséquentes. Il faut en tenir compte dans le prix total de la reprise. » L’accompagnement financier triennal de Syproporcs et du Gouessant (voir encadré) leur apporte un soutien déterminant. « Trois ans, c’est la durée durant laquelle nos remboursements sont au maximum. Actuellement, le prix garanti sur 50 % de notre production nous permet de couvrir l’ensemble de nos charges, malgré la mauvaise conjoncture. Cela nous permettra peut-être d’anticiper la construction de notre nouveau bâtiment d’engraissement », concluent Julien et Sylvain.

« Quand tu as 30 ans, tu dois anticiper les demandes sociétales »

Côté éco

Prix d’achat garanti sur 50 % de la production (base cadran) :
Juillet-septembre 2021 : 1,47 €/kg
Octobre-décembre 2021 : 1,49 €/kg

Curriculum

Julien Richeux

37 ans
Études dans le milieu sportif, puis dans le bâtiment
1 an de salariat dans l’élevage avant l’installation

Sylvain Boishardy

34 ans
Études de commerce
BPREA
Salarié dans l’élevage familial pendant 15 ans.

Fiche d’élevage

SCEA du Bois Joly à Plaintel (Côtes-d’Armor)

400 truies naisseur-engraisseur
Conduite en 4 bandes de 100 truies
3 sites de production
170 hectares de SAU
Groupement : Syproporcs
Aliment : Le Gouessant
Génétique : Nucléus (Piétrain) et Danbred (Duroc et lignées femelles en autorenouvellement)

Un dispositif complet proposé par Le Gouessant et Syproporcs

« L’installation des éleveurs et leur réussite sont une priorité pour la coopérative Le Gouessant et Syproporcs, en mettant à disposition des porteurs de projet un dispositif complet. Une équipe spécialisée intervient dès la définition du projet.

 

 
Marc Briand et Baptiste Olliver, Le Gouessant-Syproporcs
Marc Briand et Baptiste Olliver, Le Gouessant-Syproporcs © D. Poilvet
Elle aide le jeune à la recherche de site, le conseille à l’installation, à la conception des bâtiments, élabore l’étude économique puis monte les dossiers administratifs (environnement, permis de construire…) ainsi que la relation avec les partenaires de gestion et financiers. Au quotidien, l’éleveur est accompagné par des experts en conduite d’élevage, formulation et un vétérinaire dans le cadre d’un contrat de progrès. Syproporcs propose plus d’une vingtaine de débouchés permettant une valorisation personnalisée optimale et une bonne fluidité des enlèvements. Le jeune peut aussi bénéficier de Pig Sekur, un contrat de reprise de la production de porcs charcutiers où 50 % des porcs sont payés à un prix dit « sécurisé », défini en fonction du coût de production. Ce contrat lui apporte de la visibilité et de la sérénité. »

 

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