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L'usage des gonadotropines pour déclencher l'ovulation des truies en baisse dans les élevages

Le déclenchement des chaleurs des truies avec des produits à base de gonadotropine sont de moins en moins utilisés dans les élevages de porcs français. Ces médicaments contenant une hormone équine sont régulièrement mis en cause par les ONG welfaristes.

L'utilisation de gonadotropines en élevage peut être réduite en mettant en place une démarche de progrès centrée sur une amélioration de la conduite d'élevage.
L'utilisation de gonadotropines en élevage peut être réduite en mettant en place une démarche de progrès centrée sur une amélioration de la conduite d'élevage.
© D. Poilvet

Les traitements hormonaux sur les animaux ont une mauvaise perception sociétale avec des questionnements sur leur possible impact sur la santé et l’environnement. De plus, leur image s’est dégradée au cours des cinq dernières années suite aux problèmes éthiques soulevés par les conditions de production de la gonadotropine.

Cette hormone prélevée sur des juments entre dans la formulation de certains traitements prescrits pour déclencher la venue en chaleur des ruminants ou des truies. La filière porcine est régulièrement interrogée sur la nécessité de leur utilisation. L’lfip a donc réalisé une étude pour faire le point sur la fréquence et les motifs d’usages de cette hormone. Ceci a été l’occasion de recenser des alternatives et des démarches de progrès permettant de réduire spécifiquement l’utilisation de l’hormone équine.

Des usages systématiques en baisse

En 2005, les traitements à base d’hormone équine (gonadotropine) étaient utilisés par 30 % des éleveurs (étude réalisée par l’Ifip, l’Inrae et les Chambres d’agriculture de Bretagne). Une récente enquête réalisée auprès de vétérinaires du Grand Ouest sur les ventes de cette hormone indique une baisse moyenne de 25 % des utilisateurs entre 2017 et 2020. Seulement 19 % des élevages sont concernés aujourd’hui. Une autre enquête élargie à l’ensemble des hormones a été réalisée en 2021 auprès de 43 éleveurs. Alors que les prostagladines, l’altrénogest et l’ocytocine sont présentes dans 80 % des élevages, la gonadotropine fait partie des hormones les moins utilisées et à la baisse d’usage la plus forte. L’arrêt d’usage a démarré avant les crises médiatiques pour 60 % des anciens utilisateurs et elle se poursuit depuis.

 

 
L'usage de la gonadotropine pour déclencher l'ovulation des truies en baisse dans les élevages

 

Des traitements ponctuels

Les utilisateurs de gonadotropines sont plutôt des élevages de grande taille, et/ou des sites de naissage, avec une main-d’œuvre salariée. Ils sont également plus interventionnistes (cures, traitements, hormones…). Ils justifient leur utilisation par une fréquence importante de problèmes : mauvaises venues en chaleurs, truies vides en maternité, petites portées, SDRP… Les principaux motifs d’usage des gonadotropines sont les problèmes de chaleurs (détection et expression). Ils concernent les catégories de truies les plus susceptibles d’avoir des problèmes de reproduction : primipares et cochettes à inséminer. Notons que certaines critiques formulées par les médias (recherche de pubertés plus précoces ou de tailles de portées plus grandes) ne sont pas évoquées par les éleveurs enquêtés. Le sevrage est un synchronisateur naturel et l’immense majorité des truies sont inséminées sur des chaleurs spontanées. Lorsqu’elles sont prescrites, les gonadotropines visent à résoudre des problèmes de reproduction. L’utilisation est ponctuelle ou saisonnière le plus souvent. Les traitements systématiques ne concernent que très peu de motifs et rarement tout le troupeau.

Améliorer la conduite d’élevage

Malgré des travaux de recherche prometteurs, aucun traitement alternatif à l’hormone équine n’a été validé à ce jour pour les truies. D’autres hormones disponibles peuvent être utiles, bien qu’elles ne couvrent pas exactement les mêmes indications. L’examen des pratiques d’éleveurs ayant cessé d’utiliser ces hormones ne révèle pas de solution miracle, mais est riche d’enseignements. Aucun produit ou pratique alternative spécifiques n’a été identifié. 30 % des éleveurs déclarent même n’avoir rien fait de particulier. En réalité, leur démarche de progrès semble associée à une amélioration globale de la conduite d’élevage, et à un travail approfondi sur la reproduction (détections, insémination…), l’alimentation, l’état corporel des truies, et sur le logement (température, lumière).

 

 
L'usage de la gonadotropine pour déclencher l'ovulation des truies en baisse dans les élevages

 

Les outils d’audit de la reproduction permettant d’identifier les axes de progrès propres à chaque élevage sont donc à promouvoir. Ils devront cibler prioritairement les femelles les plus à risque (cochettes et primipares) et les problèmes les plus fréquents : venue en chaleur, infertilité saisonnière, syndrome 2e portée…

Un audit reproduction prochainement en ligne

Dans le cadre de l’étude réalisée par l’Ifip, un audit pilote a été élaboré et testé dans quelques troupeaux. Son originalité est d’associer questions et mesures en élevage. Il s’agissait d’évaluer précisément le confort thermique, l’éclairement et l’état corporel des truies, et des facteurs souvent impliqués dans les problèmes de reproduction. Dans l’attente d’un outil intégré accessible en ligne, l’Ifip peut accompagner éleveurs, techniciens et vétérinaires dans leurs démarches d’analyse soit globalement, soit pour des problèmes spécifiques : conduite des cochettes, problèmes de chaleur, infertilité saisonnière, syndrome 2e portée…

L’hormone équine sur la sellette

Depuis 2017 des cas de maltraitances liées à la collecte de sang de jument gestantes dans le but de prélever la gonadotropine équine qui entre dans la composition des produits de synchronisation des chaleurs utilisés sur les truies sont régulièrement révélés. Fin 2022, deux ONG allemandes pointaient du doigt les « fermes de sang » en Uruguay, en Argentine et en Islande. Depuis 2017 les laboratoires pharmaceutiques ont fait évoluer leurs pratiques avec plus de contrôles des processus, une délocalisation de la production en Europe et une réduction ou un arrêt de la commercialisation selon les cas. En 2022, trois produits à base d’hormone équine avaient encore une AMM porcine en France. Malgré les services rendus, leur usage sera peut-être compromis à terme. En effet depuis 2021 et fin 2022, des résolutions du Parlement européen demandent avec insistance l’interdiction de la production, de l’importation et de l’usage. Il faut noter que les autres hormones utilisables en élevage sont d’origine synthétique et ne sont donc pas concernées par ces questions éthiques.

Le saviez vous

Une résolution du Parlement européen demandant l’interdiction de l’usage des traitements à base d’hormones équines a été votée en 2022. Elle n’a pas de valeur contraignante. Il s’agit néanmoins d’une première étape dans un éventuel processus réglementaire ultérieur.

Consultez la proposition de résolution du parlement ici

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