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Les vertus de la mixité porc et bovin en Auvergne-Rhône-Alpes

La coopérative porcine Cirhyo et la chambre d’agriculture de la Loire ont organisé le 12 mars une journée « Éleveur porcin, pourquoi pas vous ? » à Fontanès. Objectifs : présenter les atouts de la mixité et le rôle d’accompagnement de la coopérative auprès des porteurs de projets.

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La journée « Éleveur porcin, pourquoi pas vous ? », concoctée par la coopérative porcine Cirhyo et la chambre d’agriculture de la Loire, le 12 mars, a permis la visite du Gaec des 4 Vents, à Fontanès (42).
© D. Bessenay

Dans une région aussi herbagère qu’Auvergne-Rhône-Alpes, la mixité des troupeaux est presque une évidence. D’ailleurs actuellement, plus des trois quarts des producteurs de porcs sont des éleveurs herbivores et moins de 25 % des éleveurs porcins sont spécialisés. 

Lire aussi : Mixité porc bovin : le cochon a toute sa place dans le Massif central

Lors de la journée « Éleveur porcin, pourquoi pas vous ? », Bruno Dounies, coordinateur de l’association Porcs Montagne, a présenté les conclusions de l’enquête du programme Aporthe (valoriser les atouts de la complémentarité porcins et bovins dans les territoires herbagers du Massif Central) développé par les acteurs de la filière porcine du Massif Central regroupés au sein de l’association Porc Montagne et des organisations interprofessionnelles régionales et des organismes de recherche (Inrae, Ifip…).

 

 
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Frédéric Reymond, un des quatre associés du Gaec des 4 Vents, lors de la visite de son élevage. © D. Bessenay

Le premier avantage évident d’associer un élevage porcin à son activité bovine est d’apporter un complément de revenus significatif, fortement apprécié quand le cours du lait est au plus bas. La production de porcs à l’avantage d’être régulière et de ne pas être victime de l’effet sécheresse. Une diversification avec cet atelier hors sol permet donc d’accroître les revenus sans pour autant augmenter les surfaces. « Sans l’apport financier de l’activité porcs, on aurait eu du mal à se convertir en bio sur les bovins », confie Sylvain Beaulaton, l’un des quatre associés du Gaec des 4 Vents qui a servi de support à cette journée. Et pour les éleveurs qui pratiquent déjà de la vente directe (fromages, lait…), le porc apporte un complément de gamme idéal.

Une technicité appréciée

La complémentarité entre les deux élevages se vérifie en matière de gestion de travail, mais il faut noter que la plupart des éleveurs concernés sont en société pour une meilleure flexibilité et le partage des tâches. Le volume de travail de l’atelier porcin diffère selon qu’on soit seulement engraisseur ou naisseur-engraisseur. L’activité porcine contribue à la création d’emplois sur la ferme. Le Gaec des 4 Vents compte par exemple deux salariés, ce qui permet à chaque éleveur de disposer d’un week-end sur deux de repos. En outre, la technicité du travail avec les porcs redonne de l’intérêt au métier et « contribue à l’épanouissement de l’éleveur », estime Bruno Dounies. Inversement, il faut reconnaître qu’il est parfois difficile pour un éleveur d’être pointu techniquement sur plusieurs ateliers à la fois.

De l’engrais de qualité

L’autre apport évident de l’atelier porcin est la production de lisier qui a un effet starter important sur les cultures, qu’il soit utilisé seul ou en mélange avec le fumier de bovins. Il permet ainsi de limiter, voire d’arrêter, le recours aux engrais de synthèse. « L’azote minéral du lisier a un effet coup de fouet », assure François Debrosse, conseiller agronomique à la chambre d’agriculture de la Loire. Revers de la médaille, les odeurs du lisier peuvent incommoder le voisinage. Mais il existe des solutions pour surmonter cela : l’alimentation, la couverture des fosses, le traitement antiodeur du lisier ou l’usage de matériel adapté (pendillards ou enfouisseurs).

Du volume pour les abattoirs

Enfin, la production porcine est abattue et transformée dans la région, ce qui maintient en vie une série de petites unités et n’est pas anodine pour autant pour les deux plus grosses. « Certains abattoirs pourraient fermer s’il n’y avait plus de production porcine dans la région », assure le président de l’interprofession régionale (Interp’Aura), Francis Le Bas.

Le porc en Auvergne-Rhône-Alpes : secondaire, mais essentiel

« Un porc élevé, deux porcs transformés, trois porcs consommés. » Francis Le Bas, président de l’interprofession régionale, a rappelé par la formule toute la singularité de la production porcine en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura).

Avec 850 000 porcs charcutiers produits par an sur 797 élevages professionnels, la région Aura ne représente que 4,2 % de la production nationale. L’Ain et la Loire sont les deux départements les plus impliqués. En revanche, Auvergne-Rhone-Alpes dispose de nombreux outils d’abattage, dont ceux de Lapalisse (Allier) et de Bourg-en-Bresse (Ain) et de transformation, et, bien sûr, d’un bassin de consommation important avec des centres urbains développés. Ainsi, 1,38 million de porcins sont abattus en Aura dont presque la moitié vient de l’extérieur : Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, etc. Et en matière de transformation, elle représente 12 % de l’activité nationale, juste derrière la Bretagne et les Pays de la Loire. Environ 18 % de la production est destinée à la vente fermière ou aux circuits courts.

Cirhyo, un partenaire de tous les instants

La coopérative Cirhyo, basée à Montluçon dans l’Allier, a bien sûr vocation à trouver des débouchés commerciaux à la production de ses adhérents et à négocier l’approvisionnement d’une alimentation de qualité au meilleur prix, mais elle s’implique bien au-delà, en amont, pour inciter des éleveurs à tenter l’aventure.

Accompagnement technique et financier

« On accompagne les porteurs de projets pour être certain de la cohérence économique du dossier et que les objectifs techniques soient réalisables », explique le président de Cirhyo, Noël Thuret. « On peut se porter caution, on peut prêter de l’argent pour certains investissements. Quand des jeunes se lancent dans une reprise d’exploitation, il y a plusieurs solutions pour les aider. La coopérative peut ainsi entrer au capital et le rétrocéder au fil des ans, car parfois ce sont des dossiers importants. » Plus innovant encore, Cirhyo se propose depuis peu « de garantir le prix et payer la différence si le marché est bas, mais avec un plafond ».

Maternités collectives

Il existe dans cette région plusieurs modèles d’élevages, « mais peu de naisseurs purs », reconnaît Noël Thuret, qui est avant tout éleveur dans le Puy-de-Dôme. « On encourage le métier de naisseur-engraisseur ou de post-sevreur-engraisseur, rattaché à une maternité collective. » Ce parc de maternités est composé d’une quinzaine d’unités et la stratégie porte ses fruits puisque « 20 000 truies sortent des maternités collectives, leur part augmente car les éleveurs se désengagent du rôle de naisseur. Sans elles, c’est certain, la production régionale aurait baissé ». La coopérative est actionnaire partiel ou majoritaire de la plupart de ces structures de 700 truies minimum et s’assure ainsi de leur bon niveau technique et de leur bonne gestion administrative.

 

 
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Noël Thuret, président de la coopérative Cirhyo. © D. Bessenay

Perspectives

Cirhyo soutient également ses adhérents face à la pression sociétale forte. « Chaque création entraîne son lot de contestations. On travaille en amont avec le voisinage, la mairie pour sensibiliser. On accompagne aussi les éleveurs dans les réunions publiques pour ne pas les laisser seuls dans la fosse aux lions », poursuit Noël Thuret.

Malgré cette pression, le président reste optimiste : « Le porc reste la viande la moins cher à consommer donc les perspectives sont bonnes. On travaille main dans la main avec l’interprofession pour dynamiser notre filière. On organise régulièrement des évènements avec les étudiants ou avec les éleveurs comme ici à Fontanès. » Un travail de longue haleine indispensable car, comme dans les autres filières, toute une génération d’éleveurs arrive à la retraite. « Les reprises et successions sont néanmoins dynamiques dans le porc. On va sûrement perdre des éleveurs mais maintenir les volumes de production », estiment les professionnels.

Rédaction Réussir

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