Le stress affecte l’immunité des porcs
Des essais menés en Allemagne montrent que le stress exercé sur les porcs modifie l’activité de leur système immunitaire. Les femelles seraient les plus sensibles. Pour le prouver, les chercheurs ont induit le stress par le réallotement de porcs charcutiers non familiers juste avant le départ pour l’abattoir. Plusieurs paramètres de stress ont été mesurés avant le mélange des individus et à l’abattage : le taux de lésions corporelles (marqueur de combats entre individus), le taux sanguin de cortisol (hormone du stress) et l’activité de la créatine kinase (indicateur de stress musculaire). Ces mesures ont servi à classer les porcs selon leur niveau de réactivité au stress (haut ou bas potentiel de stress). De plus, l’activité des cellules immunitaires sanguines a été évaluée par la quantification des ARN messagers qu’elles contenaient (plus il y a d’ARN messager d’un gène, plus la protéine lui correspondant sera produite en grande quantité). Via une puce, les chercheurs ont pu quantifier simultanément 24 000 séquences d’ARN par échantillon de sang. Les résultats ont révélé un important effet du stress sur l’expression de la réponse immunitaire des femelles à fort potentiel de stress. On observe chez elles une forte expression des gènes impliqués dans la réponse inflammatoire par rapport aux femelles à bas potentiel de stress. Cette réponse inflammatoire excessive peut avoir l’avantage de protéger l’individu contre certains agents pathogènes, mais elle peut aussi accentuer les risques de maladies auto-immunes. Selon les auteurs, la conduite d’élevage et les conditions de vie des porcs peuvent influencer durablement leur état émotionnel et physiologique.
Avis d’expert - Camille Gérard, chambre d’agriculture de Bretagne
« Un impact important sur la survie des porcelets »
« Ces résultats peuvent être mis en parallèle à l’étude ProHealth menée par l’Inra en 2016 qui avait mis en lumière le lien entre l’environnement d’élevage des truies, le stress maternel et la survie des porcelets en maternité. L’impact sur la survie des porcelets pourrait en partie résulter de l’effet du stress sur le système immunitaire des femelles gestantes, mais également sur celui de leur descendance, via des mécanismes de transmission dits « épigénétiques ». C’est le sujet d’un prochain projet porté par Élodie Merlot (Inrae) via des essais menés à la station expérimentale des chambres d’agriculture de Bretagne à Crécom, dans les deux systèmes d’élevages (caillebotis, et litière). Ces études révèlent l’importance de la conduite du troupeau de truies et de la prise en compte de leur stress. »