Le porc n’est pas en compétition alimentaire avec l’homme
La production porcine peut être productrice nette de protéines. C’est notamment le cas quand le porc consomme des coproduits et des tourteaux non consommables en alimentation humaine.
La production porcine peut être productrice nette de protéines. C’est notamment le cas quand le porc consomme des coproduits et des tourteaux non consommables en alimentation humaine.
Aujourd’hui, les productions animales font débat car on les accuse de gaspiller des ressources végétales, sa fraction protéique notamment, qui pourraient être directement consommées par l’homme. Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) élevage demain s’est intéressé à cette question en s’appuyant sur un nouveau critère d’évaluation dénommé « efficience protéique nette ». Ce critère s’apparente à l’indice de consommation calculé en élevage, sauf qu’au lieu de faire le rapport entre les kilos de poids vif produits et les kilos d’aliments consommés, il effectue le rapport entre kilos de protéines produites sous forme de viande et d’abats, et kilos de protéines végétales consommées par l’animal mais qui pourraient potentiellement nourrir directement l’homme. Cette dernière précision est importante car elle permet de distinguer, avec ce nouveau critère, les sources de protéines végétales qui ne peuvent pas être consommées par l’homme et que les animaux permettent de valoriser. L’exemple le plus parlant étant celui des fourrages pour les bovins, mais cela peut aussi s’appliquer à d’autres matières premières spécifiques à la production porcine, notamment celles qui relèvent de la catégorie des coproduits non consommables par l’homme.
Lorsque le critère d’efficience protéique nette présente une valeur supérieure à 1, on peut alors considérer que le système d’élevage étudié est un producteur net de protéines pour l’homme, ou autrement dit qu’il permet de produire plus de protéines pour l’homme qu’il ne consomme de protéines végétales consommables par l’homme. À l’inverse, lorsque la valeur est inférieure à 1, le système d’élevage devient consommateur de protéines. Ce critère est plus proche de la réalité et permet aussi d’éviter les raccourcis faciles, basés notamment sur l’indice de consommation et consistant à dire qu’il faut environ trois fois plus d’aliments (et donc de protéines…) pour produire 1 kilo de porc.
Une efficience comprise entre 1,1 et 1,6 pour les élevages FAF
Les résultats du GIS indiquent à partir de la composition d’aliments observés de 2011 à 2014, que l’efficience protéique nette dans le cas de l’élevage de porcs (cas d’un acheteur d’aliments complets), est proche de 0,7 à 0,8 et parfois peut atteindre des valeurs de l’ordre de 1,0 voire 1,4 selon la composition des aliments. En FAF, l’efficience nette serait comprise entre 1,1 et 1,6 compte tenu de l’utilisation de maïs ensilé et parfois de coproduits liquides, que l’homme ne peut pas consommer. Ces résultats permettent de voir différemment nos systèmes d’élevage et de redorer un peu notre image. Ceci d’autant plus que le critère d’efficience protéique nette ne tient pas compte de la meilleure digestibilité pour l’homme des protéines animales et également de leur équilibre plus satisfaisant sur le plan de l’apport en acides aminés essentiels (notion de protéine idéale).
Enfin, à noter que les différentes parties de la carcasse sont fortement valorisées, avec la consommation d’abats et de sang, la production de gélatine à partir d’os, l’utilisation des couennes entre autres. Cette particularité différencie la production porcine des autres productions animales et constitue finalement son avantage ou dit autrement, « dans le cochon tout est bon » !
didier.gaudre@ifip.asso.frEn savoir plus
Efficience protéique nette = protéines produites par l’élevage et consommables par l’homme/protéines consommées par l’élevage à partir de végétaux consommables par l’homme