« La vaccination des porcelets contre les diarrhées a tout changé »
Après avoir essuyé plusieurs échecs pour stopper les diarrhées en post-sevrage, les gérants de la SARL Colin s’en sont remis à la vaccination préconisée par leur vétérinaire et technicien.
Après avoir essuyé plusieurs échecs pour stopper les diarrhées en post-sevrage, les gérants de la SARL Colin s’en sont remis à la vaccination préconisée par leur vétérinaire et technicien.
« De 2016 à janvier 2020, nous avons subi une évolution chronique des diarrhées en post-sevrage avec des retards de croissance de plus en plus importants, de la mortalité et de l’hétérogénéité dans les lots », se souvient Louis Colin, cogérant de la SARL éponyme à Plouigneau dans le Finistère.
Et de poursuivre : « Le protocole vaccinal mis en place à radicalement tout changé. En deux ans, nous sommes passés de 466 à 504 g/j de GMQ et de 5,3 à 2,6 % de perte en post-sevrage. Avec en plus aujourd’hui, des formules assez élevées en taux de protéines. Preuve que l’intégrité intestinale du porcelet est désormais préservée ».
Un E. coli F4 détecté
Avant d’arriver à ces résultats, le cheminement des exploitants est passé par plusieurs solutions internes combinées à un traitement curatif par colistine de plus en plus fréquent. La distribution dans les nourrisseurs a été coupée pendant 24 heures. Puis l’alimentation sous la mère a été arrêtée trois jours avant le sevrage. Le taux de protéines des formules fabriquées a été abaissé. Le noyau de l’aliment premier âge est passé de 10 à 20 % pour bénéficier de matières premières cuites avec des protéines plus digestibles. Et pour finir, ce premier âge a été stoppé pour passer directement au deuxième âge. « Au terme de ces essais, les diarrhées étaient certes maîtrisées, mais avec des effets négatifs sur les performances de croissance des animaux », reconnaît le cogérant. Après avoir décelé la présence d’E. coli F4, leur vétérinaire Breizhpig, Claudio Trombani et leur technicien de groupement leur conseillent la mise en place d’un protocole vaccinal visant ce germe.
Un calcul bénéfice-risque positif
Sceptiques au début en raison du coût et du mode d’administration par voie orale, les gérants se laissent convaincre après un calcul bénéfice-risque. « Avec un sevrage à 21 jours, nous distribuons le vaccin mélangé à une solution d’eau et de réhydratant dans les augettes PVC d’aliment à 18 jours d’âge. Soit sept jours avant les premiers signes cliniques de diarrhée », détaille Louis Colin. Et de conseiller : « Pour optimiser l’ingestion, aucun aliment n’est distribué aux porcelets la veille au soir. L’augette doit être propre au matin. Ensuite, s’il reste des résidus, de l’aliment starter peut être saupoudré dessus ». Quinze jours après, les résultats étaient visibles en post-sevrage avec l’absence de signes cliniques. Jusqu’à octobre 2021, les formules d’aliments n’ont pas été débridées par sécurité. Petit à petit, ils sont revenus à des taux de protéines classiques voire élevés : 17 % pour le premier âge, et 16,9 % pour le deuxième âge. « Aujourd’hui, nous avons des cochons qui poussent et qui expriment leur potentiel génétique avec seulement 1 % des pertes en post-sevrage dû aux diarrhées », se félicite Louis Colin.
Claudio Trombani, vétérinaire Breizhpig
« Les conditions d’élevage facilitent la vaccination »
Ici, le protocole vaccinal a fonctionné car les facteurs clefs de réussite, technique et sanitaire, avaient déjà été travaillés en amont par les éleveurs avec leurs partenaires techniques. Les porcelets sortent de maternité homogènes à un poids correct et sans avoir subi trop de diarrhées néonatales. En post-sevrage, les durées de vides sanitaires sont respectées avec une vidange des pré-fosses entre chaque bande. Les salles sont préchauffées 48 heures avant l’entrée des porcelets, les sols sont en caillebotis plastique, le chargement est correct, ainsi que l’accès à l’eau et à l’alimentation. Seul le sexage des animaux peut constituer un risque.