La truie communique son stress à ses porcelets
La baisse de la durée de contention diminue le stress des truies en maternité mais également celui de leurs porcelets.
La baisse de la durée de contention diminue le stress des truies en maternité mais également celui de leurs porcelets.
Pour le prouver, des chercheurs de l’université de Jérusalem, en Israël, et du Massachusetts, aux États-Unis, ont modifié une case de mise bas classique pour pouvoir ouvrir les bat-flanc et laisser la truie libre une partie de sa lactation. Un total de 77 truies et 997 porcelets ont été suivis.
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La durée de contention de chaque truie après la mise bas est définie aléatoirement entre 3 jours et la totalité de la période de lactation (environ 21 jours). Les chercheurs ont mesuré le taux de cortisol accumulé dans les poils des truies et des porcelets le jour du sevrage. Ce taux de cortisol est un bon marqueur du stress chronique des animaux sur une période donnée.
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Pour chaque jour de contention supplémentaire, le cortisol augmente de 0,50 picogramme (pg)/mg et le pourcentage de porcelets sevré baisse de 0,40 %. De plus, pour chaque unité de cortisol supplémentaire dans les poils de la truie, le taux de cortisol augmente de 0,36 pg/mg chez les porcelets. Les chercheurs ont également relevé les performances de chaque portée. À partir de la troisième lactation, les truies avec une contention de courte durée (entre 3 et 10 jours) sèvrent plus de porcelets que celles avec une contention longue (entre 13 et 24 jours). Les chercheurs notent par ailleurs une tendance, pour ces mêmes truies, à un poids de portée plus important et moins de traitements médicaux pour leurs porcelets.
Côté biblio
Shortening sow restraint period during lactation improves production and decreases hair cortisol concentrations in sows and their piglets. Morgan et al. 2021. Animal.
Trouver le bon compromis sur la contention de la truie
Nicolas Villain, Chambres d’agriculture de Bretagne
« La contention est connue pour provoquer un stress chez la truie. Cette étude semble indiquer que ce stress peut se communiquer aux porcelets. Il peut avoir des effets négatifs sur leurs performances de croissance et leur santé. Réduire la contention des truies peut donc se révéler intéressant d’un point de vue technique et économique. Il ne faut cependant pas oublier qu’elle peut augmenter le risque de pertes par écrasement, particulièrement avec les truies hyperprolifiques. Si, dans cette étude, les chercheurs ont noté une amélioration des performances de sevrage avec une réduction de la contention, le nombre de sevrés est faible (10,4 pour les truies en contention courte) comparativement aux performances généralement observées en France. Il conviendra donc de trouver le meilleur compromis pour cumuler les bénéfices. »