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La production européenne poursuit sa hausse

En 2019, le nombre de porcs produits en Europe va continuer de progresser, mettant encore les cours sous pression dans les premiers mois. Mais la fièvre porcine africaine pourrait changer la donne.

L’Espagne enregistre encore une forte croissance de ses effectifs porcins.
© Ifip

En 2018, la production européenne en têtes devrait augmenter de 1,3 %, pour atteindre près de 262 millions de porcs produits. Cette progression devrait se poursuivre au début de 2019, de + 1,1 à 2 % (Fig. 1.). Cependant, la situation est variée entre les principaux bassins. L’Espagne et le Danemark montrent une forte croissance tandis qu’en Allemagne et en France la tendance est plus modérée, voire stable. Les prévisions de production sont basées sur les effectifs des cheptels. Au printemps 2018, le troupeau de reproducteurs était en baisse de 1,6 % à l’échelle européenne, mais, dans le détail, le nombre de truies reste stable en Espagne (- 0,2 %), et progresse fortement au Danemark (+ 3,3 %). En revanche, le nombre de porcelets était en hausse, notamment en Allemagne (+ 1 %), en Espagne (+ 5 %), et au Danemark. Les porcs à l’engrais présents dans les élevages des principaux producteurs étaient aussi plus nombreux au printemps 2018 qu’en 2017, à l’exception de la France.

Dans le même temps, la demande européenne devrait se stabiliser. Côté exportations sur les marchés tiers, les neuf premiers mois de 2018 indiquent une progression des ventes de l’UE de + 1,2 % en volume par rapport à 2017. Le commerce extérieur en 2017 avait été fortement impacté par une baisse des achats chinois, et les envois totaux de l’UE avaient chuté de 10 % sur cette même période. En préparation du nouvel an chinois, la demande de la Chine pourrait légèrement repartir à la fin de l’année 2018 et au début 2019. Et, compte tenu de la crise de la fièvre porcine africaine (FPA) en Chine, un regain plus accentué des achats pourrait se profiler en deuxième partie de 2019.

Maintien de la pression sur le prix du porc

Ainsi, sous l’effet d’une élévation de l’offre et d’une stabilité relative de la demande, la pression sur le prix du porc devrait se poursuivre jusqu’au début 2019, pour l’ensemble des producteurs européens (Fig. 2.). En France, la baisse a été très marquée au premier semestre 2018 : le prix du porc classe E + S a chuté de 15,8 %. Il devrait de nouveau reculer au second semestre 2018 (‑ 10,8 %), et, selon nos prévisions, au premier semestre 2019 (- 2,2 %). Cependant, les achats chinois pourraient stimuler fortement le cours du porc en modérant l’offre sur le marché européen. Par ailleurs, la hausse du prix de l’aliment devrait peser sur les coûts de production. Depuis l’été 2018, il est reparti à la hausse, poussé par le cours de blé. Le prix de l’aliment Ifip devrait avoisiner 255 euros la tonne au premier semestre 2019, puis se stabiliser au second semestre (257 €/t en moyenne). La hausse serait de 9 % sur l’ensemble de l’année 2019, par rapport à 2018 (Fig. 3.). Les disponibilités en blé, suite aux conditions climatiques défavorables, sont restreintes dans l’UE. Le bilan mondial s’est tendu, renchérissant les cours. Les stocks vont se tasser, et la demande à l’export soutiendra sur le marché européen et français en 2019. La récolte russe a en effet été moins forte cette année. L’offre mondiale de maïs est moins tendue et jouerait partiellement un rôle modérateur sur les cours des céréales fourragères. Des cours plus favorables s’annoncent pour le tourteau de soja en 2019, après la flambée du premier semestre 2018. La forte récolte aux États-Unis, la remontée de la production sud-américaine et la demande mondiale en berne vont conforter les stocks de graines. La taxation des sojas américains devrait conduire à un fléchissement des importations de graines en Chine qui devrait diversifier ses fournisseurs et ses sources protéiques afin d’économiser le soja dans les rations.

elisa.husson@ifip.asso.fr

Grandes incertitudes sur le marché mondial avec la FPA

Les perspectives du marché du porc en 2019 restent marquées par de grandes incertitudes, celles de la demande chinoise et celles des évolutions possibles de la fièvre porcine africaine, en Europe et dans le monde. Dans ce cas, les conséquences seront multiples, difficiles à décrire, avec des effets sur les prix quasiment imprévisibles. Les prévisions de cours européens ont été réalisées selon l’hypothèse où l’épidémie de FPA reste contenue en Belgique. Par contre, l’apparition d’animaux infectés en France ou en Allemagne aurait des conséquences importantes pour le cours du porc. Si l’Allemagne, le plus grand producteur européen, était contaminée, le marché du porc serait affecté à plusieurs niveaux. Premièrement, le marché national allemand pourrait se retrouver en situation d’excédent si un cas apparaissait dans une région d’élevage dense dont la sortie d’animaux serait interdite. Ensuite, le très important commerce d’animaux vivants entre l’Allemagne et les autres pays producteurs européens serait lui aussi perturbé. Enfin, l’Allemagne pourrait perdre son accès à certains marchés tiers tels que la Chine, le Japon, la Corée du Sud… Ces 12 destinations qui refusent actuellement le porc belge représentaient en 2017 près de 600 000 tonnes de volumes exportés, soit 16 % des exportations européennes, qui seraient à compenser par d’autres pays importateurs. Par redistribution des flux commerciaux, des pays à forte croissance et déjà très présents sur le marché mondial, comme l’Espagne et le Danemark, pourraient en partie se substituer à l’Allemagne. Toutefois, le type et le prix moyen des produits exportés destinés à l’Union européenne ou aux marchés tiers sont différents. Il est ainsi probable que les pertes des exportateurs allemands sur le marché mondial ne soient pas totalement compensées, tant en valeur qu’en volume.

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