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« Du sevrage à la vente, mes bâtiments bio sont opérationnels »

Voilà deux ans qu’Arnaud Jolly, éleveur à Plaintel, a converti son élevage de porcs à l’agriculture biologique. Pour que ses bâtiments soient opérationnels, des évolutions pratiques ont été faites. Retour d’expérience sur leur utilisation et les résultats.

Deux ans après la mise en service de tes bâtiments bio, es-tu satisfait de tes résultats ?

Arnaud Jolly - Globalement oui, mais j’ai rencontré des soucis de diarrhées (œdème colibacillaire) en post-sevrage 3-4 jours après le sevrage. J’ai dû mettre en place une vaccination qui a réglé le problème assez vite. Cela m’a permis de l’arrêter. 

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Cependant, d’autres problèmes de diarrhées plus délicats à gérer ont pris le relais ce qui entraîne des pertes. Les résultats de croissance dans les PS et engraissements n’ont pas été au rendez-vous (âge à la vente 202 jours avec un poids de 123 kg vif et 59,5 de TMP) ce qui a pénalisé le nombre de porcs produits et l’organisation des rotations de salles jusqu’en maternité. 

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Cela empêchait une bonne acclimatation des truies à l’ouverture de la porte d’accès à la courette extérieure et nous a fait chuter en termes de sevrés par portée. Au final, je n’ai pas tout à fait rempli mon objectif de 3 300 porcs charcutiers par an avec une vente de 2 753 charcutiers sur l’année comptable.

Explique-nous la conduite de tes porcelets.

A.J - La chaîne de bâtiments est cohérente : en effet, depuis la maternité, les porcelets sont mélangés dès sept jours d’âge sur une rangée de cases soit 17 truies ce qui correspond à environ 200 porcelets, ensuite, il y a deux salles de post-sevrage de 200 places chacune et enfin, trois salles d’engraissements avec deux grandes cases de 200 places. Lors de la mise à l’engrais, ils sont bouclés avec une boucle RFID pour pouvoir être identifiés par les alimentateurs individuels GFI d’Asserva. Le bâtiment d’engraissement fait 90 m de long sur 37 m de large (22 m intérieurs, 12 m couverts à l’extérieur et 5 m de parcours découvert). Je suis très satisfait de la configuration des salles et des cases : le travail est facilité et les animaux sont dans de bonnes conditions d’élevage.

Quelles solutions as-tu mises en œuvre ?

A.J. - J’ai embauché une salariée à temps plein, ce qui nous permettra d’être plus vigilants sur les postes clés, par exemple le confort des porcelets. Chose qu’il n’était pas possible de faire auparavant faute de temps avec un salarié à mi-temps. Une fois que les derniers aménagements de la verraterie seront terminés, nous allons pouvoir nous consacrer pleinement à la conduite de. Ensuite, nous avons rencontré des difficultés avec le trieur d’accès à la zone d’alimentation dans les cases d’engraissement. Parfois, il ne permettait pas aux cochons d’entrer ce qui était un gros souci car il est impossible de retrouver un individu dans une case de 200 places sur paille ! On n’arrivait à repérer l’animal que quand il commençait à maigrir parce qu’il ne pouvait pas manger. De plus, nous avons connu quelques complications au niveau des trémies d’aliments et de la distribution de l’eau, dont l’origine n’était pas évidente à trouver. Cela provenait des cartes électroniques qui les géraient. Elles ne réagissaient pas de la même manière en fonction de la température dans le bâtiment : ce problème est lié du fait que nous sommes dans un bâtiment ouvert sur paille. Heureusement, ça s’améliore. Ainsi, je suis sûr que les croissances et l’indice vont très vite s’améliorer.

Comment fais-tu pour trier tes cochons au départ vers l’abattoir sans trieur ?

A.J. - Nous utilisons la zone d’abreuvement car nous avons la possibilité, grâce à un jeu de barrières, d’y bloquer les cochons. Elle est située juste à côté de la case de tri. Nous nous y mettons à deux et il nous faut 2 heures (débouclage compris) pour des départs de 100 à 120 porcs. Il n’y a pas de problème pour savoir quels cochons doivent partir car des marqueurs ont été installés sur les alimentateurs GFI. Quand un cochon fait les 120 kg demandés, il est marqué à l’aide d’une bombe de marquage.

Comment gères-tu l’alimentation des porcelets et des porcs charcutiers ?

A.J. - En maternité, nous avons des augettes pour leur distribuer du 1er âge. Nous essayons depuis peu de les appâter avec de la tourbe. Une fois qu’ils sont sevrés, mais toujours dans la maternité, ils disposent d’une aire d’alimentation avec des nourrisseurs. Mais nous constatons souvent qu’il y a des démarrages en diarrhées. Pour limiter ce problème, nous allons ajouter des abreuvoirs à porcelet près des nourrisseurs : nous pensons que celui qui est commun avec les truies est trop loin. En post-sevrage, la zone d’alimentation-abreuvement est située en hauteur sur le caillebotis. Des nourrisseurs alimentés par chaîne permettent de distribuer de l’aliment 2e âge ou tout autre aliment à volonté. Dans l’engraissement, pour l’instant, je ne rationne pas en début d’engraissement : ils sont à volonté avec une distribution par dose de 150 grammes à la mise à l’engrais pour atteindre un plafond de 2,9 kg à 70 jours de présence. Il faudra travailler la courbe en lien avec les poids de chaque animal comme le GFI les pèse. C’est un axe d’amélioration important. Pour inciter les cochons à venir dans les stalles d’alimentation, je ne laisse leur abreuvement qu’à cet endroit pendant un jour à la mise à l’engrais.

Comment fais-tu pour le paillage de l’engraissement ?

A.J. - Le bâtiment est équipé d’une pailleuse fixe mais je ne m’en sers pas. Elle fait trop de poussières, de bruit et mobilise un tracteur (prise de force) et le télescopique pour le chargement de la paille. Actuellement, nous venons déposer des big ballers dans la case à la mise à l’engrais. Ils servent à réduire la taille de la case dans la partie couverte du bâtiment. Ainsi, les cochons sont moins perdus et trouvent plus facilement les alimentateurs. Ensuite nous étalons la paille à l’aide d’une petite chargeuse très maniable. Je crois que c’est le meilleur investissement que j’ai fait ! Sur la partie post-sevrage et engraissement, on consomme environ 360 tonnes de paille par an, soit 130 kg par porc du sevrage jusqu’à la vente. Quand il pleut, nous devons pailler davantage pour préserver le confort des animaux, notamment dans la partie courette extérieure découverte.

En conclusion, es-tu content de tes choix ?

A.J - Oui mais je dois reconnaître que la mise en route de tous ces bâtiments n’a pas été si simple ! Surtout avec si peu de main-d’œuvre et tous les travaux encore en cours. Maintenant, on va bien s’atteler à faire de la technique pour améliorer nos résultats.

Estelle Kerguillec, estelle.kerguillec@bretagne.chambagri.fr

Chiffres clés

EARL Jolly à Plaintel (Côtes-d’Armor)

150 truies naisseur-engraisseur, conduite en 4 bandes, sevrage à 42 jours
Main-d’œuvre : 2 UTH salariés (dont un pour les cultures, la méthanisation et les travaux) et 1 UTH familiale et 1 UTH apprenti
Objectif de porcs charcutiers vendus : 3 300 par an
Résultat sur 1 an : 18,72 porcelets nés totaux, 16,76 nés vivants et 11,76 sevrés par portée
ICglobal : 3,52
Groupement Syproporcs
Aliments UFAB
Prix de la place d’engraissement : 900 € (avec beaucoup d’autoconstruction)

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