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Des indicateurs pour suivre au plus près la santé et les performances des porcs

Dans une démarche de démédication, le suivi sanitaire se doit d’être encore plus exigeant. Lors du congrès de l’association française de médecine vétérinaire porcine, les 2 et 3 décembre à Rennes (Ille et Vilaine), ont été présentés des indicateurs de suivi, qui aideront éleveurs et vétérinaires à y arriver.

Depuis les années 2010, se développent des référentiels privés pour produire les porcs « sans antibiotique » que demandent les distributeurs. En 2020, ce mode de production représentait 15% des porcs commercialisés en France. Pour réussir dans cette démarche, la maitrise sanitaire doit être optimale. Son suivi s’appuie sur différents indicateurs. « Attention, prévient Nathalie Deville, vétérinaire chez Cybelvet, il ne faut pas de contenter des chiffres, mais aussi regarder les évolutions. Toute tendance à la dégradation doit alerter rapidement ». Un taux de perte en hausse est le premier indicateur d’une situation sanitaire qui se dégrade. Mais d’autres indicateurs doivent être suivis pour agir avant un impact sur les performances. Assez logiquement, le suivi de la GTE aide à surveiller l’état de santé du cheptel. Toute inflexion des performances doit alerter sur un problème sanitaire sous-jacent. « Même à un niveau subclinique, une perturbation sanitaire impacte les performances », rappelle la vétérinaire. Le taux de porcs labelisés assure le suivi du nombre d’animaux traités. C’est d’autant plus rapide quand on a des résultats mensuels.

Détecter même le subliclinique

D’autres indicateurs clés de la dynamique sanitaire sont le bilan des notations pulmonaires à l’abattoir et celui des saisies, en particulier celles en lien avec des lésions respiratoires. « Le bilan des saisies respiratoires permet de suivre une variation de la fréquence de ces lésions, donc leur prévalence en élevage, ce qui traduit une situation chronique, souligne Claudio Trombani, vétérinaire chez Breizhpig. 1% est un seuil d’alerte ». Plus globalement, le suivi de la stabilité sanitaire peut se faire par le calcul du taux d’exposition aux antibiotiques. « L’ALEA (animal level of exposure to antimicrobials) mesure l’utilisation de médicaments en quantifiant la quantité de matière active sur la biomasse de l’élevage, explique Nathalie Deville. Plus qu’une mesure à l’instant T, il est intéressant à suivre dans le temps ou en comparaison avec un groupe similaire ». Cet indice donne une image des traitements administrés. Son inconvénient est de globaliser les interventions sur les porcelets, les porcs charcutiers et les reproducteurs.

De nouveaux outils prédictifs

Pour aller plus loin dans le suivi sanitaire, pour détecter toujours plus précocement les incidents, la filière développe des outils prédictifs, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et les modèles mathématiques. Entre les informations enregistrées sur les boucles RFID, celles de sondes qui mesurent les paramètres environnementaux dans chaque salle, les relevés de consommation d’eau, des outils d’observation des traitements comme les seringues connectées, chaque élevage peut disposer, en temps réel, d’une masse de données, qui, si elles sont analysées sous l’angle sanitaire, peuvent alerter sur un problème émergent. « Des modèles mathématiques font le lien entre les variations de ces données et l’apparition de pathologies, explique Aline Lefebvre, vétérinaire chez Hyovet. On peut envisager d’analyser par bande, par salle pour voir les pathologies qui ressortent et mettre en place des actions préventives et agir très en amont ». De tels outils sont déjà testés en élevage. «Avec Evel’up et Copeeks, nous avons mis au point un outil d’analyse d’images en temps réel pour détecter très en amont différentes pathologies, explique Claudio Trombani. Des caméras enregistrent les mouvements et les positions des animaux. Nous avons commencé par travailler sur la détection précoce de la grippe en post-sevrage. L’algorithme fait le lien entre une modification des comportements des animaux et une pathologie émergente. En optimisant le suivi et en donnant des alertes précoces, cet outil vient en appui du diagnostic. Il aide aussi à la formation, par exemple pour de nouveaux salariés ». En phase finale de test, ce dispositif sera proposé plus largement dans les quelques mois à venir.

En Europe, la démédication prend de l’ampleur

Partout en Europe, émergent des filières sans antibiotiques. Exemples en Pologne, au Danemark et aux Pays-Bas.

Le porc sans antibiotique n’est pas une spécialité française mais reste sur des volumes limités ailleurs en Europe et avec une diversité des pratiques", partage Vincent Dedet, d’Auzalide Santé Animale. Le point commun de la plupart de ces initiatives est de s’appuyer sur des cahiers des charges privés ».

En Pologne, du porc sans antibiotique est produit par Good Valley Agro SA. Cette société, créée par un éleveur danois, travaille avec des exploitations engagées à plusieurs niveaux dans un développement durable de la production porcine : élevages sans antibiotique, exploitations « carbone neutre », mâles immunocastrés. Cette filière regroupe 15 000 truies et commercialise ses produits surtout à l’export. Également en Pologne, une autre filière sans antibiotique a été lancée en 2021 par Sokolow, groupe de 8 abattoirs appartenant à Danish Crown.
Au Danemark, des initiatives autour de la production sans antibiotiques existent également : un label qui représente moins de 7 000 porcs par semaine, la démarche « Pure Pork » de Danish Crown…
Aux Pays Bas, plusieurs initiatives cohabitent. Une trentaine d’éleveurs fédérés autour d’un abattoir travaillent dans une approche globale de production durable (pas d’antibiotique, démarche bas carbone, bien-être animal). Un autre groupe de 150 éleveurs produit sans antibiotique de 5 à 10 000 porcs par semaine, avec pour débouché principal l’Italie. Enfin, un petit abattoir a bâti sa propre filière de viande locale, bio, plein air et sans antibiotiques.
En Allemagne, un label « antibiotika frei » a été lancé en avril 2017. Mais il a rapidement été abandonné, faute de débouché.
Rédaction Réussir

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