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Comment financer les bâtiments permettant de libérer les truies en maternité ?

S’il n’y a pas, encore, d’obligation réglementaire à passer ses maternités en cases liberté, les consommateurs ont des attentes en ce sens. Pour autant, ils ne sont pas forcément prêts à le traduire dans leurs actes d’achat. Sans gain technique en face, les éleveurs s’interrogent sur le financement de tels investissements.

Ne serait-ce que par l’importance que lui accordent les consommateurs, une meilleure prise en compte du bien-être des animaux est un enjeu majeur pour la durabilité des filières d’élevage. La commission européenne réfléchit à la révision de la législation relative au bien-être animal. Parmi les sujets à traiter, celui des cages en maternité. « La contention systématique est réprouvée par les Européens », constate Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France. L’association welfariste milite pour le remplacement des cages par des cases liberté. Ces cases plus grandes, avec peu ou pas de contention, sont conçues pour permettre aux truies d’exprimer leurs comportements naturels, tout en fournissant une zone de confort thermique aux porcelets. Certains pays ont déjà interdit les cages, avec une période de transition plus ou moins longue : la Suisse, la Norvège, la Suède par exemple. L’Allemagne vise leur suppression en 2035. L’Autriche exige des cases liberté dans les nouvelles constructions.

Des investissements conséquents

En France, les retours d’expérience des premiers éleveurs à en avoir installé lèvent les craintes sur les difficultés techniques. « Il y a une légère hausse du nombre d’écrasés mais les résultats restent bons, notamment avec de meilleurs poids de sevrage, constate Xavier Sauzéa, vétérinaire au Gouessant. C’est une autre gestion de la maternité qui, une fois maîtrisée, satisfait les éleveurs. »

Avec des cases plus grandes et plus chères, le principal frein reste économique. « Pour un élevage moyen de 252 truies, le passage en cases liberté demandera de construire 24 places à 6 400 euros, d’en rénover 48 à 3 200 euros. Soit un coût de 1 220 euros par truie productive. En partant sur 15 ans d’annuités, cela représente un surcoût de 3,5 euros par porc produit » chiffre Christine Roguet, économiste à l’Ifip. La chargée d’étude estime que le changement de cases pour les 800 000 truies françaises demanderait un milliard d’investissement pour des rénovations et des constructions. Sans forcément d’amélioration technique significative pour le financer.

Les consommateurs doivent assumer

Sans gain technique significatif à mettre en face, comment financer de tels investissements ? Par des aides publiques nationales, par exemple celles du plan de relance ? Par des aides européennes, dans le cadre de la PAC et des futurs éco-régimes ? De son côté, l’Allemagne réfléchit à une taxe sur les produits animaux qui financerait les mises aux normes bien-être. Cette taxe représenterait un surcoût de 35 euros par an pour les consommateurs.

Si les citoyens exigent un tel changement de pratiques, il semblerait logique qu’ils en assument une partie des conséquences financières. « Les citoyens le demandent mais les consommateurs ne sont pas prêts à payer plus de 10 à 15 % supplémentaires » estime Bertrand Morand, responsable du développement des filières chez Système U. Il rappelle que les filières avec des cahiers des charges très exigeants, donc des prix élevés, restent des niches. Le surcoût peut aussi être répercuté sur tous les maillons de la filière, avec un étiquetage permettant aux consommateurs de bien différencier les modes d’élevage et de faire leur choix en conséquence.

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