Un engraissement alternatif de porcs en test à Romillé
En septembre 2024, l’Ifip a terminé la construction sur sa station expérimentale de Romillé d’un nouvel engraissement modulable disposant d’une aire paillée et d’une courette extérieure.
En septembre 2024, l’Ifip a terminé la construction sur sa station expérimentale de Romillé d’un nouvel engraissement modulable disposant d’une aire paillée et d’une courette extérieure.





L’Ifip a construit un engraissement sur la station de Romillé pour participer à la caractérisation d’une nouvelle génération de bâtiments dont l’objectif est de permettre une meilleure expression du comportement naturel des animaux et de proposer un modèle plus en adéquation avec les attentes des consommateurs très orientées en direction du bien-être animal.
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De ce fait, il est plus ouvert, plus spacieux et offre une diversité d’aménagements aux animaux par rapport à des engraissements conventionnels : accès à l’extérieur, différents types de sol (caillebotis, gisoir, aire paillée), diversité d’objets manipulables… Ce bâtiment de 60 places est composé de deux cases identiques. Chaque case dispose d’une zone intérieure comprenant une dalle technique de 8 m² et une aire paillée de 27 m² positionnée en contrebas (deux marches de 20 cm). Les nourrisseurs sont situés sur la dalle technique qui est aussi une zone de passage vers une courette extérieure de 25 m².
Plusieurs configurations possibles
Le principal défi a été d’imaginer un bâtiment modulable pour permettre de tester diverses configurations sur la base d’une même coque de bâtiment. Voici quelques exemples d’adaptations possibles :
- Les surfaces de l’aire paillée et de la courette peuvent être modifiées grâce à un jeu de barrières déplaçables.
- La zone intérieure peut être gérée en ventilation statique ou en ventilation dynamique
- L’empoutrellement de la courette permet de travailler à la fois sur du caillebotis intégral, du caillebotis partiel ou une dalle pleine intégral.
- La courette est ouverte sur trois côtés et la toiture est démontable par tranche de 1,2 m pour permettre la réalisation de tests avec 0, 25, 50, 75 ou 100 % de découverture.
La coque du bâtiment est très ouverte et seule la toiture de la zone intérieure est isolée. Dans ce type de concept, l’objectif est d’orienter la zone de défécation du porc au niveau de la courette et son comportement de couchage dans la zone intérieure. Pour ce faire, l’aire paillée doit rester propre, sèche et confortable. Le positionnement des abreuvoirs sur la courette peut aider à correctement identifier ces zones car il apporte de l’humidité sur le sol et il crée une zone d’activité et de compétitions.
Des tests sur différents modes de logement
Ainsi, selon l’aménagement intérieur de ce bâtiment, il est possible de réaliser des tests à la fois sur différents stades physiologiques (lactation en groupe sans contention, gestante sur paille ou porc en croissance) et sur différents modes de logement : agriculture biologique, porc sur paille traditionnel en litière accumulée (en bloquant l’accès à la courette) ou porc sur caillebotis en bâtiment ouvert (en bloquant l’accès à la zone intérieure). Cette nouvelle génération de bâtiments d’engraissement perce depuis quelques années sur le terrain. Leur nombre reste encore anecdotique mais la logique est toujours la même. Ces bâtiments sont très souvent associés à une contractualisation spécifique permettant de sécuriser les investissements. De plus, ils soulèvent de nombreuses questions zootechniques (types d’émissions environnementales, types d’effluents obtenus et pouvoir fertilisant, amélioration réelle du bien-être des animaux, performances de croissance) sur lesquelles peu de réponses existent du fait d’un nombre de réalisations très faible mais aussi d’une diversité de configurations présentes sur le terrain.
Yvonnick Rousselière, yvonnick.rousseliere@ifip.asso.fr
Quatre essais à suivre dès janvier 2025
De janvier 2025 à juin 2026, l’Ifip va conduire une série de quatre essais en engraissement. Ils visent à collecter de la donnée sur ce nouveau mode de logement, et à le comparer à des concepts connus et documentés. En sortie de post-sevrage, les animaux issus de la même bande seront répartis sur trois modes de logement différents présents à la station de Romillé :
- 108 porcs seront en système caillebotis intégral classique : case de 9 porcs en bâtiment fermé avec 0,75 m² par animal
- 80 porcs seront en système paillé traditionnel : case de 40 porcs en bâtiment fermé avec 1,2 m² par animal. La coque du bâtiment est isolée et la ventilation est dynamique.
- 60 porcs seront envoyés sur le nouveau bâtiment : case de 30 porcs en bâtiment ouvert avec 1,2 m² par animal en zone intérieure (comme en système paille) et 0,8 m² par animal de courette extérieure en caillebotis intégral. La totalité des animaux en essais disposera de queues longues et la castration des mâles ne sera pas réalisée.
Pendant un an et demi, diverses mesures vont être réalisées : émissions environnementales, performances zootechniques, conditions et temps de travail, alimentation, sanitaire, occupation des zones de vie, évaluation du bien-être, caractérisation des effluents.
Y. R.
Yvonnick Rousselière Ifip-Institut du porc
« Caractériser une nouvelle génération de bâtiments »

Les résultats obtenus dans ce nouveau bâtiment viendront compléter les connaissances techniques déjà acquises dans le cadre du projet Casdar BâtiPorc C4E, piloté par l’Ifip, qui vise à imaginer et caractériser une nouvelle génération de bâtiment d’engraissement capable de concilier diverses thématiques. L’ensemble de ces connaissances sera ensuite intégré dans un outil d’évaluation multicritère, en cours de réalisation, pour permettre à un éleveur de comprendre l’incidence d’un choix technique ou d’un changement de pratique sur cinq thématiques : le travail, l’environnement, l’économie, le sanitaire et le bien-être animal.
Présentation du projet sur le site de l’Ifip :
Vidéo :