Aller au contenu principal

Bâtiment bien-être en porcs charcutiers : premiers retours d'expérience de l'EARL de la Cour

Les associés de l’EARL de la Cour ont fait le pari de concilier bien-être animal avec performances technico-économiques et conditions de travail dans leur nouveau bâtiment d’engraissement sorti de terre en 2021. 

Des réussites et quelques mises au point. C’est le bilan de la première année des associés de l’EARL de la Cour dans leur nouveau bâtiment d’engraissement de 1 920 places implanté à Andel, dans les Côtes-d’Armor.

L’objectif était clair : répondre aux exigences élevées en matière de bien-être animal du cahier des charges de Kermené Collectif niveau 2, tout en optimisant les performances techniques, le sanitaire et les conditions de travail. « La consolidation technico-économique de notre projet a reposé d’une part sur la plus-value offerte par le cahier des charges, mais aussi sur les synergies permises entre le bâtiment et l’unité de méthanisation », explique Arnaud Garoche, l’un des trois associés de l’élevage. Avant de préciser : « c’est bien la cohérence de notre système dans son ensemble qui nous a permis d’atteindre notre objectif ». Une porte ouverte avait été organisée en février 2021 (cf Réussir Porc, mai 2021 page 24). Pour rappel, les huit salles d’engraissement de 240 places du bâtiment Isotek (I-Tek) sont composées de huit cases d’une capacité de 30 porcs chacune. Dans chaque salle, quatre lignes de raclages en V permettent une évacuation différenciée des déjections solides et liquides. La fraction solide est envoyée quotidiennement dans le méthaniseur en cogénération pour produire du biogaz. Ce dernier produit de la chaleur, dont une partie est utilisée sous forme d’eau chaude pour préchauffer l’air entrant dans les salles du bâtiment d’engraissement au moyen d’aérothermes situés à l’entrée des gaines de ventilation.

De la paille pour le bien-être et la méthanisation

Originalité du bâtiment, de la paille est apportée automatiquement dans chaque case comme matériau de fouissage et de manipulation pour les porcs. Le système consomme environ 350 kilos de paille par semaine. Une trémie est installée entre deux cases, et la paille broyée tombe sur une surface pleine et non pas sur le caillebotis. « Nous avons tout de suite fait le lien entre utilisation-valorisation de la paille et notre méthaniseur, précise l’éleveur. Une partie de la paille est ingérée par les cochons, ce qui reste tombe dans la préfosse et est évacué par le racleur. » Interrogé sur le fonctionnement de sa pailleuse, Arnaud Garoche répond : « elle fonctionne bien, à condition que la paille ne soit pas humide. Nous avons programmé une seule distribution quotidienne pour l’instant, l’après-midi à 14 h 30, à raison de 25-30 grammes par porc et par jour ». Dès l’ouverture des trémies, les animaux montrent un fort intérêt en se regroupant pour accéder à la paille au sol. « Celle-ci vient en plus du bois et de la chaîne comme matériaux manipulables. Nous pourrons augmenter les apports de paille, sous réserve d’une meilleure valorisation économique de nos charcutiers. » Le prix du bien-être animal.

Plus de surface pour de meilleures performances

Toujours dans la lignée d’un bien-être animal amélioré, la surface supplémentaire allouée par porc fait partie intégrante de la réussite du système. Au lieu des 0,65 m² par porc réglementaires, les animaux disposent ici de 0,84 m² par porc. « Nous avions fait des essais dans nos anciens engraissements. L’augmentation des surfaces permet d’améliorer les performances et le sanitaire », précise l’éleveur. Celui-ci envisage d’ailleurs d’appliquer cette stratégie aux autres bâtiments de l’élevage. D’après lui, « c’est un surcoût qui vaut le coup ». Le raclage contribue également à améliorer l’ambiance dans les salles. Sur un coût à la place annoncé à 750 euros, il a représenté environ 150 euros (racleurs : 100 € et maçonnerie : 50 €).

Un entretien à ne pas négliger

Tout comme les espaces vides sous les cloisons entre les cases qui facilitent le lavage, les aérothermes — déterminant pour assainir l’ambiance — sont aussi à mettre au chapitre des bonnes décisions sans oublier les larges fenêtres équipées d’un film anti-UV. Un programmateur fixe la plage pour la lumière artificielle. Les porcs des cases situées à proximité des fenêtres bénéficient en plus de la lumière naturelle. « La principale modification du bâtiment a été l’installation d’un dispositif de freinage de l’entrée d’air », explique l’éleveur. L’air entre dans les salles directement de l’extérieur par une gaine sous le couloir des salles via des poteaux suisses. « Suite à quelques problèmes au démarrage du bâtiment, avec notamment quelques épisodes de caudophagie, nous avons réalisé un diagnostic de ventilation. La présence de coups de vents au niveau des entrées d’air côté sud a été détectée. En réponse, nous sommes en train de monter des murets en parpaings pour éviter les variations de vitesse d’airs à l’entrée de la gaine et des salles », explique Arnaud Garoche. Autre point de vigilance : la maintenance sur les racleurs. Ces derniers fonctionnent six fois par jour, uniquement en journée. « Pour éviter les problèmes, nous passons dans la gaine tous les 15 jours pour contrôler et graisser l’ensemble des racleurs. Ce temps-là, nous ne l’avions pas vraiment anticipé, détaille l’éleveur. Nous avons installé des néons dans la gaine pour faciliter le travail. » Arnaud Garoche est satisfait du confort apporté par la conception et l’aménagement du bâtiment qui ont amélioré leur quotidien. « On respire mieux et on voit bien dans les salles. Nous avions essayé d’améliorer au maximum les conditions de travail, notamment pour le lavage. C’est réussi sur ce point-là ! » Une belle réalisation qui illustre une nouvelle fois la nécessité d’intégrer les exigences, parfois contraignantes et coûteuses, des cahiers des charges mieux-disants sur le bien-être animal à l’échelle du bâtiment, voire du système d’exploitation. À l’EARL de la Cour, le bâtiment d’engraissement et l’unité de méthanisation s’articulent ensemble. De quoi exploiter toutes les synergies possibles et maintenir un bon équilibre.

Les plus lus

éleveur de porcs et ses salariés
La considération : une clé de la fidélisation des salariés en élevage de porcs

David Riou est éleveur à Plouvorn, dans le Finistère. Pour fidéliser et motiver ses quatre salariés, il est attentif à l’…

Caroline Grard : « L’arrêt de la coupe des queues, et plus largement ma réflexion globale sur le bien-être de mes animaux ont du sens auprès des consommateurs. »
Bien-être animal : « j’ai arrêté de couper la queue de mes porcelets »

Caroline Grard a arrêté de couper les queues des porcelets de son élevage depuis trois ans et demi. Cette mesure entre dans…

Jeunes installés en production porcine
Installation en porc « Nos parents nous ont permis de reprendre notre exploitation familiale dans de bonnes conditions »

Caroline Le Merrer et Ludovic Gestin ont repris l’exploitation familiale le 1er janvier 2023. La…

bâtiment porcin
Comment organiser les zones de vie des porcs charcutiers en engraissement ?
De nombreux concepts de bien-être animal portent sur le fait de laisser le choix à l’animal. Concernant les zones de vie, leur…
Les tests sur les queues entières sont réalisés dans des élevages conventionnels représentatifs de la production française.
Des queues entières en test dans dix élevages de porcs français

Le projet interprofessionnel national C3PO vise à identifier les bonnes pratiques d’élevage de porcs à queue entière et à…

Sélection de porcs sociables
Danbred veut sélectionner des porcs « sociables »

 

Une étude du Seges, le centre de recherche de la filière porcine danoise, affirme que la sociabilité des porcs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)