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Des caméras pour piloter l’alimentation des truies

Le projet de recherche SoMove auquel participe l’Ifip utilise des caméras et l’analyse d’images automatisée pour gérer le plus finement possible l’alimentation des truies gestantes. Les animaux sont identifiés individuellement par les antennes RFID des automates d’alimentation.

Le projet SoMove, piloté par l’Inrae en partenariat avec l’Ifip, a pour objectifs de suivre les truies en temps réel et de déterminer leur posture, leur localisation dans la case et leur activité durant la journée via des caméras installées au plafond. 

Lire aussi : Comment la technologie RFID UHF évalue le taux d’occupation des courettes extérieures en élevage de porcs ?

Ces données doivent permettre pour chacune des truies présentes de déterminer leur niveau d’activité afin de piloter automatiquement leur alimentation et de suivre individuellement leur bien-être et leur santé le plus finement possible. 

Lire aussi : La reconnaissance faciale des porcs est-elle pour demain?

En effet, la dépense énergétique dépend notamment du temps passé en position couchée, debout immobile ou en mouvement. Les automates d’alimentation serviront aussi à identifier les animaux suivis par les caméras.

Dans les faits, un logiciel de traitement d’images attribue un numéro fictif à chaque truie détectée. Ce numéro ne correspond pas à l’identifiant réel de la truie dans l’élevage. L’un des objectifs du projet SoMove est donc de faire le lien entre numéro fictif et numéro de boucle réel grâce aux antennes RFID équipant notamment les automates d’alimentation.

 

 
caméra grand angle sur des truies
Des caméras grand angle permettent de limiter le nombre de caméras dans une même salle. © Ifip

Suivi des truies en continu

Un des grands enjeux du projet est de réussir à suivre les truies en direct sans perdre des informations. Pour cela, le logiciel, developpé par dilepix, doit être capable de suivre les truies en continu entre chaque pointage par une antenne RFID, et ce, quels que soient les croisements, couchages ou interactions entre les animaux ou avec les animaliers. 

Ce suivi sans perte de la trace est d’autant plus complexe qu’une seule caméra ne peut suffire à couvrir l’ensemble de la case, et s’accentue si le nombre d’animaux par case est important. Une mosaïque de plusieurs caméras qui doivent donc fonctionner en parallèle. 

Chacune doit reconnaître chaque truie sans pertes ni doublons. À terme, le taux de réussite de ce suivi impliquera peut-être des ajouts d’antennes RFID à des endroits stratégiques de la salle pour multiplier le nombre de points de connexion entre la trace du logiciel caméra et la boucle RFID de l’animal.

 

 
Un lien entre les caméras et les antennes RFID permet d'identifier individuellement chaque truie
Un lien entre les caméras et les antennes RFID permet d'identifier individuellement chaque truie © Ifip

Logiciel d’analyse d’images

La première phase du projet, démarré en 2023, consistait notamment à collecter des images dans les bâtiments des truies gestantes des stations expérimentales de l’Inrae à Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine) et de l’Ifip à Romillé (Ille-et-Vilaine). 

L’objectif était de développer un logiciel d’analyse d’images permettant de localiser les truies, détecter leur posture et les identifier. Cette première brique a permis de créer une première version du logiciel qui va maintenant être testée puis réentraînée à l’aide de nouvelles images collectées chez des éleveurs partenaires du projet de la coopérative Cirhyo et l’élevage du centre de formation de Canappeville (Eure). 

Ces images prises dans des contextes différents sont indispensables à la création d’un algorithme fiable et robuste, afin d’éviter qu’il soit trop spécifique aux élevages de l’Ifip et de l’Inrae. La diversité est indispensable. Elle peut venir des animaux (génétique, rang de portée, l’état d’engraissement…), mais également de l’environnement (éclairage, type de sol, taille des cases, couleur des murs…). Les conclusions du projet devraient être diffusées à partir de 2025.

Johan Thomas et Anna Blanc (Inrae), johan.thomas@ifip.asso.fr

Vers des indicateurs de bien-être

En parallèle du développement du logiciel d’analyse d’images, l’analyse des données collectées par les caméras devrait permettre de travailler sur la santé et le bien-être des truies, en tenant compte des difficultés de locomotion et des interactions entre elles ou avec les éléments d’enrichissement mis à leur disposition. Pour cela, les caméras identifient trois points de chaque animal : le groin, le cou et la queue. La localisation de ces trois points permettra ensuite de détecter automatiquement les interactions sociales positives et négatives via la proximité entre les truies et leur point de contact (groin-groin, groin-queue…). La création d’un sociogramme et la détection automatique d’interactions sociales permettraient de mieux comprendre la hiérarchie au sein du groupe de truies et ouvrir de nouvelles pistes pour différentes applications terrain.

De nouvelles technologies d’analyse de l’activité

Johan Thomas, Ifip-Institut du porc

Le projet Bealim piloté par l’Ifip et l’Inrae en 2018 avait déjà porté sur le suivi de l’activité des truies pour piloter l’alimentation, mais également pour monitorer la santé et le bien-être animal via des accéléromètres placés sur chaque individu. Les résultats étaient encourageants. Cependant, la durabilité des accéléromètres auriculaires des truies a été un frein à la diffusion de cette technologie sur le terrain. Les progrès des technologies d’analyse automatique d’images et l’amélioration du matériel et des puissances de calcul utilisés dans ce projet SoMove offrent de nouvelles possibilités prometteuses d’analyse de l’activité des truies.

Partenaires

Le projet Casdar SoMove est piloté par l’Inrae, en partenariat avec l’entreprise rennaise Dilepix, la coopérative Cirhyo, le CFA de Canappeville et l’Ifip.

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