Coup de chaleur : le desserrage des porcs en fin d’engraissement ne pénalise pas la marge par porc sorti
À la ferme expérimentale des Trinottières, un desserrage précoce vers 150 jours d’âge pour offrir une surface de 1,10 m2 par porc restant en fin d’engraissement a eu très peu d’impact économique.
À la ferme expérimentale des Trinottières, un desserrage précoce vers 150 jours d’âge pour offrir une surface de 1,10 m2 par porc restant en fin d’engraissement a eu très peu d’impact économique.


En période de forte chaleur, les porcs cherchent la fraîcheur en se couchant sur le sol en béton (plus frais).
Il est donc important de leur donner suffisamment de place en fin d’engraissement pour qu’ils puissent tous s’étendre en position latérale confortablement sur le sol. Une solution pour augmenter la surface par porc en fin d’engraissement consiste à vendre de manière anticipée une partie des porcs vers 150 jours d’âge. Un test réalisé à la ferme expérimentale de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire démontre que cette pratique n’impacte pas le résultat économique de l’élevage.
Des croissances améliorées
Les résultats obtenus lors de cet essai montrent qu’en augmentant la surface par porc présent à 1,10 m2 grâce à la vente de quatre porcs par case de quinze places à un poids vif de 100 kg environ, la vitesse de croissance s’améliore d’environ 20 grammes par jour sur l’ensemble de la période d’engraissement par rapport à des cases témoins dont les porcs ne sont pas détassés. Ce résultat s’explique à la fois par une croissance supérieure des porcs abattus précocement par rapport aux quatre porcs les plus lourds de chaque case témoin et une croissance également plus élevée des porcs restants après le desserrage par rapport aux onze porcs les plus légers de chaque case témoin.
Des carcasses plus légères
Au final, les porcs du lot desserré sont abattus en moyenne plus jeunes (166 jours d’âge contre 171 pour le lot témoin) et plus légers (117,8 kg de poids vif contre 120,8 kg pour le lot témoin). Avec des conditions climatiques encore plus chaudes, les performances du lot témoin auraient probablement été dégradées (baisse d’appétit, ralentissement de la croissance), réduisant l’écart de poids d’abattage avec le lot desserré. Le desserrage précoce favorise également une baisse du taux de pertes en fin d’engraissement mais ce critère reste difficile à quantifier. Cette pratique pourrait également s’avérer favorable pour limiter la caudophagie dans le cas de l’élevage de porcs à queues entières.
Une meilleure plus value à l’abattoir
Le desserrage précoce des porcs en fin d’engraissement entraîne un poids froid de carcasse plus faible (92,7 kg en moyenne contre 95,1 kg pour le lot témoin) et une plus-value globale supérieure (0,177 € / kg contre 0,161 € / kg pour le lot témoin). L’amélioration de la plus-value est due au pourcentage plus élevé de porcs dans la gamme pour le lot desserré, tandis que pour le lot témoin plusieurs porcs hors gamme (trop lourds) sont observés lors du premier départ à l’abattoir. À l’inverse, le taux de muscle des pièces (TMP) est identique dans les deux lots.
La marge par porc n’est pas pénalisée
La pratique du desserrage précoce des porcs en fin d’engraissement entraîne une économie d’aliment de 11 kg par porc sorti en lien avec la durée d’engraissement raccourcie de 5 jours environ, tandis que l’indice de consommation est identique à celui du lot témoin. Dans le contexte économique du début de l’année 2025, avec un prix cadran à 1,68 € / kg et un prix d’aliment engraissement à 230 € / tonne, le détassage testée aux Trinottières n’a pas pénalisé pas la marge par porc.
Pour que cette pratique reste rentable, l’économie d’aliment, la hausse de la plus-value et la baisse du taux de pertes doivent compenser la baisse du poids moyen de carcasse. Le desserrage précoce est donc d’autant plus avantageux quand l’aliment est cher et que le prix cadran n’est pas très élevé. La rentabilité économique est également très liée à l’écart des performances de croissance par rapport au lot témoin, lui-même influencé par la fréquence de journées très chaudes.
Florence Maupertuis, florence.maupertuis@pl.chambagri.fr
Florence Maupertuis, chambre d’agriculture des Pays de la Loire
Une solution pour améliorer le confort thermique en fin d’engraissement
"L’augmentation de la surface par porc en fin d’engraissement est indispensable pour améliorer le confort thermique des porcs lors des périodes de forte chaleur. Les rapports scientifiques (EFSA) recommandent d’augmenter les surfaces par animal lorsque la température dépasse 25 °C, ceci afin de lui permettre d’accomplir son comportement normal et la réalisation de ses besoins physiologiques. Ainsi en période chaude, les surfaces pour les porcs de plus de 85 kg devraient passer à 1,10 m² par porc. Le desserrage précoce en fin d’engraissement est l’une des solutions permettant d’atteindre cet objectif. L’autre solution consisterait à réduire le nombre de porcs entrés en engraissement durant l’été à l’image de ce qui est pratiqué en filière avicole par exemple, mais dans ce cas l’impact économique serait beaucoup plus important".
Côté web
Retrouvez tous les livrables au fil de l’eau sur le site internet du projet Fermadapt en cliquant ici
Repères
Trois bandes de porcs ont été suivies au cours des étés 2023 et 2024 dans un bâtiment des Trinottières équipé d’un système de cooling pour refroidir l’air entrant. Cet essai a été réalisé dans le cadre du projet Fermadapt PDL qui explore des leviers d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de l’impact des élevages. Piloté par la chambre d’agriculture Pays de la Loire et financé par la région Pays de la Loire, il s’inscrit dans le cadre d’un projet structurant interrégional Bretagne-Pays de la Loire dédié à l’impact du changement climatique sur les filières agricoles végétales et animales.