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Petits fruits rouges : « Nous souhaitons développer nos surfaces pour faciliter la transmission »

Producteurs de petits fruits depuis trente ans en Corrèze, Mireille et Thierry Durand cultivent principalement de la framboise, et depuis peu de la mûre. Après s’être spécialisés, leurs investissements sont désormais tournés vers la qualité de leur produit, l’adaptation au changement climatique et à terme à la transmission de leur exploitation.

La framboise est arrivée sur l’exploitation de Mireille et Thierry Durand en 1995, en alternative à la production de tomate sous serre chauffée et tunnel hors-gel. Par la suite, les responsables de l’EARL de la Chapelle ont structuré leur entreprise, proche de Brive, en fonction du développement du marché de la framboise et du succès de leur marque « Les Gourmandines ».

Investissement dans des abris légers

Stratégie de vente directe auprès de restaurateurs, détaillants spécialisés et épiceries fines pour valoriser le haut de gamme, l’EARL de la Chapelle commercialise la totalité de sa production. Elle est composée de 80 % de framboise, soit 100 tonnes, et désormais enrichie par 20 tonnes de mûres produites sur l’exploitation. Le complément de la gamme fruits rouges demandée par les clients est assuré par la myrtille (10 tonnes) et la groseille (5 tonnes) que l’entreprise se procure auprès d’autres producteurs locaux. Au cours de la spécialisation de leur entreprise, les investissements de Mireille et Thierry Durand ont été réorientés vers des abris légers, qui ont progressivement colonisé les abords de la maison et des bâtiments d’exploitation pour maintenant s’étendre quasiment sur toute la surface disponible soit cinq hectares.

 
L’EARL de Chapelle commercialise la totalité de sa production en vente directe auprès de restaurateurs.

L’EARL de Chapelle commercialise la totalité de sa production en vente directe auprès de restaurateurs. © EARL La Chapelle

« On ne se développe plus par manque de foncier, mais nous souhaitons y arriver pour faciliter la transmission de l’exploitation le jour venu », commente le couple de quinquagénaires. La stratégie commerciale de l’entreprise a conduit vers la sélection de variétés gustatives, notamment Tulameen cultivée pendant plus de vingt ans, mais qui a été abandonnée depuis cinq ans. L’évolution du climat, en particulier les températures supérieures à 35 °C, est directement à l’origine de ce choix. « Par forte température, le pollen de cette variété devient stérile, ce qui entraîne une diminution de la qualité des fruits et des malformations, avec pour conséquence de très gros écarts de tri (20 à 30 %). Et parfois même pas de récoltes sur la période qui correspond à une mauvaise pollinisation », explique Thierry Durand.

Technique de « plants programmés »

Le remplacement de cette variété a été une étape déterminante pour l’entreprise dont l’image de produit haut de gamme est directement rattachée à la qualité gustative des variétés. « Nous avons eu le sentiment de prendre un risque important. Nous avons testé Vajolet et Lagoraï pendant deux ans. Puis, nous avons uniquement conservé Vajolet qui passe mieux en période estivale », témoigne le responsable de l’exploitation. Selon lui, Vajolet est plus précoce, productive, avec une couleur de fruit moins foncée que Lagoraï, qui satisfait plus la clientèle fidèle à la marque Les Gourmandines. « C’est la seule qui présente un fruit conique, clair, de 6 à 8 g correspondant à nos critères. De plus, son meilleur calibre permet d’améliorer les rendements de récolte », assure le producteur. Aussi, Vajolet est depuis cinq ans la variété unique cultivée par l’EARL de la Chapelle. Celle-ci est cultivée selon la technique de « plants programmés ». 80 % d’entre eux sont achetées à un pépiniériste aux Pays-Bas avec deux cannes de 2 m et une somme de froid déterminée. La densité de plantation est de 0,9 plant/m2, soit deux plants et quatres cannes par mètre linéaire sur deux rangs dans un tunnel 5 m.

Recaler une unité de production

« Aux Pays-Bas, la préconisation est de cinq cannes par mètre, mais il faut voir l’impact de cette augmentation sur le niveau de rendement, la qualité de fruit et la vitesse de cueillette », commente Thierry Durand dont l’objectif est d’obtenir a minima 2,5 kg de fruits par plant (voir encadré). Les premières entrées de plants sont réalisées dès la mi-janvier pour des premières récoltes prévues fin avril sur cinq semaines. Les dernières mises en culture se font avant le 5 août, ce qui permet de produire et de commercialiser des framboises jusqu’à fin novembre. Sur les cinq hectares de tunnels, Mireille et Thierry Durand réalisent une double rotation. Ainsi, sur les deux hectares plantés précocement, la culture est enlevée dès la récolte terminée, puis replantée avec de nouveaux plants. « Débarrasser et remettre en place les plants représentent environ 50 % du temps de travail nécessaire à la conduite de la culture (hors récolte), mais cela permet de recaler une unité de production supplémentaire pour la fin de campagne », mentionnent les spécialistes.

Investir pour faire de la qualité

 

 
L'Earl de la Chapelle souhaite adaptée ses abris à l'évolution climatique.
L'Earl de la Chapelle souhaite adaptée ses abris à l'évolution climatique. © RFL

Il y a huit ans, pour faire face aux évolutions climatiques et répondre à ses objectifs de qualités, l’EARL de la Chapelle a investi dans la brumisation : celle-ci a permis de « recréer un climat satisfaisant » en diminuant les températures excessives et en augmentant l’hygrométrie. Dans un second temps, toutes les allées ont été enherbées. Pour l’heure, ces moyens techniques sont parfois insuffisants, et les responsables craignent que ces situations à risques s’accentuent. Trois solutions sont envisageables : avoir des variétés adaptées comme Vajolet, produire en altitude (ce qui n’est pas exclu) et adapter les structures de production. Pour l’heure, Mireille et Thierry Durand prévoient de monter 6 000 m2 de serre double paroi 9,60 m avec 5 m sous cheneaux en 2024 puis un agrandissement en 2025.

Quels critères à maîtriser pour faire la marge ?

 

 
Un gros calibre de fruit se valorise mieux et améliore le rendement des cueilleurs.
Un gros calibre de fruit se valorise mieux et améliore le rendement des cueilleurs. © EARL La Chapelle

« Le prix de vente est le paramètre le plus difficile à maîtriser », confie Thierry Durand. Mais d’autres paramètres sont rattachés selon lui au savoir-faire du producteur et pour lesquels il livre quelques chiffres :

Le rendement visé est de 2,8 à 3 kg par plants et ne doit pas descendre sous les 2,5 kg ;

Le calibre de fruit doit être de 6 à 8 grammes, indispensable pour la qualité du produit et le rendement de cueillette ;

L’écart de tri doit être inférieur à 5 % sur toutes les récoltes ;

La vitesse de cueillette se situe entre 6 et 8 kg/heure.

Parcours

1995 première production de framboise

1997 création de l’EARL de La Chapelle

2005 lancement de la marque Les Gourmandines

2024 projet de construction d’une serre DPG de 6 000 m2

2025 projet d’agrandissement de 6 000 m2

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