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Sheepnet va renaître de ses cendres

Après trois ans d’échanges intra-européens autour de la productivité des ovins, le projet Sheepnet touche à sa fin. Mais la suite ne devrait pas se faire attendre trop longtemps.

Initié il y a trois par l’Institut de l’Élevage, le réseau Sheepnet compte aujourd’hui plus d’une centaine de participants, issus de huit pays européens qui sont la France, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, l’Écosse, la Roumanie, la Turquie et la Finlande. Premier programme européen dédié à l’élevage ovin, il devrait faire des émules et une suite directe est déjà programmée, toujours pilotée par l’Institut de l’Élevage. Jean-Marc Gautier de l’Institut de l’Élevage est à l’origine de ce projet : « avant Sheepnet, nous travaillions déjà en France sur la question de la mortalité de l’agneau avec le programme Robustagno. Il y avait aussi dans chacun des pays membres beaucoup de recherches autour de cette question mais sans résultats probants et sans diminution de la mortalité en élevage. Nous en avons déduit que le transfert de connaissances entre éleveurs et chercheurs ne se faisait pas bien. » Et le partage des connaissances et des expériences de chacun, c’est tout le sel de Sheepnet. Les pays membres se réunissent régulièrement (tous les six mois) et des réunions techniques nationales ont lieu dans chaque pays pour permettre aux éleveurs, chercheurs et techniciens qui ne font pas partie des délégations de prendre part à ces réflexions. Il était nécessaire d’avoir un panel large de professionnels et d’experts de la filière pour définir les axes de travail parmi la multitude de paramètres qui peuvent engendrer de la mortalité chez les jeunes ovins.

Des trucs et astuces qui peinent à s’imposer

Ainsi, le réseau européen a décidé de se tourner vers l’amélioration de la reproduction, une meilleure surveillance de la gestation et des premiers jours des agneaux. Les éleveurs et chercheurs des délégations ont présenté des trucs et astuces facilement reproductibles sur les exploitations de chacun avec pour but de mettre à portée de tous des solutions pour améliorer la productivité numérique du troupeau. Sheepnet base aussi la bonne dissémination des travaux du réseau sur la coordination des différents programmes et ateliers pratiques dans chaque pays. En France par exemple, Sheepnet a fait écho aux programmes Robustagno, Anio, aux travaux de la ferme du Ciirpo… Lors des séminaires internationaux, les membres du réseau ont pu visiter de nombreuses exploitations allaitantes et laitières, avec des systèmes d’élevage très différents. Cependant, les animateurs de Sheepnet ont noté que les trucs et astuces, bien que jugés utiles par les éleveurs, n’étaient pas très souvent mis en place. Bruno Alayrac, éleveur de brebis allaitantes dans le Lot, tente d’expliquer : « ce n’est pas toujours facile d’admettre que nous ne faisons pas notre travail de la meilleure manière et il nous faut du temps pour accepter de changer nos pratiques. » Pour Thierry Boy, lui aussi éleveur dans le Lot, la raison est plus terre à terre : « si notre système fonctionne déjà assez bien, c’est compliqué de mettre des nouvelles pratiques en place, apprendre à se réorganiser avec. Nous n’avons pas toujours le temps et pas toujours le recul. Ce sont des changements qui s’opèrent au long terme, après réflexion. »

Des expériences appréciables pour chaque pays membre

L’animatrice de la délégation turque, Sezen Ocak explique l’intérêt du réseau pour elle et ses compatriotes : « l’organisation de la production ovine française est impressionnante. Les coopératives, les organismes de sélection et les réseaux techniques, tout cela concourt à la qualité de la viande et au bon fonctionnement de la filière. Nous avons acquis beaucoup de connaissances grâce à Sheepnet, c’est primordial pour nous car, en Turquie, quasiment toute la recherche est dédiée aux bovins. » Pour partager avec un plus grand nombre les avancées de Sheepnet, les membres du réseau se sont tournés vers la vidéo. Des petits films de quelques minutes, sous-titrés, donnent les clés pour la mise en place de chaque astuce identifiée. Le réseau a aussi travaillé à l’édition d’une vingtaine de fiches techniques disponibles sur le site sheepnet.network/fr, à l’instar des videos. L’objectif de Sheepnet de créer un réservoir de connaissances a donc été atteint à l’issue de ces trois années de travail et d’échanges internationaux.

La suite arrive en 2020

Mais le réseau ne devrait pas disparaître. L’Institut de l’Élevage se lance dans un nouveau programme qui démarrera en janvier 2020 pour une durée de trois ans. Euro Sheep sera basé sur les mêmes principes forts que Sheepnet, à savoir l’approche multi-acteurs, les échanges en priorité et le partage d’expériences. « Euro Sheep repartira sur les nouveaux besoins identifiés à la fin de Sheepnet, l’amélioration de l’alimentation et de la santé du troupeau avec la volonté d’aller vers des systèmes durables, autant en conditions de travail et en impact environnemental », précise Pierre-Guillaume Grisot, qui anime le nouveau programme pour l’Institut de l’Élevage. De nouvelles régions françaises seront mobilisées dans le réseau avec notamment l’entrée de la zone alpine. L’Union européenne alloue un budget de deux millions d’euros et huit pays prennent part à Euro Sheep (France, Espagne, Italie, Écosse, Irlande, Turquie, Hongrie et Grèce). L’objectif d’Euro Sheep est de trouver des solutions innovantes en termes de communication et de diffusion des résultats de recherches, en reprenant les belles avancées de Sheepnet en la matière.

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