Les productions de lait de brebis et de viande ovine reculent en 2024
Dans un contexte de coûts des matières premières qui restent élevés, les productions françaises de viande ovine et de lait de brebis ont de nouveau reculé au cours de l’année 2024, pénalisées par la diminution du cheptel de reproductrices et la médiocre qualité des fourrages.

L’épidémie de fièvre catarrhale ovine (FCO), avec notamment les sérotypes 3 et 8, est venue impacter plusieurs zones d’élevages en France au second semestre 2024, aggravant la baisse tendancielle des abattages. Les importations de viande ovine ont parallèlement légèrement diminué, accentuant la réduction du disponible consommable. Elles ont progressé de Nouvelle-Zélande et d’Espagne mais ont reculé en provenance du Royaume-Uni et d’Irlande.
Cette baisse de l’offre a entraîné une poursuite de la hausse des prix payés aux producteurs. Du côté de la consommation, malgré un léger ralentissement de l’inflation, le budget des ménages reste sous pression, pesant sur les achats de viande ovine et de produits à base de lait de brebis. Les achats de produits laitiers ou de viandes issus de certaines autres filières de ruminants repartent doucement à la hausse, notamment via à une baisse de leur prix moyen.
Un Ipampa en baisse
À l’échelle des exploitations, si les coûts des engrais, carburants et aliments achetés ont fortement baissé, ceux de l’électricité et des soins vétérinaires ont continué de grimper. L’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) a ainsi reculé de 3,7 % en production allaitante et de 4,2 % pour le lait de brebis. Cette meilleure conjoncture en matière de prix des intrants et des produits a permis d’améliorer les revenus, sauf pour les exploitations les plus touchées par la FCO ou celles associant ovins et grandes cultures.
Au niveau de l’Union européenne (UE) à 27, la situation a été similaire : en 2024, la production de viande ovine a diminué sous l’effet de diverses épizooties (FCO, peste des petits ruminants, clavelée, etc.) et du recul des cheptels, provoquant une flambée des prix chez la plupart des producteurs. Les importations de viande ovine de l’UE à 27 ont également baissé après deux années de hausse : la chute en provenance du Royaume-Uni n’a pu être amortie par la hausse de Nouvelle-Zélande. Cela a accentué la diminution du disponible communautaire pour la deuxième année consécutive, entraînant une baisse des exportations de viande ovine issues de ces pays.
Les volumes océaniens arrivent en Europe
La Chine, confrontée à une saturation de son marché en viande ovine, a vu sa production, ses importations et ses prix se contracter, rendant ce marché moins attractif pour les grands exportateurs : l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont alors réorienté leurs expéditions vers l’Europe et l’Amérique du Nord. L’entrée en vigueur des accords de libre-échange entre l’Australie/la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, en 2023, a provoqué un net regain des importations britanniques de viande ovine océanienne, et la tendance s’est accentuée en 2024.
Pour 2025, la production ovine mondiale devrait encore se réduire, en raison du recul des cheptels européens et néo-zélandais, tandis que le Royaume-Uni et l’Australie prévoient d’augmenter leurs exportations. Sur les premiers mois de 2025, l’Australie fait de nouveau face à de graves aléas climatiques. L’évolution des épizooties est aussi un facteur à prendre en compte pour déterminer l’évolution de la production, surtout en Europe.
Le devenir de la demande mondiale dépendra largement de la reprise du marché chinois, qui se confirme début 2025, et de la dynamique de la demande maghrébine en viande comme en vif, également positive sur la période, grâce à la vigueur des importations de viande ovine par l’Algérie et d’ovins vivants par le Maroc.
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