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Les paramètres à prendre en compte pour le soin des ovins par les plantes

Avec des produits faciles d’accès en pharmacie ou dans le commerce, la phytothérapie pourrait sembler facile à mettre en œuvre. Mais cette pratique, comme toute médecine, nécessite formation et prudence.

Le néophyte qui souhaiterait se lancer dans la phyto-aromathérapie pourrait être découragé de prime abord par la quantité et la diversité de remèdes existants. « Une recette qui fonctionne dans un élevage a de forts risques de ne pas fonctionner sur un autre troupeau pour une même pathologie, rappelle Marlène Guiadeur. En effet, tout dépend du stade de développement de la maladie, de la concentration du traitement, de la qualité des produits utilisés, du système d’élevage… ». C’est d’ailleurs la première étape à intégrer lorsque l’on se forme à cette pratique. Vient ensuite le temps de réponse, qui sera en général de quelques jours à quelques semaines, soit dans certains cas moins rapide qu’avec les médicaments issus de la chimie. De plus, l’action des traitements allopathiques sera toujours plus forte et efficace dans des infections aiguës, lorsque la vie de l’animal ou l’intégrité d’un de ses organes est menacée.

Des interactions indésirables entre chimie et phytothérapie

Attention toutefois à ne pas mélanger les traitements, il est probable que les traitements à base de plantes puissent interagir avec les molécules chimiques, entraînant des effets secondaires voire indésirables. Il est par ailleurs nécessaire de se renseigner sur les capacités modificatrices des qualités organoleptiques que certaines huiles essentielles peuvent avoir sur le lait ou la viande.

La phyto-aromathérapie présente l’avantage d’être utilisable avec toutes les espèces animales et dans tous les systèmes de production, qu’ils soient 100 % herbagers ou en bergerie intégrale. Les huiles essentielles sont souvent utilisées pour une action localisée, anti-infectieuse ou anti-inflammatoire, alors que les plantes ont souvent un rôle de soutien de l’organisme et de renforcement du système immunitaire. Ainsi, il peut être recommandé de mettre en œuvre ces deux médecines simultanément.

Voie orale ou cutanée selon la pathologie à traiter

Les produits de la phyto-aromathérapie sont administrables par voie orale ou externe. La voie orale est plus simple à mettre en œuvre car les produits sont ajoutés directement dans la ration. Cependant l’acidité des sucs gastriques, la dilution et la destruction des principes actifs dans le rumen peuvent diminuer l’efficacité du traitement. De plus, les huiles essentielles, fortes en goût, ne sont généralement pas très appétentes pour les animaux. La voie cutanée va être intéressante pour des actions locales, sur des traumatismes ou des petites plaies, telles que les oreilles au moment de la pose des boucles. Les zones d’application en ovin sont vite limitées par la laine qui empêche l’action des produits.

Se former aux médecines complémentaires, une nécessité

« Il faut absolument garder en tête que le traitement par phytothérapie, huiles essentielles ou allopathie, c’est toujours de la médecine et ça ne s’improvise pas », défend Loïc Guiouillier. De fait, une formation ou au moins une initiation à ces pratiques est fortement recommandée si l’éleveur veut être autonome dans ses décisions. « Les éleveurs formés sont en mesure de faire une partie des traitements, mais il n’est pas souhaitable de se passer complètement de l’expertise d’un vétérinaire », souligne-t-il encore. Il conseille aux personnes souhaitant pratiquer les médecines complémentaires par elles-mêmes sur leur troupeau de mesurer les limites de leurs connaissances.

Ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'avec l'allopathie

« Il faut déjà poser le bon diagnostic pour mettre le bon traitement en face et c’est rarement simple, du fait des nombreux facteurs qui interviennent dès lors que l’on travaille avec du vivant. » Loïc Guiouillier insiste sur l’importance de ne pas reproduire avec les médecines complémentaires les mêmes erreurs qui ont pu être faites avec l’allopathie en traitant trop souvent, trop fort, trop d’animaux, ce qui entraîne aujourd’hui les phénomènes de résistance des pathogènes.

La phytothérapie dans la balance des frais vétérinaires

« Si on peut affirmer que les traitements homéopathiques coûtent moins cher que l’allopathie, cela reste à vérifier au cas par cas pour la phytothérapie et l’aromathérapie », rappelle Loïc Guiouillier. D’autant que le praticien rappelle que le temps d’intervention augmente sensiblement quand il met en place des médecines complémentaires. La diminution des coûts vétérinaires n’est donc pas toujours un argument valable, sauf à faire soi-même les préparations, avec les risques inhérents à de telles pratiques.

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