L’effet bélier pour grouper les chaleurs des brebis
L’effet bélier est un phénomène qui permet de déclencher les chaleurs et les ovulations des brebis. Bien l’utiliser permet de grouper les agnelages et d’améliorer la fertilité du lot quand la période de lutte est courte.
L’effet bélier est un outil simple et efficace pour relancer la reproduction des brebis en anœstrus et mieux maîtriser la période d’agnelage. Mis en œuvre correctement, il permet de grouper les chaleurs et donc les mises bas, ce qui facilite la gestion du troupeau et réduit la durée de surveillance des agnelages pour l’éleveur.
Le choix du type de bélier (entier ou vasectomisé), la durée de séparation préalable entre les mâles et les femelles, ainsi que la conduite de la lutte sont des éléments clés pour réussir cette pratique.
Principe de l’effet bélier
Lorsque des béliers sont introduits dans un lot de brebis en anœstrus, après une séparation des mâles et des femelles d’au moins deux mois, une partie d’entre elles ovulent dans les deux à quatre jours qui suivent. Ce phénomène est principalement induit par les phéromones dégagées par le mâle qui agissent comme des messagers chimiques et naturels entre le mâle et la femelle. Cette ovulation n’est cependant pas accompagnée de comportement de chaleurs (œstrus), elle est dite ovulation silencieuse.
Selon les brebis, il y a ensuite deux possibilités :
• soit 17 jours plus tard (durée d’un cycle sexuel), une seconde ovulation est induite, cette fois-ci associée à un comportement de chaleurs. Un premier pic d’ovulation, permettant la saillie ou l’insémination animale (IA), a donc lieu 19 jours après l’introduction des béliers.
• soit 5 à 6 jours plus tard (cycle de courte durée), une seconde ovulation silencieuse est induite. Après ce cycle court, une troisième ovulation suit 17 jours plus tard, cette fois-ci associée à un comportement de chaleurs. Un second pic d’ovulation a donc lieu autour du 25e jour après l’introduction des mâles. Cette situation avec une ovulation fertile retardée est plus souvent rencontrée chez les femelles avec un état corporel faible (NEC __SWYP_INC__ 2).
Béliers vasectomisés ou béliers entiers équipés d’un tablier
L’intérêt de cette pratique est de grouper les mises bas sur le premier cycle de lutte et, de manière générale, de raccourcir la durée de l’agnelage et ainsi le temps d’astreinte lié à cette période particulièrement intense. L’utilisation de béliers entiers munis de tabliers permet d’utiliser les béliers déjà présents sur l’exploitation mais demande une manutention importante pour installer et enlever les tabliers et les nettoyer quotidiennement. Ces manipulations ne seront pas nécessaires dans le cas d’utilisation des béliers vasectomisés. En revanche, l’utilisation de béliers vasectomisés entraîne un coût de vasectomie et un coût d’entretien de béliers supplémentaires utilisés uniquement pour l’effet bélier.
Mettre en place un effet bélier efficace dans son élevage
Pour un effet bélier efficace, tous les béliers doivent être séparés des brebis au minimum deux mois avant le début de la pratique. L’idéal est de les séparer physiquement dans un bâtiment différent pour éviter tout contact visuel, auditif ou olfactif. Il est très important d’utiliser des béliers sexuellement actifs. Pendant l’effet bélier, on préconise un ratio d’un mâle pour 20 à 30 brebis sans aller au-delà d’un mâle pour 50 brebis. Avec des béliers vasectomisés, ces derniers restent avec les brebis durant 14 jours avant d’être remplacés par des béliers reproducteurs. Avec des béliers entiers, ces derniers restent avec les femelles durant les 14 premiers jours en étant équipés de tabliers, puis durant l’ensemble de la lutte. Sans connaître les profils des brebis vis-à-vis de la réponse à l’effet bélier, il est souhaitable de laisser les béliers reproducteurs avec les brebis pendant au moins deux cycles sexuels, soit minimum 34 jours de lutte.
Fabrice Bidan, Institut de l’élevage
Explorer un protocole associant synchronisation et effet mâle
Des expérimentations ont eu lieu à l’exploitation de La Cazotte au lycée agricole de Saint-Affrique et dans plusieurs élevages volontaires suivis par le CDEO dans les Pyrénées-Atlantiques, le Service élevage de la Confédération générale de Roquefort et Ovi-Test en Occitanie.
Les premiers résultats sur les lots concernés montrent des résultats encourageants mais inférieurs aux résultats habituellement rencontrés dans le cadre du programme hormonal de synchronisation classique. Ils montrent également une forte variabilité entre élevages et entre races qui reste à analyser, tout comme les conséquences de ce protocole sur les performances technico-économiques des ateliers, l’organisation du travail en élevage ou encore l’organisation des centres d’IA. »