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"J’ai fait de toutes mes contraintes, un système d’élevage ovin à mon image"

Clémence Sutra, 33 ans, représente la quatrième génération de femmes à s’installer sur la petite exploitation familiale. Elle élève aujourd’hui 70 brebis en plein air en Haute-Garonne.

Clémence Sutra, 33 ans, s'est installée sur la ferme familiale avec un système économe en plein air intégral.
Clémence Sutra, 33 ans, s'est installée sur la ferme familiale avec un système économe en plein air intégral.
© DR

Après une année de salariat agricole en Australie dans une exploitation de vaches laitières, je suis tombée amoureuse des brebis en travaillant chez un ami. Novice dans cette production, je me suis formée grâce au certificat de spécialisation ovin. Originaire du piémont pyrénéen, j’ai choisi le CFFPA de Charolles situé dans une zone herbagère pour effectuer cette formation en 2014. Cinq ans plus tard, j’ai décidé de reprendre la ferme familiale de ma grand-mère.

Le plein air, une solution pour une installation à moindre coût

J’ai repris la petite exploitation de 10 hectares de ma grand-mère qui avait des vaches Gasconnes sur la commune de Rouède en Haute-Garonne. Âgée de 85 ans, Jeannette avait encore des bovins mais une gestion singulière. Nous avons vendu les dernières vaches et il a été évident pour moi de monter une troupe de brebis allaitantes. Au vu de la surface qui n’est pas extensible, avec du matériel et des installations vétustes, il a fallu réfléchir à un système le plus économe possible. Le plein air a limité considérablement les investissements et m’a permis de m’installer. Ce système est adapté à des brebis très rustiques, très maternelles, valorisant bien l’herbe et sans cornes. Aujourd’hui j’élève 70 brebis Limousines inscrites avec 100 % d’agnelage plein air sur huit hectares.

L’herbe, une culture familiale et confirmée par mes voyages

Pour limiter mes investissements, je ne pouvais pas acheter du gros matériel. Je devais donc améliorer la qualité de mes prairies sans mécanisation, l’herbe étant ma meilleure alliée. Le pâturage tournant dynamique est devenu une évidence pour répondre à ces deux contraintes. Avec uniquement de la clôture mobile posée au quad, je fais tourner les brebis au maximum tous les trois jours. Cette technique m’a permis de remettre toutes les pâtures en bon état pour valoriser au maximum le peu de surface de l’exploitation. Après quelques années, la remise en état des parcelles m’a permis de tripler la production herbagère et va favoriser l’augmentation progressive de mon cheptel sur la même surface.

Une technique efficace mais qui demande formation et expérimentation

Après plusieurs journées de formation sur le pâturage, il a fallu mettre en œuvre la technique. Les contraintes météorologiques, la réaction des parcelles, l’apprentissage des animaux et j’en passe, m’obligent en permanence à réfléchir et expérimenter différentes solutions. Malheureusement ce qui a marché une fois ne fonctionne pas toujours et c’est ce challenge qui me motive chaque jour, mais me démoralise parfois aussi. Avoir toujours des plans B est nécessaire pour la sécurité de mon troupeau. Malgré ces contraintes, ce système répond à mes valeurs et je ne reviendrais plus à une conduite plus traditionnelle d’agneaux de bergerie.

La double activité m’a permis de m’installer

L’exploitation étant petite, sans possibilité d’agrandissement actuellement et sans l’envie de ma part, j’ai opté pour la double activité. Prestataire indépendante, je forme les éleveurs et les futurs éleveurs sur différents sujets zootechniques et évidemment de préférence sur le pâturage tournant dynamique. Les différentes structures peuvent faire appel à mes services selon leurs besoins. Le partage de mes expériences et de mon savoir-faire m’enrichit au quotidien.

Les chiens, des associés précieux

Le système tournant oblige à déplacer quotidiennement le troupeau. Les chiens de conduites sont un outil indispensable qui permet de travailler en autonomie. Rappelons que le chien de conduite représente 0,25 UTH sur une exploitation. Quant au chien de protection, il permet d’assurer la sécurité des agneaux naissants ; dès la première année, 0 % de mortalité lié à la prédation sur l’exploitation. Sans chien de protection, les agnelages en plein air peuvent être fortement dégradés par la prédation. Ainsi le travail des chiens permet de sécuriser le système global de l’exploitation.

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