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Des repères pour une meilleure rémunération du travail en élevage ovin viande

La maîtrise des coûts de production est une condition nécessaire pour que les ateliers ovins viande rémunèrent correctement le travail des éleveurs.

Pour faciliter l’analyse des coûts de production, des repères économiques et techniques ont été définis à l’échelle nationale à partir des résultats des fermes de références du dispositif Inosys-Réseaux d’élevage, classées en quatre groupes : fourragers, herbagers des plaines, herbagers des montagnes, pastoraux. L’Institut de l’élevage propose depuis 2010 une méthode nationale de calcul du coût de production, harmonisée entre les différentes filières herbivores. À l’échelle de l’atelier, cette méthode permet d’évaluer l’ensemble des charges qui ont été engagées, indépendamment du niveau d’autofinancement ou de propriété des moyens de production.

Le coût de production est composé de trois grandes catégories de charges. D’abord, les charges courantes regroupent les dépenses ayant donné lieu à des flux monétaires au cours de l’exercice (hors cotisations sociales des exploitants), chaque poste étant ajusté des variations de stock. Les céréales autoconsommées sont intégrées sur la base de leur coût de production et non d’un prix de cession. Ensuite, les amortissements correspondent à l’usure et à l’obsolescence du matériel, des équipements, des bâtiments et des améliorations foncières. Enfin, les charges supplétives sont des conventions visant à rémunérer les facteurs de production que l’éleveur met à la disposition de son entreprise : les terres en propriété (rémunérées au prix du fermage moyen de l’exploitation ou de la région), les capitaux propres (rémunérés au taux du livret A) et le temps de travail que les exploitants consacrent à l’atelier. Ce temps de travail est rémunéré sur la base de deux Smic brut par unité de main-d’œuvre (Smic net + 30 % de cotisations sociales).

Les charges de l’atelier décortiquées

Dans les systèmes mixtes, certaines de ces charges peuvent être assez facilement réparties entre les différents ateliers herbivores ou de grandes cultures. C’est le cas pour les charges opérationnelles, pour le fermage et la rémunération du foncier en propriété (au prorata des hectares utilisés). Pour les autres charges, un traitement statistique sur l’ensemble des données des Réseaux d’élevage a permis de définir des clés de répartition. À titre d’illustration, une UGB d’un atelier ovin viande herbager est considéré comme consommant 40 % de mécanisation de moins qu’un hectare de grandes cultures et 67 % de travail de plus qu’une UGB d’un atelier bovin viande naisseur de plaine.

En ovin viande, toutes les charges sont rapportées au poids de carcasse d’agneaux produits, via le calcul de la « production équivalente ». Aux agneaux lourds finis vendus en kilo de carcasse sont ajoutés les autres types d’agneaux vendus (reproducteurs, maigres, etc.), convertis en « équivalent kg de carcasse » (montant des ventes divisé par le prix moyen du kg de carcasse de l’élevage). Les agneaux achetés (jeunes reproducteurs, voire agneaux maigres à engraisser) sont déduits de la production équivalente selon le même principe. Les agnelles conservées pour le renouvellement ne sont pas intégrées dans la production équivalente, car elles restent dans le système jusqu’à leur réforme (considérées comme des « produits joints »).

Coût de production, prix de revient et rémunération du travail permise

L’ensemble des produits de l’atelier est également rapporté à la production équivalente, en ajoutant au prix du kg de carcasse des agneaux lourds les différents autres produits (ou produits joints : réformes, variation d’inventaire des reproducteurs adultes, laine, etc.), ainsi que les différentes aides (aides couplées, aides découplées et du second pilier, au prorata des hectares utilisés). Le coût de production ne doit pas être comparé au prix de vente, mais au prix de revient, calculé en déduisant de ce coût de production les produits joints et les aides.

La « rémunération du travail permise par le produit » mesure la part des produits restant pour rémunérer la main-d’œuvre consacrée par les exploitants à l’atelier ovin, une fois les autres charges couvertes. Elle s’obtient en déduisant du total des produits l’ensemble des charges, hors rémunération forfaitaire du travail des exploitants, et est exprimée en €/kg de carcasse et en nombre de SMIC par unité de main-d’œuvre.

Pour utiliser les références présentées dans les pages suivantes, il faut disposer du coût de production de son atelier ovin viande, calculé de préférence dans le cadre d’un appui technique spécialisé apporté par la chambre d’agriculture ou l’organisation de producteurs, avec le logiciel multifilières Couprod.

En savoir plus

Fiches repères et mode d’emploi en ligne

Pour télécharger l’intégralité des Fiches repères et leur mode d’emploi : idele.fr/filieres/ovin-viande/publication/idelesolr/recommends/analyser-le-cout-de-production-dun-elevage-ovin-viande.html

Quatre grands systèmes

Pour établir des références à l’échelle nationale, les exploitations du dispositif Inosys-Réseaux d’Élevage ont été classées en quatre grands groupes, indépendamment des combinaisons de production (spécialisés, mixtes avec grandes cultures ou bovins viande, etc.).

Pastoraux : recours aux parcours collectifs en zone méditerranéenne ou pyrénéenne (transhumance de la totalité du troupeau), ou rôle primordial des parcours dans l’alimentation du troupeau (ratio parcours/surface fourragère principale supérieur à 3, et chargement inférieur à 0,5 UGB/ha de surface fourragère totale, parcours individuels compris) ;
Herbagers des zones pastorales ou de montagne : parcours absents ou non primordiaux dans l’équilibre du système, et chargement inférieur à 1,4 UGB/ha de surface fourragère totale ;
Herbagers des zones herbagères ou de plaines : parcours absents ou non primordiaux dans l’équilibre du système, et chargement inférieur à 1,4 UGB/ha de surface fourragère totale ;
Fourragers : chargement supérieur à 1,4 UGB/ha de surface fourragère totale.

Au sein de chaque système n’ont été conservés que les élevages conventionnels, majoritairement engagés dans la production d’agneaux lourds en circuit long.

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