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Aux bons soins de la fée électricité 

L’électrification d’une clôture nécessite une réflexion approfondie pour l’adapter au mieux à la situation et prévenir des dysfonctionnements.

En combinant poste mobile sur batterie et panneau solaire, l'éleveur allège son temps de travail en espaçant les rechargements. © Lacmé
En combinant poste mobile sur batterie et panneau solaire, l'éleveur allège son temps de travail en espaçant les rechargements.
© Lacmé

Une clôture électrique est un circuit ouvert qui se schématise en deux parties : d’un côté, on trouve les fils conducteurs sur lesquels l’électrificateur va envoyer des impulsions électriques à partir de sa borne positive; de l’autre, la borne négative du circuit est reliée au sol via la prise de terre. Lorsque le circuit se ferme, c’est-à-dire qu’un corps conducteur entre en contact avec les fils, le courant passe et le corps conducteur (ici l’animal) reçoit une décharge. Celle-ci, mesurée en joules, doit être assez puissante pour que l’animal ressente de la douleur, recule et s’en souvienne afin qu’il considère la clôture comme infranchissable.

Pour garantir la permanence du système, rien ne vaut de brancher son électrificateur sur le secteur. Les boîtiers électriques commercialisés peuvent alors développer des tensions maximales et des décharges électriques importantes en continu et sans que l’éleveur n’ait le souci de devoir recharger la batterie. « J’ai un poste électrique Gallagher qui envoie 27 joules. C’est très efficace, généralement les brebis ne touchent la clôture qu’une seule fois ! », apprécie Rémi Rieuf qui a débuté un atelier ovin intégralement à l’herbe en 2017. Il ne faut pas oublier le fort pouvoir isolant de la laine qui diminue fortement l’intensité de la douleur ressentie par la brebis. Alain Mathé, directeur de Horizont France, conseille : « nous avons développé une gamme d’électrificateurs horiSMART convenant particulièrement aux brebis car ils développent jusqu’à 14 joules à la sortie. Et ils sont adaptés pour les clôtures très longues, jusqu’à 85 km s’il y a peu de végétation ! ». Ce type de produits est d’autant plus intéressant qu’il est adaptable au secteur mais peut aussi être alimenté par une batterie couplée à du photovoltaïque, indispensable quand la clôture ne se trouve pas à proximité de l’exploitation. La tension de la batterie ne peut être inférieure à 2 000 volts, sans quoi la garde des brebis n’est plus garantie.

Un mètre de prise de terre pour un joule délivré

La plupart des électrificateurs sont aujourd’hui compatibles avec des panneaux solaires, ce qui permet d’alléger la fréquence de rechargement de la batterie. Néanmoins, cela représente une charge de travail supérieur à un boîtier sur secteur. "J’ai autant d’électrificateurs que de lots au pâturage, pour qu’ils soient au plus près de mes clôtures mobiles dont les fils ne sont pas très bons conducteurs. Mes boîtiers délivrent 5 joules maximum, donc je les laisse toujours à fond et je dois les recharger tous les trois jours", témoigne Antoine Cuypers qui mène son troupeau en pâturage tournant dynamique. « Il faut toujours surdimensionner le poste électrique en clôture mobile pour compenser les pertes dues au contact avec l’herbe, surtout en ovin où le premier fil est bas », conseille Agnès Delpech, éleveuse dans le Lot. Le bon fonctionnement de la clôture électrique dépend aussi de la prise de terre qui doit être convenablement dimensionnée. « Il faut compter un mètre de prise de terre pour 1 joule délivré et ce principe doit être scrupuleusement respecté ! », martèle Alain Mathé de Horizont. Il rappelle également que dans 90 % des cas de dysfonctionnement d’une clôture, le problème est lié à la prise de terre. "Quel que soit le type de clôture, à partir du moment où elle est électrifiée, l’éleveur doit se munir d’un voltmètre pour effectuer des contrôles fréquents de la tension", recommande Fabienne Launay, de l’Institut de l’Élevage.

Quelques rappels de sécurité

- Panneau de signalisation autour des lieux de passages publics
- Un électrificateur par circuit de clôture
- Séparer deux prises de terre d’au moins 10 mètres et se méfier d'éventuelles canalisations métalliques souterraines

Mémo électro-physique

- Nombre de jours d’autonomie = consommation maximale du poste/intensité du poste en ampère/h
- 1 joule = 1 mètre de piquet de terre
- Couple batterie – panneau solaire : compter 10 watts pour 1 joule délivré

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