Aller au contenu principal

PAC : éco-régime, surface non productive… que retenir de l’accord européen ?

Règles assouplies les premières années pour les éco-régimes, obligation de présence de surfaces non productives, rotation ou diversification des cultures... L'accord politique trouvé entre les institutions européennes fixe le cadre environnemental de la nouvelle PAC.

Les infrastructures agroécologiques non productives (haies, mares...) devront représenter 4 % de la SAU pour toucher les aides PAC, ou 3 % si l'on y ajoute 4 % de couverts d'interculture ou de légumineuses. © V. Marmuse
Les infrastructures agroécologiques non productives (haies, mares...) devront représenter 4 % de la SAU pour toucher les aides PAC, ou 3 % si l'on y ajoute 4 % de couverts d'interculture ou de légumineuses.
© V. Marmuse

Une grosse étape vient d’être franchie pour la PAC qui entrera en vigueur en 2023. Avec l’accord politique trouvé entre les négociateurs de la Commission européenne, du Parlement et des ministres, le 26 juin, avalisé par les ministres de l’UE le 28 juin, les grands axes sont désormais fixés. Après l’échec des négociations fin mai, les trois institutions ont abouti à un compromis sur l’architecture verte, principal obstacle à l’accord jusqu’ici.

Les nouvelles règles de l’écoconditionnalité ont donné lieu à un bras de fer entre eurodéputés et ministres. Le respect d’une certaine surface en infrastructures agroécologiques (IAE) sera obligatoire pour toucher les aides. Auparavant, les surfaces d’intérêt écologique (SIE) faisaient partie du paiement vert, un montant que l’on ne percevait si l’on respectait certaines règles. Ces structures favorables à la biodiversité (mares, haies, bords de champs…) entrent désormais dans la conditionnalité : leur respect conditionne donc le paiement des autres aides.

4 à 7 % d’infrastructures agroécologiques

Les représentants du Parlement et des ministres se sont finalement mis d’accord sur une surface de 4 % d’IAE non productives. Cette surface peut être abaissée à 3 % si l’on y ajoute 4 % de légumineuses et/ou de cultures dérobées, portant ainsi à 7 % les surfaces d’intérêt écologique.

Toujours dans le volet de la conditionnalité : les eurodéputés ont reconnu une équivalence, dans certaines situations, entre rotation et diversification des cultures, dans l’objectif de préserver la qualité des sols. Initialement, le Parlement voulait imposer la notion de rotation, ce qui inquiétait les grands bassins français de maïsiculture. L’obtention de cette souplesse devrait permettre de maintenir la monoculture de maïs, à condition d’implanter des couverts d’interculture.

Autre arbitrage majeur, celui autour des modalités des éco-régimes. C’est désormais acté : le budget alloué aux éco-régimes devra être au minimum de 25 % du montant du premier pilier. Cela représentera une aide d’environ 70 euros à l’hectare. Eurodéputés et ministres se sont mis d’accord sur des modalités combinant selon eux une forte ambition environnementale exigée par les premiers et la souplesse demandée par les seconds.

Ainsi, en 2023 et en 2024, le plancher minimal à respecter pour les éco-régimes est abaissé à 20 %. Si les 25 % ne sont pas utilisés, les États membres pourront reporter le montant restant en paiements de base (les anciens DPB). Avec toutefois une limite : ils ne pourront pas rediriger plus de 5 % vers les DPB sur les deux années. La marge de manœuvre ira décroissant les années suivantes, avec obligation de flécher le montant non utilisé pour les éco-régimes vers d’autres paiements considérés comme verts. C’était l’une des lignes rouges posées par le Parlement européen.

Les déclinaisons nationales devront démontrer leur « cohérence » avec les politiques environnementales

C’est ainsi la garantie pour les États membres qu’ils ne perdront pas des fonds PAC si le dispositif peine à se mettre en place sur le début de la période. Pour le Parlement, les modalités évitent de mettre en place une incitation à faire du « détournement de fonds » initialement destinés au verdissement vers d’autres usages.

Autre sujet qui a été l’objet de vives discussions entre les institutions européennes : quelle articulation de la PAC avec les politiques environnementales et climatiques de l’UE, à commencer par le Pacte vert (ou Green deal) ? Le dispositif finalement adopté prévoit que la Commission européenne évaluera les plans stratégiques nationaux, qui devront démontrer leur « cohérence » avec une liste officielle de réglementations climato-environnementales. Si la contribution du PSN d’un pays est jugée insuffisante, celui-ci devra être amendé. La stratégie De la ferme à la table, rattachée au Pacte vert, prévoit une baisse des produits phytosanitaires de 50 % d'ici à 2030, et 25 % de la SAU en bio.

Les plus lus

Semis direct de maïs précoce après un premier semis qui n a pas levé en raison de mauvaises conditions climatiques et des dégâts d'animaux nuisibles, corbeaux et ...
Semis de printemps : quelles solutions pour remplacer les orges de printemps non semées ?

Après les semis d’automne perturbés par les fortes pluies, la sortie d’hiver et les premiers semis de printemps sont, eux…

L'arrêté abeilles impose de réaliser les traitements de type fongicides sur le colza le soir.
Fongicides sur colza : quelles sont les conditions d'utilisation prévues par l’arrêté abeilles ?

Depuis 2023, l'arrêté abeilles impose le respect d'horaires pour utiliser certains produits phytosanitaires en période de…

Thomas Pointereau, agriculteur à Epieds-en-Beauce (45)  "Contre les volatiles tels que les pigeons, je fais une demande dérogatoire de tirs auprès de la préfecture ou de ...
Dégâts d’oiseau : « Je dépose des tas de grains de pois et de maïs en bordure des champs pour faire diversion »
Agriculteur à Épieds-en-Beauce (Loiret), Thomas Pointereau parvient à contenir les attaques d'oiseaux sur maïs. C'est plus…
Le décalage de semis de maïs ou de tournesol augmente le risque d'attaques importantes de pigeons et corvidés.
Dégâts d’oiseaux : des produits efficaces à venir en traitement de semences
De nouvelles spécialités corvifuges sont en cours de test pour le traitement de semences de maïs et de tournesol, avec parfois…
Déclaration PAC 2010 . Permanence organisation  par la chambre d'agriculture . Conseiller et agriculteurs associés . Dossier PAC . Aides du ministère de l'Agriculture . Télédéclaration. Telepac. Administration . Discussion technique sur la gestion du parcellaire. Carte. ordinateur.  --- Reportage complet disponible sur le site www.photoagriculture.com (pour obtenir un code dÂ’accès, contacter  S. Leitenberger : webmestre@leitenberger.fr).
Telepac 2024 : les 10 points à avoir en tête pour réussir sa déclaration PAC

La télédéclaration PAC doit être finalisée sur Telepac 2024 avant le 15 mai 2024. Jachères, conditionnalité, écorégime,…

Marc Moser, agriculteur à Kurtzenhouse (67)"En 2024, j’envisage d’appliquer un anti-dicotylédones à 5-6 feuilles du maïs et/ou une application dirigée de Banvel à ...
Désherbage maïs : « Nous faisons face à l’explosion de datura dans nos parcelles »

Le datura est signalé en Alsace depuis quelques années. Agriculteur à Kurtzenhouse (Bas-Rhin), Marc Moser doit dorénavant…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures