« Nous avons deux banques pour développer notre élevage de chèvres »
Depuis 2014, le Gaec de La Grande Borde travaille avec deux banques pour développer leur ferme comprenant un élevage caprin, des volailles de Loué, une fromagerie et la vente locale.
Depuis 2014, le Gaec de La Grande Borde travaille avec deux banques pour développer leur ferme comprenant un élevage caprin, des volailles de Loué, une fromagerie et la vente locale.
Coralie Habert et David Pollet vivent depuis 2014 une aventure agricole à deux voix. Ensemble, ils ont repris la ferme de La Grande Borde, à Théligny, dans la Sarthe, un site de 130 hectares, où cohabitent volailles de Loué, cultures et surtout un bel élevage caprin tourné vers la transformation fromagère.
Lorsque Coralie s’installe avec David, c’est une ferme d’élevage de volailles qu’ils découvrent. « Dans un des bâtiments, nous avons tout de suite vu que l’on pouvait faire un côté chèvre, un côté salle de traite, et un côté labo », se souvient Coralie, 34 ans. L’aménagement est réalisé sans construction neuve, mais avec beaucoup d’ingéniosité et d’huile de coude.
Une installation hors cadre… mais pas hors de portée
« Au moment de l’installation, nous avons fait le tour des banques. Une nous a dit non, l’autre nous a dit oui. Nous avons pris celle qui a dit oui, tout simplement. » Depuis, les relations ont évolué et le Gaec travaille régulièrement avec deux banques. L’une de ces banques, la Banque populaire, a même présenté (et fait gagner) leur ferme dans le cadre du prix départemental de la dynamique agricole l’an dernier.
Coralie, passionnée par les chèvres depuis son BTS ACSE à Bernay-en-Champagne (Sarthe) et son CS caprin à Melle (Deux-Sèvres), a d’abord acquis son expérience en apprentissage puis en tant que salariée sur une ferme caprine. « J’ai toujours dit qu’il me fallait un animal que je puisse manier seule », raconte-t-elle. C’est donc naturellement qu’elle crée son atelier chèvres, pendant que David s’occupe des cultures et des volailles.
Un élevage à taille humaine
Aujourd’hui, le Gaec de La Grande Borde élève 72 chèvres. Un nombre qui permet de remplir en trois fois la salle de traite de 2 x 12 postes. « Nous avons sept places de cornadis de libre dans la chèvrerie, mais j’ai compté que ça nous ferait une heure de travail supplémentaire par jour entre la traite et le lait à transformer en plus à la fromagerie », explique cette maman de deux enfants.
C’est également pour se simplifier le travail que le couple se limite à une seule traite le matin. « Nous avons fait ce choix au bout de deux ans d’installation pour optimiser le temps de travail. » Le troupeau a certes perdu 15 % de lait mais il n’y a pas eu de problèmes de cellules en pratiquant la monotraite dès le début de la lactation. La moyenne laitière est actuellement à « un bon 800 litres par an ». Pour les maintenir, Coralie adopte une gestion sanitaire rigoureuse, notamment en séparant les chevrettes de renouvellement à la naissance et en thermisant le colostrum. De quoi assurer la pérennité des animaux – « une chèvre, si elle est bien, peut rester sept à huit ans dans le troupeau ».
Le trèfle valorisé localement
Le lait est transformé en fromages lactiques – dont le trèfle du Perche – mais aussi en yaourts. « 70 % de notre production est vendue en direct à la ferme et sur les marchés », explique Coralie. Les 30 % restants sont livrés à des petites supérettes, des boucheries locales, une maison de retraite ou une grande surface, mais toujours en proximité.
Le choix du local est assumé : « Nous livrons dans un rayon de trente kilomètres. L’idée, c’est d’être ancrés dans notre territoire. » Le trèfle du Perche, fromage emblématique de la région, est d’ailleurs au cœur de la démarche : « C’est important pour nous de participer à son développement, notamment via l’association qui travaille aujourd’hui sur une reconnaissance IGP. »
Une location en complément
Depuis leur installation, Coralie et Hubert continuent de voir deux à trois fois par an leurs banquiers et leur comptable. « C’est essentiel pour anticiper et être conseillé en fonction de nos résultats. Est-ce que l’on peut investir ? Comment ne pas payer trop d’impôts ? » L’an dernier, la ferme s’est diversifiée en profitant d’une opportunité. « Les voisins arrivaient à la retraite et ils avaient des bâtiments et une maison à 800 mètres de la nôtre. Nous, nous avions surtout besoin de bâtiments, mais nous avons aussi repris la maison que nous mettons en location sur AirBnB. » L’investissement de 400 000 euros a été financé par des prêts de l’une des banques. Le remboursement est en partie assuré par la location de la maison. « Nous avons été agréablement surpris du taux de remplissage de 70 % la première année, sourit Coralie. C’est une manière de valoriser le bâti, d’accueillir des gens à la campagne… et de ne pas laisser dormir le matériel dehors. »
Reportage vidéo
Le Gaec de La Grande Borde a gagné le prix de la dynamique agricole de la Sathe organisé par la Banque populaire. À la clé : un reportage de cinq minutes sur leur ferme, un précieux support pour valoriser leur travail auprès des clients.