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Energies renouvelables
Jeunes agriculteurs et la Confédération paysanne disent non au développement de l’agrivoltaïsme

Les deux syndicats s’insurgent contre le développement de l’agrivoltaïsme annoncé par Emmanuel Macron lors de sa visite à la fête agricole Les Terres de Jim le 9 septembre dernier. En déplacement à Saint-Nazaire sur le thème des énergies renouvelables le président de la République promet des gardes fous dans le projet de loi AER.

JA Conf
© Nathalie Marchand

[Mis à jour le 22 septembre à 16h15 avec l'annonce d'Emmanuel Macron]

Alors qu'Emmanuel Macron inaugure le premier parc d'éoliennes en mer français, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et s'exprime sur les énergies renouvelables, le syndicat Jeunes agriculteurs explique dans un communiqué qu’il a décidé un « durcissement de sa position » lors de son conseil d’administration du 21 septembre.

« Le syndicat demeure un franc opposant au développement du photovoltaïque au sol. En effet, alors que près de la moitié des agriculteurs aura l’âge de faire valoir ses droits à la retraite d’ici cinq ans, l’enjeu de la transmission est fondamental. Il convient de poser dès maintenant les garde-fous nécessaires pour le devenir des terres agricoles et donc de notre souveraineté alimentaire. La stricte priorité doit demeurer l’installation d’agriculteurs et non de panneaux solaires. Le risque porte en effet sur un phénomène de spéculation et de détournement de la vocation nourricière des fermes dans un contexte démographique inédit », peut-on y lire.

Jeunes agriculteurs pour un moratoire sur l'agrivoltaïsme

Il demande un moratoire sur toute volonté réglementaire de développer l’agrivoltaïsme et estime que les installations photovoltaïques doivent être installées en priorité sur les terres déjà artificialisées, notamment les terrains pollués, les toitures, les couvertures de parkings. Le syndicat agricole préconise un recensement précis des surfaces concernées et du potentiel de production d’énergie. Et va plus loin : « Par ailleurs, cette première condition doit être assortie d’une obligation généralisée de couvrir toutes constructions neuves, ou rénovées, avec des panneaux photovoltaïques, accompagnée par des subventions publiques à la hauteur pour accélérer le déploiement. Enfin, la nécessaire accélération des projets de raccordement, telle qu’annoncée par le Président de la République sur Les Terres de Jim, est aussi vivement attendue, accompagnée de subventions ».

La Confédération paysanne invite Emmanuel Macron à discuter lors de sa fête

De son côté, dans une lettre ouverte au président de la République en date du 20 septembre, la Confédération paysanne estime que les gisements photovoltaïques sur les toitures et les espaces artificialisés sont largement suffisants pour répondre à la demande d'électricité renouvelable et « alerte sur les dangers de l'agrivoltaïsme, une notion marketing qui vise à légitimer un opportunisme foncier et financier dans un contexte économique et climatique difficile à supporter pour le monde paysan ».

Selon elle, ses « effets pervers » sont multiples : artificialisation qui porte atteinte à la vocation nourricière de la terre, précarisation des paysan·nes, manne financière générant des conflits d'intérêt, perte de la qualité de vie au travail, dégradation des paysages, menace pour la biodiversité… Elle ajoute : « L'agrivoltaïsme et les centrales photovoltaïques sur les terres agricoles ont un impact majeur sur les prix et la disponibilité du foncier, en contradiction avec votre objectif de doublement des installations de paysan·nes pour assurer le renouvellement des générations ».

Le syndicat rappelle qu’il est attaché à la transition écologique mais non au détriment des agriculteurs et invite Emmanuel Macron à sa fête paysanne de la Nièvre samedi 24 septembre dans la ferme de Sylvain Ratheau, à Cropigny, pour lui faire part de ses inquiétudes. La Confédération paysanne en profite pour souligner que dans « la Nièvre, pas moins de 2 000 ha de terres agricoles sont menacés par l'installation de panneaux photovoltaïques au sol ».

Marc Fesneau pour une régulation de l'agrivoltaïsme

Interrogé par un député sur le sujet, Marc Fesneau a plaidé le 21 septembre pour que soit trouvé un « équilibre » qui permette le développement du photovoltaïque sur les sols agricoles et les bâtiments tout en évitant « le risque d'accaparement des terres ».

Lors de son audition devant la commission des affaires économiques, Marc Fesneau s'est dit favorable à « de la régulation », afin notamment d'éviter de « priver certaines nouveaux agriculteurs qui voudraient s'installer ».

« Il faut être très vigilants en ce qui concerne l’usage réel et il faut une planification par département », prône le ministre de l’Agriculture.

 

Emmanuel Macron promet des gardes fous dans le projet de loi AER

En déplacement le 22 septembre à Saint-Nazaire pour évoquer les énergies renouvelables, le président de la République a annoncé que le gouvernement déposera, « avant son passage au Sénat », un amendement au projet de loi sur l'Accélération des énergies renouvelables (AER) visant l'agrivoltaïsme, selon nos confrères d'Agra Presse. L'objectif est de « mettre en place des garde-fous pour éviter que de l'électricité ne se substitue aux surfaces agricoles utiles, (...) qu'on ait des panneaux qui remplacent des troupeaux », a déclaré Emmanuel Macron. Dans son discours, Emmanuel Macron a toutefois rappelé sa volonté d'« avancer » et d'« aller plus vite » sur le photovoltaïque sur sols agricoles, qui recèle selon lui « un potentiel important de complément de revenu pour nos agriculteurs ».

 

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