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Moisson 2022 : résultats très contrastés pour les céréales françaises

La récolte s’avère plutôt moyenne en céréales d’automne, en volume comme en qualité, avec d'énormes disparités. La moitié nord n'échappe pas à la grande hétérogénéité, mais si elle s'en sort globalement mieux que le Sud. En orge de printemps, c'est la douche froide.

Cette année, les rendements de blé sont très variables au sein d'une région, et même à l'échelle d'une exploitation.
Cette année, les rendements de blé sont très variables au sein d'une région, et même à l'échelle d'une exploitation.
© G. Omnès

Cette année, la récolte de blé française plutôt moyenne, autour de 34 millions de tonnes (Mt) pour un rendement national de 72 q/ha, masque des situations d’une très grande diversité. Début d’année sec qui s’est poursuivi au printemps, températures anormalement élevées, gros épisodes de grêles sur de large bande du territoire français, voire gel à l’épiaison… « Ces conditions climatiques exceptionnelles ont conduit à une disparité inédite des rendements pour la plupart des grandes cultures », soulignaient début août, dans un communiqué commun, Arvalis, Terres Inovia et FranceAgrimer. Le jugement des bennes a en effet ressemblé à une loterie géante cette année. Certains agriculteurs ont constaté des écarts de 30 ou 40 quintaux sur un blé au sein d’une même parcelle !

« C’est clairement la réserve utile qui a fait la différence, avec un gradient des terres les plus légères aux sols les plus profonds », constate Philippe Ballanger, directeur terrain du groupe coopératif Océalia, qui s’étend sur le Poitou-Charentes, la Haute-Vienne, la Creuse et la Dordogne. Sur son secteur, les rendements s’étalent de 38 à près de 80 q/ha. La fourchette haute n’est toutefois réservée qu’à une poignée de privilégiés dans la région, pour un rendement moyen d’environ 53 q/ha, contre près de 65 q/ha habituellement. La potion est d’autant plus amère que le potentiel en place était encourageant. « La plaine était belle jusqu’à la mi-avril, et on pouvait alors espérer une moyenne de 70 quintaux », se désole Philippe Ballanger.

Plus au nord, les cieux (et surtout les sols) ont été plus généreux. « Les régions du grand quart nord-ouest affichent des rendements proches ou supérieurs à la moyenne quinquennale », indique Arvalis. Grâce à des rendements en hausse, la Picardie devient même la première région productrice de blé, reléguant la région Centre à la seconde place, plombée par des rendements à la baisse. Au cœur de cette région Centre, Axéréal rapporte des rendements de blé tendre allant de 40 à 100 q/ha. Mêmes échos bien plus à l’est, où la CAL et la Lorca (coopératives de Lorraine) enregistrent le même type de grand écart, avec même des pointes à 110 q/ha.

Des rendements entre 40 et 100 q/ha dans un même secteur

Frédéric Wiart, responsable collecte du géant coopératif Vivescia (Grand Est) confirme « une très grande hétérogénéité selon le type de sol et la réserve utile ». Dans le sud de sa zone (Aube), les rendements vont de 30 à 70 q/ha. « En dehors de ces zones difficiles, le blé d’hiver s’en sort bien, parfois au-delà des 100 q/ha », détaille Frédéric Wiart. La fourchette est à peine plus resserrée pour la coopérative Terrena, dans le Grand Ouest, entre 40 et 80 q/ha, et chez EMC2 (Grand Est), entre 50 et 90 q/ha.

Selon les données d'Agreste, les blés tendres de la moitié nord bénéficient en moyenne de rendements supérieurs à 60 q/ha. La situation progresse favorablement lorsque l'on remonte vers le nord. En Seine-Maritime, dans l’Eure et dans le Nord-Pas-de-Calais, les rendements moyens départementaux dépassent les 90 q/ha. Le tableau est fort différent dans le Sud. Trop chaud, trop sec, trop tôt : de nombreux départements de la moitié méridionale encaissent des rendements minorés de plus de 10 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.

Qualité sans faux pas et sans éclat

Le blé tendre français ne réalise pas de coup d’éclat sur la qualité, mais sans tare rédhibitoire non plus. Principale faible du millésime 2022 : une teneur en protéine faiblarde. Selon les premiers résultats d’Arvalis, plus de la moitié du tas de blé français afficherait un taux inférieur à 11,5 %, niveau standard pour l’export. La moitié nord est la principale responsable de cette petite performance. Chez Vivescia, c’est environ 40 % de la collecte qui titre à moins de 11 % de protéines, avec 30 % seulement au-delà des 11,5 %.

Malheureuse en rendement, la façade atlantique profite de protéines fréquemment comprises entre 11,5 et 12 %. Satisfecit sur les protéines également en Bourgogne, où le groupe coopératif Alliance BFC profite d’une moyenne de 12,3 %. « La qualité, qui aurait pu être exceptionnelle cette année, a été entachée par les phénomènes météorologiques des mois de mai (très fortes chaleurs) et de juin (épisodes de grêle et de pluie). Cela se ressent au niveau des poids spécifiques plus faibles que les années précédentes », regrette toutefois l’alliance regroupant Dijon Céréales, Bougogne du Sud et Terre Comtoise.

Hormis des accidents localisés, les poids spécifiques ont peu souffert des pluies d’avant récolte. Selon les résultats partiels d’Arvalis, 15 % seulement des blés tendres passeraient sous les 76 kg/hl. Rien à signaler également du côté du temps de chute de Hagberg, très largement au-dessus des 240 secondes. Mais y compris pour la qualité, les situations sont parfois contrastées. Ainsi, sur la zone de la Cavac16, en Charente, « les taux de protéines sont très bons avec 12,3 % de moyenne, rapporte Michel Caillaud, directeur de la coopérative. En revanche, nous avons connu de gros soucis de PS avec seulement 74,2 de moyenne contre 76-78 habituellement. C’est dû à des pluies survenues avant la récolte qui ont perturbé la fin de cycle du blé. »

Les orges de printemps maltraitées par le sec

Les constats prévalant pour le blé tendre sont largement généralisables à l’orge d’hiver. La céréale est elle aussi caractérisée cette année par des résultats très variables. Les rendements sont globalement satisfaisants dans la moitié nord du pays, où ils font mieux que la moyenne quinquennale. Agreste estime la récolte à 8,4 Mt pour un rendement moyen de 6,6 t/ha.

Le sort de l’orge de printemps est moins enviable. Cette espèce a été très pénalisée par le temps chaud et sec du printemps, avec pour résultat des rendements qui dévissent (de 6,1 t/ha en 2021 à 5,3 t/ha en 2022). La récolte ne serait que de 3 Mt. Principale exception : les variétés de printemps semées à l’automne. « Sur notre secteur, les semis d’automne enregistrent souvent des rendements entre 80 et 100 q/ha, contre 35 à 70 q/ha pour les semis de printemps », explique Frédéric Wiart, chez Vivescia.

Contrairement au blé, la qualité brassicole va tourner au casse-tête pour les malteurs, qui vont devoir composer avec des teneurs en protéines très élevées pour les orges semées au printemps. « Une part importante des orges de printemps ont des protéines allant de 11 à 13 % », confirme Frédéric Wiart. Il va y avoir des discussions avec les malteurs… » Les orges de printemps semées à l’automne affichent des taux de protéines faibles, ce qui permettra des mélanges, mais les surfaces concernées sont trop faibles pour compenser toutes les orges d’hiver à la protéine excédentaire.

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