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Méthanisation : « Nous miserons moins sur les Cive d’été au profit des Cive d’hiver »

Président de Méthanisère SAS à Apprieu (Isère) et agriculteur récemment à la retraite, Max Gros-Balthazar plaide pour les Cive d'été pour la méthanisation, mais en en réduisant l'importance.

Max Gros-Balthazar   "Nous avons choisi le maïs et l'association de sorgho et de tournesol en guise de Cive d'été." © Méthanisère
Max Gros-Balthazar "Nous avons choisi le maïs et l'association de sorgho et de tournesol en guise de Cive d'été."
© Méthanisère

« Je suis jeune retraité et j’ai laissé mon exploitation de 80 hectares à un jeune agriculteur, Martin Bœuf. Avec douze associés et sept exploitations agricoles sur 750 hectares au total, nous gérons une unité de méthanisation inaugurée en 2019. Le digesteur est alimenté par 5 000 tonnes par an de lisier et de fumier chacun, et par 14 000 tonnes de végétaux provenant de 300 hectares de Cive dont la moitié cultivée en été. Ces espèces sont produites depuis trois ans.

En 2018, nous avons choisi deux cultures : le maïs et un mélange sorgho-tournesol. La Cive d’été est implantée après une céréale. Avec le 20 juillet comme date butoir, le semis est réalisé le plus vite possible après moisson avec une préparation du sol superficielle. Un apport de 25 m3/ha de digestat est effectué, apportant l’équivalent de 70 unités d’azote.

Le maïs est semé à 85 000 pieds/ha avec une variété très précoce d’indice 180. Nous assurons un désherbage avec le produit Elumis à demi-dose et un apport d’engrais NP 15-30 sur la ligne de semis à 100 kg/ha. Le maïs est récolté autour du 15 octobre. Son coût de production est assez élevé (environ 300 €/ha avec la préparation de sol) mais c’est la culture qui produit le plus de gaz dans le digesteur et avec le meilleur rendement : 30 t/ha de matière brute (MB) en temps normal comme en 2018.

Malheureusement, en 2020, à cause de la sécheresse, la production n’a atteint que 22 t/ha au maximum avec plusieurs champs à 10 t/ha. Le mélange sorgho-tournesol produit jusqu’à 25 t/ha de MB. Nous l’associons à du ray-grass et du trèfle incarnat. Ces deux espèces restent présentes en novembre après la récolte de la Cive, ce qui autorise à déclarer les surfaces en SIE. Sur le mélange sorgho-tournesol, seul du digestat est apporté. Il n’y a pas d’autres interventions. Le tournesol a un effet « antimousse », utile dans le méthaniseur.

En 2020, nous avons manqué d’eau avec seulement 15 mm en deux mois. Il en faudrait 35 au minimum pour bien s’en sortir. Il manquait beaucoup de tonnage pour alimenter le digesteur. Nous avons dû aller chercher de la paille de maïs chez d’autres agriculteurs. En 2021, nous miserons moins sur les Cive d’été pour la méthanisation. Nous compterons davantage sur les Cive d’hiver comme du seigle fourrager ou le mélange de ray-grass et de trèfle. Dans notre SAS, les Cive sont payées 25 euros la tonne. À 30 t/ha de MB, les agriculteurs peuvent s’assurer une bonne marge. Mais à 10 t/ha, on mange de l’argent ! »

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