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Melon : des pistes pour lutter contre le taupin

Mené conjointement avec les filières maïs, pomme de terre et carotte, le projet TaupiFast2 ouvre des perspectives intéressantes pour protéger le melon des dégâts de taupins.

<em class="placeholder">Un melon perforé par des larves de taupin. </em>
Les perforations des fruits liées aux larves de taupin peuvent entraîner d’importantes pertes économiques.
© Acpel

Les larves de taupins sont à l’origine de dégâts importants en melon. Les périodes à risque sont la reprise des plants, les morsures au collet pouvant engendrer une mortalité élevée, et surtout la période de récolte, les perforations des fruits entraînant d’importantes pertes économiques. « Ces larves restent un à quatre ans dans le sol et touchent de nombreuses cultures, dont le melon, indique Margaux Kerdraon, référente melon au CTIFL. Elles ont une cuticule très épaisse et sont difficiles à détruire. » Un projet, TaupiFast2, qui implique de nombreux partenaires, a été lancé en 2025 pour cinq ans pour trouver des solutions innovantes contre le taupin en maïs, pomme de terre, carotte, melon et autres légumes. Objectifs : mieux comprendre la biologie et l’écologie du taupin pour cibler les stades les plus vulnérables, identifier les facteurs de risque d’infestation et de dégâts et chercher des moyens de protection à l’échelle de la plante et des systèmes de culture.

De nombreuses variables explicatives

Pour le melon, l’association avec les filières maïs et pomme de terre, plus avancées sur le taupin, permet de bénéficier des connaissances déjà acquises. Arvalis a ainsi mis en évidence 17 variables expliquant l’abondance de larves sur une parcelle. Certains facteurs augmentent le risque d’infestation : taux de matière organique élevé, pH acide, températures douces le printemps précédent, prairie ou bande enherbée adjacente, sources d’adultes, ancienne prairie dans la rotation, Cipan ou ray-grass en interculture, mais aussi rotation diversifiée. D’autres facteurs tendent à abaisser la pression taupin, notamment un taux d’argile ou de sable élevé, la pluviométrie cumulée au printemps précédent, avec un seuil au-delà duquel le nombre de larves diminue, ou encore le travail du sol au printemps et en été. Un modèle d’infestation des larves de taupins en parcelle de maïs a été réalisé et le développement d’un OAD par Arvalis et Inrae est en cours. « Il prend en compte le paysage, la température du sol, les pratiques, le climat et le sol, précise Philippe Larroudé, d’Arvalis. Et nous allons y ajouter la présence de Metarhizium brunneum, champignon entomopathogène qui agit sur le taupin. » Plusieurs essais montrent en effet que la présence de Metarhizium dans le sol réduit les attaques de taupin, avec une forte hétérogénéité toutefois entre parcelles, mais aussi au sein des parcelles.

Lire aussi : [Dossier] Melon et pastèque : faites vos choix

Abaisser les populations de taupins

Des alternatives ont déjà été explorées en maïs et pomme de terre. Un axe est celui de leviers agronomiques pour abaisser la population de taupins. Une première solution pourrait être le travail du sol pour détruire les œufs et les jeunes larves. « Pour l’instant, nos essais de deux à quatre passages de covercrop entre le 12 avril et le 15 juin n’ont pas montré d’intérêt, rapporte Philippe Larroudé. Nous devons améliorer la mise en œuvre du travail du sol. » Des pièges ont été installés pour prévoir l’émergence des adultes et suivre la ponte et le développement des larves. Une autre piste est celle des plantes biofumigantes. Deux espèces de moutarde avec ou sans fertilisation et avec ou sans soufre ont été testées. « L’objectif est de produire de la biomasse et des glucosinolates qui ont un effet répulsif et/ou insecticide sur les taupins », explique Philippe Larroudé. En bacs, les moutardes ont réduit la population larvaire de 30 %. La technique est actuellement testée au champ.

La stratégie des appâts est prometteuse

Les essais en maïs et pomme de terre ont montré l’importance de la variété sur la fréquence et l’intensité des attaques. « Le levier variétal est très efficace, note Philippe Larroudé. En maïs, il peut réduire les attaques de 50 %. Les analyses en maïs et pomme de terre n’ont pas montré d’impact des composés organiques volatils. Mais nous commençons à avoir des résultats intéressants sur des métabolites pouvant attirer les larves de taupin. » Une autre piste encourageante est la stratégie des appâts. « L’idée est d’attirer les larves avec des appâts pour les détourner de la culture au moment où elle y est le plus sensible. » La voie la plus intéressante est celle de fertilisants organiques à base de farine de viande et d’os. « Appliqués en plein et incorporés avant semis, ces fertilisants ont permis des rendements très intéressants en maïs, supérieurs ou égaux à la référence et qui s’élèvent quand on augmente la dose. » Une étude technico-économique a montré que le meilleur compromis est l’apport de 360 kg/ha, qui permet un gain en maïs de + 200 euros par hectare par rapport au témoin. « Il y a encore beaucoup de questions en melon, analyse David Bouvard, de l’Acpel. Mais les travaux déjà réalisés par ces filières nous donnent des bases sur la biologie des taupins, les facteurs de risque, l’intérêt du levier variétal, la piste des appâts… »

TaupiFast2 des premiers essais encourageants contre le taupin

Différents essais ont été engagés dans le cadre de TaupiFast2 par le CTIFL, l’Acpel et le Cefel. Des enquêtes ont été réalisées par le CTIFL sur trois parcelles pour étudier les facteurs de risque de taupin et d’autres seront menées à partir de 2026 par l’Acpel et le Cefel. Deux essais systèmes à l’échelle de la rotation ont également été engagés par le CTIFL. « Nous allons suivre l’abondance de taupins en utilisant des leviers seuls ou en association, avec une évaluation technico-économique des solutions » précise Margaux Kerdraon. Des travaux seront aussi engagés par le Cefel pour déterminer si une sensibilité variétale existe et, si oui, identifier les métabolites qui en sont responsables. Et un premier essai d’évaluation de produits de biocontrôle et hors biocontrôle a été mené à l’Acpel en 2025. Huit modalités ont été testées : Force Evo 0,5 GR (téfluthrine), non homologué en melon, Karaté 0,4 GR (lambda-cyhalothrine), homologué en melon contre les ravageurs du sol, dont le taupin, Lalguard (Metarhizium brunneum), homologué contre acariens, aleurodes, thrips, Tersen liquide (jus de lombricompost, matière fertilisante), Tersen Liz (jus de lombricompost sur granulé, matière fertilisante), ainsi que le film anti-taupin Barbier.

Recherche d’une solution à prix acceptable

Sur le témoin, 25 % des melons ont été touchés, avec une forte hétérogénéité d’attaque au sein de chaque modalité. Seul Force Evo a permis une réduction significative des attaques. « Mais nous savons maintenant que Force Evo ne sera pas homologué en melon et allons donc abandonner cette piste » indique David Bouvard. Karaté 0,4 GR, déjà homologué en melon et le film répulsif Barbier ont aussi montré un effet, non significatif dans cet essai. « L’hétérogénéité d’attaque n’a pas permis de conclure à leur efficacité, mais ce sont des pistes encourageantes qu’il faut continuer à étudier », estime Samuel Ménard, de l’Acpel. « Le film Barbier entraîne toutefois un surcoût d’environ 100 euros par hectare, alors que les marges sont très limitées en melon, note David Bouvard. Il faudrait le réserver à certaines parcelles à risque. La piste des appâts à base de farine de viande et d’os est aussi très intéressante, l’appât, étant un fertilisant, n’entraînant pas de surcoût. » Les essais vont se poursuivre en 2026 avec le film anti-taupin, le fertilisant organique utilisé comme appât et peut-être Tersen.

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