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L’Arc Atlantique veut continuer à produire plus de lait

Les régions de l’Arc Atlantique prévoient une augmentation de leur production laitière d’ici 2030. C’est ce que montre une enquête réalisée auprès de huit régions dans le cadre du projet Dairy 4 Future associant cinq pays. Seule la Bretagne prévoit un déclin de la production.

L’Arc Atlantique est assurément l’une des zones les plus favorables du monde à la production de lait de vaches. Il s’étend de l’Écosse au Nord aux Açores au Sud, et englobe les côtes ouest de la France et du Royaume-Uni, l’Irlande et l’Irlande du Nord, le nord-ouest de l’Espagne, et le Portugal. Toutes ces régions ont en commun d’être sous influence océanique, donc favorables à la production fourragère, mais avec des situations climatiques contrastées : une très forte humidité à l’ouest des îles britanniques, une forte sécheresse estivale au sud de la Loire en France et au Portugal, et des conditions plutôt chaudes avec des précipitations régulières dans le nord-ouest de l’Espagne et aux Açores. On y trouve schématiquement trois grands modes de production : des systèmes basés sur l’herbe et le pâturage à l’ouest des îles britanniques où les terres sont difficilement labourables, de l’herbe associée à du maïs dans l’ouest de la France, et des systèmes plus intensifs avec des vaches en bâtiment toute l’année et davantage de concentré dans le nord-ouest de l’Espagne et le Portugal. Cet Arc Atlantique pèse lourd dans la production laitière de l’Union européenne à 28 : 23 % du volume de lait, 80 000 exploitations, 41 millions de tonnes de lait et 70 000 emplois dans l’industrie laitière. La production laitière y joue un rôle économique majeur. Maintenir la durabilité et la résilience des exploitations est un enjeu essentiel. C’est dans ce but qu’a été mis en place le projet Dairy 4 Future (voir ci-contre) qui vient de se terminer après quatre ans et demi de travaux et qui associe cinq pays : la France, l’Irlande, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal.

+18 % de production dans l’Arc Atlantique entre 2007 et 2017

Toute la zone atlantique a connu une grosse restructuration sur la décennie précédente (2007-2017), un peu moins marquée en Irlande. Elle est particulièrement forte en Espagne et dans le nord du Portugal où le nombre de fermes a été divisé par deux. Le sud du Portugal fait exception avec un maintien du nombre de fermes et un doublement de la taille des troupeaux (près de 300 vaches). Sur la même période, la production a progressé de façon sensible dans la plupart des régions (de +10 % jusqu’à +43 % en Irlande, +15 % en Bretagne), sauf dans trois régions où elle est en forte baisse : la Nouvelle-Aquitaine (-15 %), le Pays basque (-20 %) et le nord du Portugal (-15 %). En moyenne dans la zone atlantique, la production a augmenté de 18 %. Ces tendances se poursuivront-elles ? Quelles sont les perspectives d’ici 2030 ? Une enquête a été menée auprès des partenaires de Dairy 4 Future dans huit régions, dont la Bretagne pour la France.

Un déclin de 5 % attendu en Bretagne

Ces régions de l’Arc Atlantique s’attendent toutes à une croissance du volume de lait produit entre 2019 et 2030… sauf la Bretagne qui est la seule à prévoir un déclin de 5 %. Ailleurs, la progression devrait être supérieure à 9 %, mis à part la petite filière de montagne intensive du Pays basque espagnol (à +2 %). La progression la plus forte concerne sans surprise l’Irlande qui poursuit sur sa lancée avec une prévision à +21 %. La restructuration devrait se poursuivre à un rythme soutenu. Il y aura moins d’éleveurs partout, entre -10 % en Irlande jusqu’à -49 % en Galice qui concentre 40 % de la production espagnole. La Bretagne prévoit une diminution du nombre de producteurs de 32 % .

Des troupeaux plus grands partout

Les troupeaux devraient donc continuer à croître partout. En Galice, leur taille (en moyenne une cinquantaine de vaches aujourd’hui) devrait plus que doubler (+69 %). Il en est de même dans le sud-ouest de l’Angleterre (+54 %) où les troupeaux comptent déjà en moyenne 200 vaches. Quant aux troupeaux bretons, ils devraient voir leur effectif s’accroître de 34 %.

L’augmentation des volumes se fera aussi grâce aux rendements laitiers qui devraient continuer à croître partout : faiblement en Bretagne (+4 %) et au Pays basque (+5 %), mais jusqu’à +33 % en Galice où le niveau d’étable se situe déjà en moyenne à 8 900 kg de lait par vache. Dans les autres régions, la tendance se situe à la hausse entre +7 et +15 % en volume, mais entre +13 et +23 % en matière utile.

Pour certaines, les vaches devraient à l’avenir produire plus de lait avec moins de concentré : l’Irlande notamment prévoit 7 % de lait par vache en plus avec moitié moins de concentré, ou le sud-ouest de l’Angleterre 15 % de lait en plus avec 6 % de concentré. La Bretagne prévoit également de produire 4 % de lait en plus avec 5 % de concentré en moins, ceci en valorisant mieux le pâturage. En revanche, le pays de Galles et la Galice prévoient une hausse des quantités d’aliment (+16 % et +7 %). La plupart des régions prévoient d’utiliser moins d’engrais azotés chimiques (de -5 % jusqu’à -33 % au Pays basque) sauf la Galice qui pense maintenir les quantités actuelles, et le sud-ouest de l’Angleterre qui envisage une petite hausse de +3 %.

Les émissions de GES et la qualité de l’eau

Quels facteurs pourraient à l’avenir venir contraindre la production laitière ? Toutes les régions mettent en avant les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la qualité de l’eau. Ces deux facteurs sont même considérés à haut risque en Irlande, en Irlande du Nord et en Bretagne. Parmi les facteurs souvent cités figurent également l’accès au foncier, la biodiversité ou encore les accords commerciaux internationaux. La principale faiblesse est la sensibilité à la volatilité des prix avec de faibles marges, et donc la difficulté à développer l’activité. Le changement climatique est la principale menace à cause du risque de sécheresse pendant la période de pousse de l’herbe.

Repères

Le projet Dairy 4 future, c’est :

5 pays partenaires : France, Irlande, Royaume-Uni, Espagne, Portugal
12 régions de l’Arc Atlantique
100 fermes pilotes
10 fermes expérimentales
11 partenaires techniques

Quatre défis à relever pour le secteur laitier de l’Arc Atlantique

1 - Diminuer les coûts de production et améliorer la résilience économique face à la volatilité des prix.

2 - Améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources (eau, aliment…) et mieux contrôler l’impact de l’élevage sur l’environnement.

3 - Renforcer l’attractivité de l’élevage laitier pour assurer le renouvellement des générations.

4 - Améliorer les conditions de travail et la gestion.

Dairy 4 Future : évaluer et diffuser des pratiques innovantes

De l’Écosse aux Açores, le projet Dairy 4 Future vise à augmenter la durabilité et la résilience des exploitations laitières de l’Arc Atlantique.

Le projet Dairy 4 Future a pour objectif d’identifier, évaluer et diffuser des pratiques innovantes auprès de techniciens et éleveurs à travers des séminaires internationaux ou des portes ouvertes d’élevages, des publications, vidéos, etc. « Le projet s’est concentré sur quatre thématiques clés : analyser les forces et faiblesses du secteur laitier dans les différentes régions de l’Arc Atlantique, favoriser sa résilience, améliorer l’efficience d’utilisation des ressources et déterminer des systèmes laitiers durables pour le futur », expose Sylvain Foray d’Idele, coordinateur du projet.

Des fermes pilotes innovantes et efficientes

Un réseau de 100 fermes pilotes réparties dans douze régions de cinq pays a été mis en place ; 20 se situent en Normandie, Bretagne et Pays de la Loire. Elles reflètent une panoplie de conditions et de systèmes allant du tout bâtiment à des systèmes très pâturants sans bâtiment. Ces exploitations ont été choisies sur des critères tels que le coût de production, l’empreinte carbone… « Ce sont des fermes efficientes et innovantes, gérées par des agriculteurs motivés et investis. L’idée est de mettre en évidence les points forts et les meilleures pratiques en termes d’efficience technique et économique. » Leurs résultats ont été analysés sur deux ans pour comprendre les clés de l’efficience.

Dix fermes expérimentales (La blanche maison, Trévarez, Derval et Lusignan pour la France) ont été associées au projet. Elles ont permis de tester et promouvoir des pratiques pour répondre aux enjeux environnementaux : réduction des émissions de GES, préservation de la biodiversité, récupération d’une eau de qualité, autonomie protéique et réduction de la dépendance aux combustibles fossiles.

Les idées fortes issues des données des fermes pilotes

L’analyse des données sur deux années (2018 et 2019) des 100 fermes pilotes montre que :

- Il n’y a pas d’effet du type de système sur la marge nette.

- Les coûts variables sont similaires dans les différentes régions. Il existe par contre des écarts de coûts fixes importants : les fermes bretonnes ont les coûts les plus élevés liés aux bâtiments et équipements.

- Les fermes les plus performantes ont autour de 50 vaches par personne ou moins.

- Les systèmes tout bâtiment ont une empreinte carbone supérieure aux systèmes pâturants ou mixtes.

- Les facteurs les plus impactants sur l’empreinte carbone des systèmes mixte ou pâturant sont : l’âge au premier vêlage, la fertilisation azotée et l’efficacité alimentaire. Il n’y a pas d’effet du rendement laitier.

- Les facteurs les plus impactants sur l’empreinte carbone des systèmes tout bâtiment sont : le rendement laitier, l’efficacité alimentaire, la couverture du stockage des effluents, le concentré.

- L’empreinte carbone va dans le même sens que l’autonomie alimentaire : elle est un bon indicateur de l’efficacité des ressources.

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