Aller au contenu principal

Les coopératives ovines se renouvellent dans le conseil en élevage

Après 15 ans de restructuration, les coopératives ovines sont en ordre de marche pour proposer de nouveaux services d’appui aux éleveurs.

« Pour un éleveur, être adhérent à une coopérative est synonyme de nombreux avantages avoir un débouché, des prix garantis, des agneaux toujours payés, des services exclusifs tels que des échographies, des achats groupés, de la réactivité en cas de crise, du lien social et le maintien d’activité dans les zones difficiles d’accès, un accompagnement technique, une représentation nationale… », énumère François Monge, président de la section ovine de La Coopération Agricole. Les coopératives ovines françaises ont vécu une vague de forte restructuration ces 15 dernières années, diminuant de moitié le nombre d’organisations de producteurs. « De 36 coopératives en 2015, nous sommes passés à 34 en 2019 avec les fusions de Cap Seine et Ovin 27 et de Provalp et Bergers du Soleil pour créer respectivement Natup et Agneau Soleil », détaille François Monge, également éleveur ovin dans la Drôme. En 2020, c’est au tour de Terre Ovine et d’Arterris de fusionner.

60 % des agneaux français passent par les coopératives

Ces restructurations étaient principalement d’ordre économique avec une mutualisation des moyens. « En fusionnant, on devient certes plus solide, mais le secteur à couvrir se démultiplie aussi, il faut alors veiller à maintenir une présence forte sur le terrain et de vrais liens de proximité avec les éleveurs », prévient François Monge. Et les coopératives ont besoin de ce lien avec les éleveurs car avec un nombre croissant d’adhérents sur la dernière campagne, elles totalisent près de 60 % de la force de production ovine française. Pour ce qui est de l’aval (abattage et distribution), les coopératives représentent autour de 45 % du marché.

Investir dans le conseil technique avec un retour économique

Et pour asseoir leur présence sur le terrain, les coopératives réfléchissent au renouvellement de leurs offres de conseil en élevage. « Les financements publics pour les appuis techniques sont en diminution depuis quelque temps, or les éleveurs ovins ont vraiment besoin de ces fonds », rappelle François Monge. Les coopératives s’investissent dans le conseil technique notamment pour répondre à un besoin toujours croissant d’améliorer la productivité et pour adapter les pratiques aux attentes sociétales. « Les éleveurs devraient davantage voir les solutions de conseil comme un investissement avec un retour économique à la clé », insiste le président de la section ovine de La Coopération Agricole. Au niveau national, La Coopération Agricole et Interbev ovins réfléchissent à une uniformisation de l’offre de conseil en élevage avec la mise en place d’outils de présentation des résultats techniques, avec des formations pour les techniciens. « Les techniciens souffrent aujourd’hui du manque de temps dont ils disposent pour discuter avec l’éleveur, pour revenir sur les freins qu’il rencontre, sur les objectifs qu’il aimerait atteindre, les attentes qu’il a, etc. », reprend François Monge. Le développement du conseil en élevage passe par une nécessaire informatisation des élevages, les outils, clés de l’amélioration des performances zootechniques, étant déjà tous en format numérique.

La Coopération Agricole améliore le transport des agneaux

Alors qu’en élevage, des indicateurs et des outils d'évaluation du bien-être animal  seront bientôt disponibles, la Coopération Agricole se penche à nouveau sur la question du transport d’animaux vivants. « Il y a des travaux en cours sur le sujet au niveau de l’interprofession et la Coopération Agricole est très motivée : nous nous devons d’être irréprochables, assume François Monge. Beaucoup d’améliorations ont déjà eu lieu, avec l’installation de ventilateurs et d’abreuvoirs dans les bétaillères, avec des temps de pause obligatoires, mais nous pouvons toujours faire mieux. Nos chauffeurs ont un besoin de formation à ce niveau et doivent rester à jour des évolutions de la réglementation et de la traçabilité. »

Questions à François Monge, président de la section ovine de La Coopération Agricole

Sicoop, un outil pour prévoir les sorties d’agneaux

La crise du premier confinement a mis en exergue le manque de visibilité sur les agneaux à abattre. La Coopération Agricole développe une solution pour estimer les flux d’agneaux dans l’année.

Comment s’est construit Sicoop ?

François Monge - La réflexion autour d’un outil de prévision de sortie d’agneaux des membres des coopératives à l’échelle nationale a débuté il y a environ trois ans. Une quinzaine de coopératives se sont montrées très intéressées et, dès le démarrage, l’outil a pu être testé sur le terrain à petite échelle. Pendant le premier confinement, au printemps 2020, la nécessité d’avoir des estimations du nombre d’agneaux prêts à l’abattage est devenue beaucoup plus forte en ce contexte de crise. Nous manquions clairement de visibilité à l’échelle nationale et la stratégie de commercialisation en a pâti. Dès lors, les coopératives se sont mobilisées autour du développement de Sicoop et son déploiement est prévu pour la fin de l’année 2021.

Sur quelles données se basent les estimations ?

F. M. - Sicoop utilise les données d’abattage de l’année précédente, les données de lutte et d’IA et les données des échographies et des agnelages. Beaucoup d’autres indicateurs entrent en ligne de compte (taux de mortalité, taux d’IA, fertilité, etc.) afin d’offrir à chaque élevage un paramétrage individualisé. Et pour tout aléa survenu sur l’élevage (sécheresse, maladie, etc.), le technicien pourra saisir manuellement les données corrigées. La précision des estimations s’affine donc avec le temps, au fur et à mesure que de nouvelles données sont saisies. Toutes ces données donnent un ensemble intéressant à analyser autant pour l’éleveur que pour la coopérative. Celle-ci pourra par exemple simuler ses besoins en agneaux par rapport au calendrier de production et pouvoir anticiper le désaisonnement de certains élevages.

Quel intérêt aura l’éleveur d’utiliser Sicoop ?

F. M. - Fort de ce panorama de données, l’éleveur va pouvoir établir un calendrier de ses sorties d’agneaux, d’une précision à la semaine près. Il pourra également visualiser la vitesse de croissance de ses agneaux et l’état d’engraissement. Lorsqu’il aura un recul sur plusieurs années, l’évolution des différents indicateurs sera intéressante à étudier. Sicoop prévoit un accès pour l’éleveur et un autre pour le technicien de la coopérative. Chacun y trouvera les données qui l’appuieront dans ses décisions. Car notre ambition n’est pas seulement de faire des prévisions, mais également d’apporter suivi un suivi technique renforcé. Pour ce faire, Sicoop est d’ores et déjà compatible avec le logiciel de gestion Ovitel et d’autres synergies vont être créées très prochainement. Le logiciel prévoit une saisie et une importation des données facilitées pour le technicien comme pour l’éleveur mais ce dernier devra en contrepartie faire preuve de rigueur dans le renseignement de ses données d’élevage.

Les plus lus

Les éleveurs de brebis laitières des Pyrénées-Atlantiques s'investissent pour trouver des pistes d'adaptation de leur activité face au changement climatique.
Changement climatique : la filière lait de brebis des Pyrénées Atlantiques prend la mesure de l'enjeu
L'interprofession lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques dans un projet franco-espagnol à la recherche de pistes pour adapter…
Benoit Toutain, 17 ans et originaire de l'Oise, a été sacré meilleur jeune berger 2024 lors de la finale des Ovinpiades, le 24 février, à Paris.
Salon de l’Agriculture : Le meilleur berger de France 2024 vient de l’Oise
Le champion de la 19e édition des Ovinpiades, Benoît Toutain, est originaire de l’Oise et possède déjà son propre troupeau.
Baptiste Soulat, 27 ans, s'est installé en Haute-Vienne sur l'exploitation paternelle. Passionné par la génétique, il est devenu sélectionneur en Suffolk.
« J’ai concrétisé ma passion pour la génétique et la Suffolk sur la ferme de mon enfance »
Baptiste Soulat, 27 ans, s’est installé sur l’exploitation bovine de son père en Haute-Vienne, créant du même coup l’atelier…
Parmi les céréales qui peuvent être distribuées aux brebis, l'avoine est la moins énergétique et n'est pas acidogène.
Quelles céréales intégrer dans la ration des brebis ?
Les céréales sont des concentrés d’énergie qui sont essentiels dans la ration des brebis selon leur stade physiologique. Tour d’…
Légende
"Nous avons choisi le pastoralisme itinérant"
Après avoir été bergers durant cinq ans, Juliette Martorell et François Oriol pratiquent depuis deux ans le pastoralisme…
Sébastien Abiuso avec ses brebis dans un champ.
« Fraîchement licencié, j’ai décidé de m’installer en élevage ovin »
Sébastien Abiuso, 49 ans, cuisinier de formation, une expérience dans les travaux publics, fait le choix de concrétiser un vieux…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 93€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre