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L’enquête avicole Sud-Est intègre toutes les charges

Des éleveurs de volailles de chair de l’Ain et la Drôme contribuent à une étude interprofessionnelle régionale visant à mieux maîtriser leurs charges opérationnelles et structurelles. Ces résultats sont utilisés dans les négociations des prix.

En volailles standard, les éleveurs drômois travaillent pour deux principaux opérateurs, à savoir Duc et Bernard Royal Dauphiné souvent reconnaissables par le type de bâtiment (ici un fournisseur du second) © L. Gouverne
En volailles standard, les éleveurs drômois travaillent pour deux principaux opérateurs, à savoir Duc et Bernard Royal Dauphiné souvent reconnaissables par le type de bâtiment (ici un fournisseur du second)
© L. Gouverne

Diffusée voilà quelques semaines seulement, la troisième enquête technico-économique (données 2018) concernant les élevages de volailles de chair du Sud-Est s’appuie sur les résultats de 15 éleveurs et 120 lots de poulets standard et label rouge dans l’Ain et la Drôme. C’est un début, mais « la dynamique est lancée » affirme François Gaudin, conseiller productions volailles et porcs à la chambre d’agriculture de la Drôme, qui coordonne ce travail dans le département.

 

 
 © Chambres d'agriculture-Itavi
© Chambres d'agriculture-Itavi
La synthèse des données 2019 sera publiée à la fin du premier semestre 2021 et les données 2020 à la fin de cette année. « Le prochain projet d’accompagnement de la filière prévoit d’accroître la représentativité de cette enquête en l’étendant notamment à l’Auvergne », précise Jean-Marie Fontanet, directeur régional Est de l’Itavi.

 

 

 
Chambres d'agriculture-Itavi

 

L’objectif est en effet d’augmenter le nombre d’éleveurs participant au recueil de leurs données comptables. « J’ai mis en ligne un tableur de type Excel où les éleveurs de poulet standard enregistrent leurs données anonymisées quand ils veulent. La feuille se met à jour automatiquement et permet à chacun de se situer par rapport à la moyenne de ceux qui ont déjà rentré leurs données », explique le conseiller drômois. Pour arriver à cet automatisme simple d’usage, un important travail collectif et de méthodologie a été réalisé.

 

 
François Gaudin, conseiller avicole et porcin à la chambre d’agriculture de la Drôme. « Il n’y a pas de petites charges et il faut tout compter. Les éleveurs ne doivent pas hésiter à se lancer dans des calculs de rentabilité. Nous pouvons les accompagner dans cette démarche. » © Chambre d'agriculture de la ...
François Gaudin, conseiller avicole et porcin à la chambre d’agriculture de la Drôme. « Il n’y a pas de petites charges et il faut tout compter. Les éleveurs ne doivent pas hésiter à se lancer dans des calculs de rentabilité. Nous pouvons les accompagner dans cette démarche. » © Chambre d'agriculture de la Drôme

 

Mécanisation et rémunération prises en compte

« Tout a commencé par la volonté de quelques éleveurs de notre groupement Gevoda de mieux cerner nos charges d’exploitation, explique sa vice-présidente Hélène Bombart. Nous ne pouvions nous reposer sur les seules données techniques de l’Ouest de la France où les prix des poulaillers notamment sont moins élevés qu’ici. Surtout nous voulions faire apparaître l’ensemble de nos charges, y compris celles de mécanisation et la rémunération qui ne doit pas être ce qui reste à la fin de l’exercice ! rappelle l’éleveuse drômoise. En vitesse de croisière, il suffit d’une demi-journée par an pour sortir du grand livre les chiffres nécessaires à cette enquête. En nous appuyant sur les compétences de François Gaudin nous avons élaboré une méthodologie carrée et abouti à une synthèse régionale en toute objectivité. »

Les éleveurs du groupement ont cherché à prendre en compte toutes leurs charges : paillage, épandage du fumier, nettoyage du poulailler, vaccination, frais de comptabilité, taxes, assurances, etc. Ils ont veillé à intégrer leur rémunération fixée à 2 SMIC par UTH avec charges (MSA…). « Il nous reste à mieux comprendre et analyser les disparités entre élevages, notamment entre ceux qui font appel à des prestations externes et ceux qui réalisent tous les travaux », ajoute Hélène Bombart.

 

Une enquête partenariale

L’enquête « Données technico-économiques de la volaille du Sud-Est » est financée par le Conseil régional avec l’interprofession avicole (Afivol). Le travail est piloté par le service économique de l’Itavi en coopération avec les chambres d’agriculture. Concernant le poulet de chair standard et label rouge, les indicateurs régionaux ont été recueillis en majorité dans l’Ain et la Drôme. Les résultats sont accessibles sur le site de l’Afivol (en bas d'écran=.

Un outil pour négocier le contrat

Hèlene Bombart fut l’une des premières engagée dans cette analyse régionale des charges.

 

 
Hélène Bombart.  « La main-d’œuvre éleveur est une charge comme les autres et ne doit pas être la variable d’ajustement ou ce qu’il reste quand tout a été payé. » © DR
Hélène Bombart. « La main-d’œuvre éleveur est une charge comme les autres et ne doit pas être la variable d’ajustement ou ce qu’il reste quand tout a été payé. » © DR

 

Vice-présidente du groupement des 260 éleveurs de volailles Drôme, Ardèche et environs (Gevoda), Hélène Bombart élève depuis vingt ans 500 000 poulets certifiés par an (et plus récemment des poulets ECC), avec 6 poulaillers dans la Drôme. « D’un point de vue individuel, ce recueil de données économiques à partir de nos grands livres comptables est indispensable pour aller plus loin dans la gestion analytique de nos activités sur une exploitation agricole. C’est un outil d’aide à la décision avant d’investir. » Ce travail régional a également un grand intérêt pour faciliter les échanges entre collègues à partir de données collectives validées. « Nous pouvons ainsi comparer de façon approfondie nos résultats sur des postes particuliers. »

Défendre notre rémunération

Toutefois, la première lecture des résultats fut désagréable. « L’intégration de toutes les charges met en évidence que l’on gagne bien mal notre vie en élevant des poulets. En prenant du recul, cette analyse technico-économique nous a aidés à réfléchir pour améliorer nos résultats. Nous avons noté combien est grande la différence entre exploitations selon que les bâtiments sont ou non amortis. Si on doit payer un poulailler, on ne peut guère se sortir de rémunération ».

Point capital, cette étude a également permis aux éleveurs de défendre leurs revendications face aux intégrateurs. « Chez Duc, nous avons ainsi obtenu voilà un an une augmentation sensible de la prime « bâtiment neuf ». Lors de la négociation du nouveau cahier des charges en août dernier, les éleveurs ont mis en avant les données établissant leurs charges pour réclamer une augmentation de rémunération. Ces arguments chiffrés permettent aux éleveurs de dépasser la seule plainte et d’engager des discussions 'sérieuses'. »

 

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