Le ray-grass anglais répond mieux à l’eau que la luzerne
Des travaux d’Arvalis permettent une première approche de la réponse à l’eau des espèces fourragères et montrent l’intérêt de réfléchir son assolement selon la pluviométrie et sa capacité à irriguer en cas de stress thermique.
Des travaux d’Arvalis permettent une première approche de la réponse à l’eau des espèces fourragères et montrent l’intérêt de réfléchir son assolement selon la pluviométrie et sa capacité à irriguer en cas de stress thermique.

De 2021 à 2024, dans le cadre du projet Climaveg(1), des essais ont été menés sur la station Arvalis de la Jaillière dans le Maine-et-Loire sur la réponse à l’eau de différentes espèces fourragères. « L’objectif était d’évaluer l’effet du changement climatique projeté sur le rendement des espèces fourragères, ainsi que l’intérêt technico-économique de leur irrigation », explique Mickaël Venot, d’Arvalis. Les essais ont comparé l’impact sur plusieurs espèces de différents niveaux d’irrigation : pluvial (non irrigué), stressé (irrigation équivalente à 50% de l’Evapo-Transpiration Maximale ou ETM), bien irrigué (100% ETM), irrigué + (130% ETM).
En 2023, les essais ont confirmé que l’irrigation augmente le rendement des espèces fourragères, mais avec une variabilité de l’efficience de l’eau (gain de biomasse par mm d’irrigation) selon les espèces et entre les coupes. La médiane de l’efficience de l’eau d’irrigation a été de 29 kg MS/ha/mm pour le ray-grass anglais, 22 kg MS/ha/mm pour la luzerne et 18 kg MS/ha/mm pour la fétuque. « Le ray-grass anglais, qui peine quand les températures sont élevées, peut donc donner de bons rendements s’il est irrigué, constate Mickaël Venot. La fétuque semble plus résiliente au manque d’eau. Et en luzerne, un gain de rendement significatif est obtenu sur les coupes irriguées. » A noter par ailleurs que l’indice de nutrition azotée a été plus faible pour les modalités non-irriguées. « Le stress hydrique semble limiter la nutrition azotée des espèces fourragères », constate l’expérimentateur.
Ne pas sur-irriguer
En 2024, année plutôt humide, l’efficience de l’eau sur la fétuque et la luzerne a été la plus élevée pour les doses les plus modérées d’irrigation. « Il y a une forte variation de l’efficience de l’eau entre les espèces, les coupes et les régimes hydriques, en lien sans doute avec les conditions climatiques. » Les essais ont démontré qu’il ne fallait pas sur-irriguer. « En luzerne, des pertes de pieds ont été constatées sur les modalités les plus irriguées la campagne précédente. »
Les résultats en matière de valeur alimentaire ont également été très variables. « Des travaux complémentaires seraient nécessaires pour mieux comprendre la réponse à l’eau des différentes espèces et optimiser les assolements et les irrigations éventuelles », conclut Mickaël Venot.
Baisse de 10% des rendements en luzerne en trente ans

Arvalis a comparé les rendements moyens obtenus dans les cinq départements de la région Pays de la Loire entre 1980-1989 et 2010-2019, sur des sols dotés de réserve utile variable (90 mm, 140 mm et 190 mm). « Entre les deux décennies, quelle que soit la réserve utile du sol, les rendements en luzerne ont diminué en moyenne de 10%, constate Mickaël Venot. On peut donc s’attendre à ce que le rendement diminue encore avec le changement climatique. »
Côté éco
Arvalis a réalisé une approche économique de l’irrigation des fourrages sur une exploitation par simulation. « Les charges fixes et opérationnelles sont assez proches entre les différents fourrages, sauf pour le ray-grass anglais qui affiche une meilleure efficience à l’eau. »