Aller au contenu principal

Le porc a une adaptation limitée au stress thermique

Le stress thermique et surtout le coup de chaleur sont redoutés pour leurs effets dévastateurs et soudains. Retour sur un mal saisonnier et sur les mécanismes qu’il met en jeu.

Les animaux recherchent des surfaces de contact plus importantes avec le sol quand il fait chaud. © D. Poilvet
Les animaux recherchent des surfaces de contact plus importantes avec le sol quand il fait chaud.
© D. Poilvet

Les porcs disposent de plusieurs mécanismes d’adaptation pour maintenir leur température corporelle lorsque la température ambiante augmente au-delà de leur zone de confort.

 
Augmentation du rythme respiratoire. Le porc dispose de glandes sudoripares peu nombreuses et peu fonctionnelles. Il ne peut donc compter que sur la perte calorique générée par la respiration pour maintenir sa température. Son rythme respiratoire augmente donc, jusqu’au halètement lors de fortes chaleurs. Ce mécanisme possède des avantages par rapport à la sudation, car il n’y a pas de pertes de minéraux via la sueur. Mais il a l’inconvénient de provoquer une déshydratation par évaporation et, paradoxalement, une augmentation de la production de chaleur interne par l’accélération de la contraction des muscles respiratoires.
 
Vasodilatation périphérique des vaisseaux sanguins. Classiquement, quand il fait chaud, le diamètre des vaisseaux sanguins périphériques s’élargit afin d’augmenter les surfaces d’échanges thermiques avec l’air ambiant. Cependant, l’amélioration de cet échange est limitée chez le porc par l’épaisseur de la couche de graisse sous-cutanée.
 
Modification comportementale : les porcs vont rechercher des surfaces de contact plus importantes avec le sol, voire avec des surfaces souillées. Cela leur apporte un peu de confort et réduit si c’est possible le contact physique avec leurs congénères. D’où l’importance de mettre à disposition des bauges pour les porcs disposant d’un accès en plein air ; Il ne faut pas oublier cependant que les soies offrent peu de protection face aux coups de soleil.

Parallèlement, l’ingéré quotidien va diminuer, et réduire de ce fait la production de chaleur liée à la digestion.

Du stress thermique au coup de chaleur

Mais quand ces systèmes de thermorégulation classiques sont débordés, c’est le coup de chaleur. Les conséquences pour les porcs peuvent alors être désastreuses. La vasodilatation périphérique sollicite en effet une accélération du rythme cardiaque et une augmentation de son débit afin d’assurer une circulation supérieure au niveau cutané. Elle provoque aussi une déshydratation par le halètement. Lorsque les capacités d’adaptation physiques sont dépassées, en particulier chez les truies autour de la mise bas, une insuffisance cardiaque et circulatoire s’installe. Elle peut provoquer la mort de l’animal par défaillance cardiaque.

Parallèlement, la circulation sanguine est détournée des viscères vers la périphérie, entraînant une moindre perfusion au niveau des intestins. Or, les cellules intestinales sont particulièrement sensibles à l’hypoxie et à la baisse des nutriments disponibles. La qualité de la barrière intestinale diminue alors, se traduisant par un passage accru de toxines bactériennes de la lumière intestinale vers la circulation sanguine.

La détection du coup de chaleur se fonde principalement sur l’observation de la respiration. La fréquence respiratoire, le halètement et la température cutanée ont les meilleurs indicateurs du statut de l’animal. La température rectale aura peu de valeur diagnostique, sauf en fin d’évolution. Par contre, ces informations ne renseignent pas sur la sévérité du coup de chaleur.

Surtout les truies et en fin d’engraissement

Tous les stades sont concernés, mais pas avec la même importance. Le coup de chaleur touche plus particulièrement les truies, qu’elles soient gestantes, allaitantes ou surtout en péri-mise bas. Il touche aussi les porcs charcutiers, surtout en fin d’engraissement. Ces animaux ont des points communs : un poids plus important pour une surface corporelle proportionnellement moindre, et une couche de gras sous-cutanée plus développée que chez les animaux plus jeunes. Comme son nom l’indique, le stress thermique est lié à la température : l’été et, dans une moindre mesure, la fin du printemps, sont des périodes réputées à risques. Mais c’est surtout la brutalité de l’augmentation de la température qui va avoir des conséquences sur les animaux : une augmentation progressive est mieux supportée grâce à une adaptation progressive, comme peuvent en témoigner les troupeaux originaires de la métropole stationnés dans les régions chaudes.

La température de confort évolue avec le poids

Dès que la température est 1 à 1,5 °C plus élevée que la limite basse de la zone de thermoneutralité (TCI, température critique inférieure), le rythme respiratoire augmente. En l’absence de glandes sudoripares efficaces, la limite haute de la zone de thermoneutralité (TCS, température critique supérieure) est à peine 5 °C plus élevée que la TCI en début d’engraissement : la zone de confort est ainsi entre 22 et 27 °C quand le porc est élevé sur caillebotis intégral. Quand le poids augmente, les deux limites de la zone de confort thermique diminuent et se rapprochent (entre 19 et 20 °C en fin d’engraissement) ce qui accroît la sensibilité du porc à la chaleur, d’autant plus qu’il est alimenté de façon libérale.

Nathalie Quiniou (Ifip) et David Renaudeau (Inrae)

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Le bâtiment est composé de deux salles de 400 places chacune avec un accès extérieur dans une courette semi-couverte.</em>
Un bâtiment d’engraissement en grands groupes de 400 places de porcs et un accès à l'extérieur

Dans le cadre du projet BP 2022piloté par la chambre d'agriculture de Bretagne, un bâtiment d'engraissement alternatif a été…

<em class="placeholder">Les effectifs de sangliers, potentiels porteurs de la fièvre porcine africaine, sont en forte expansion</em>
Les effectifs de sangliers, potentiels porteurs de la fièvre porcine africaine, sont en forte expansion

Le nombre de sangliers abattus chaque année a été multiplié par huit en trente ans.

<em class="placeholder">Sandrine Paybou, &quot;En tant que chef d’entreprise, je me dois d’être prête à faire face à tous les imprévus&quot;</em>
« En tant que gérante, je dois être prête à tout faire sur mon élevage porc»

Gérante d’un élevage de 850 truies naisseur engraisseur dans le Sud Ouest, Sandrine Paybou s’implique à fond dans son métier.…

<em class="placeholder">L’enrichissement dans la case (ici de la paille en râtelier) détourne l’attention des porcs et réduit l’importance des morsures. Mais il ne constitue pas une ...</em>
L’arrêt de la caudectomie en élevage de porcs s’accompagne toujours d’une part de caudophagie.

L’arrêt de la coupe des queues des porcelets à la station expérimentale de la chambre d’agriculture de Bretagne s’est…

<em class="placeholder">David Riou a présenté l&#039;élevage de porcs et la démarche RSO d&#039;Inaporc à une douzaine de journalistes lors de la visite de l&#039;élevage de Mathis et Estelle. </em>
Inaporc jalonne la route pour une filière porcine attractive

L’attractivité du métier d’éleveur et la bientraitance animale font partie des cinq piliers de la démarche de responsabilité…

<em class="placeholder">Biosécurité élevage porc PPA Finistère</em>
«J’ai mis la biosécurité au cœur de mon élevage de porcs»

Frédéric Mésangroas, 44 ans, est éleveur naisseur-engraisseur de porcs à Plouigneau, dans le Finistère. Soucieux de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)