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Le lupin blanc d’hiver se teste en système polyculture-élevage

Un groupe d’éleveurs-polyculteurs de Haute-Vienne cherchant à diversifier leur assolement et à allonger leurs rotations s’intéresse au lupin blanc d’hiver. Retour d’expérience avec le Gaec Val du Taurion qui en distribue à ses jeunes bovins limousins.

Le lupin ne manque pas d’arguments agronomiques : c’est une excellente tête de rotation qui améliore la structure du sol grâce à sa racine en pivot, et il permet de rompre le cycle des bioagresseurs des céréales. Et cette légumineuse a tout pour plaire pour complémenter en élevage allaitant : il est concentré en protéines avec 33 % de MAT (240 g PDIN/kgMS) tout en étant bien équilibré avec une très bonne teneur en énergie (1,33 UFL/kgMS). Il est appétent, et il suffit de le concasser pour que les bovins le valorisent bien. Il n’a pas besoin d’être toasté. Il n’est pas non plus très gras et on pourrait monter dans une ration jusqu’à 3 kilos par jour et par gros bovin. Le lupin est éligible à l’aide aux protéagineux.

Au Gaec Val du Taurion, Jérôme Duprat et Jean-Marc Alibert, éleveurs de limousines sur la commune de Saint-Laurent-les-Églises, se sont essayés à cette culture sur 2,9 hectares en 2024. « Nous avons réduit le chargement de notre système fourrager il y a quelques années pour l’adapter au climat, présentent les éleveurs. Nous avons aussi réduit les surfaces en pommes de terre pour différentes raisons, et cela libère quelques hectares. » Ils sont ainsi en position de gérer un certain niveau de risque sur les rendements. Après avoir introduit le colza pour allonger leurs rotations, ils essaient le lupin pour, en plus, améliorer leur autonomie en protéines.

2 kg de lupin dans la ration des jeunes bovins

« Le coût de production par hectare a été estimé à 797 euros par hectare en 2024 en comptant la rémunération de la main-d’œuvre », présente Caroline Piquerel de la chambre d'agriculture de Haute-Vienne. Le coût des semences – 342 euros par hectare avec l’inoculum – pèse lourd. Il y a eu un désherbage et pas de traitement fongicide. Avec un rendement de 23 qx/ha en 2024 (27 qx sur une partie de la parcelle), le lupin est ainsi revenu aux éleveurs à 346 euros par tonne (toujours en comptant la rémunération de la main-d’œuvre).

« À équivalence en protéines, par rapport à un kilo de tourteau de soja à 48 % de MAT acheté 45 centimes, il faut apporter 1,45 kilo de lupin à 33 % de MAT qui est revenu aux éleveurs à 49 centimes », calcule Antoine Sarre de la chambre d’agriculture de Haute-Vienne. « C’est le même prix d’équivalence que 1,37 kilo de tourteau de colza à 35 % de MAT acheté 365 euros par tonne. »

Au Gaec Val du Taurion, le lupin a été introduit dans la ration des jeunes bovins à base d’ensilage de maïs (objectif 1 600 g de GMQ), à hauteur de 2 kilos par jour. La ration pour des taurillons de 550 kg se composait de 12,5 kg d’ensilage de maïs, 0,2 kg de paille, 2,2 kg de blé, 2 kg de lupin blanc, 1 kg d’aliment à 30 % MAT. « Le lupin a ainsi permis d’économiser 1,8 kg d’aliment à 30 % MAT acheté et 0,8 kg de blé par jour et par animal. Le coût journalier de la ration jeunes bovins a été réduit de 2,92 euros à 2,74 euros », situe Antoine Sarre.

Sur le département de la Haute-Vienne, les sols cultivés conviennent pratiquement partout à cette culture (le lupin ne tolère pas une teneur en calcaire actif supérieure à 2,5 %). « Le rendement du lupin est à la fois relativement faible et très variable selon les années, dans une fenêtre de 10 à 30-40 qx/ha », constate le conseiller. « Pour les rations de base du troupeau allaitant et l’engraissement de femelles, produire ses protéines via des prairies riches en légumineuses ou des luzernes est une solution qui fonctionne. Ces fourrages prairiaux entrent aussi très bien dans les rations pour jeunes bovins ce qui permet de réduire les besoins en concentrés », rappelle-t-il.

Si le chargement du système est relativement faible, le lupin peut constituer une carte à jouer dans l’assolement sans prendre la place de céréales « notamment en système broutard. Les quantités de graines nécessaires pour complémenter les veaux sur quelques mois ne sont pas trop importantes », remarque Caroline Piquerel.

En savoir plus

Terres Inovia met à disposition gratuitement en ligne un guide de culture du lupin blanc doux d’hiver et de printemps, en conventionnel et en bio, qui a été mis à jour en 2022. Les critères de choix des parcelles et des variétés et les leviers pour réussir la conduite de la culture y sont synthétisés.

« Les performances des jeunes bovins ont été maintenues »

 

<em class="placeholder">éleveur limousine Haute-Vienne Gaec Val du Taurion</em>

« On a gagné sur un peu tous les plans. Les performances des jeunes bovins, que l’on pèse tous les trois mois, se sont maintenues à 1 600 grammes par jour de moyenne, et les achats de correcteur azoté ont bien été réduits. Le lupin n’est pas compliqué à cultiver. Il n’y a eu qu’un désherbage à faire en 2024. Notre batteuse était déjà équipée avec une coupe avancée, des doigts releveurs et une scie à colza. Le lupin a été broyé et mis en boudin avec la Cuma cantonale. La ration est distribuée à la mélangeuse.

 

Cette année, l’assolement est organisé avec 7 hectares de lupin, ce qui va nous permettre d’en distribuer pendant trois à quatre mois aux jeunes bovins. Pour réduire les frais, on envisage de tester à l’avenir des semences de ferme, à faire trier et inoculer.

Nous avons pressé la paille de lupin. Elle s’utilise un peu comme des plaquettes forestières : sur le plan de l’absorption et du confort, c’est insuffisant seul en période humide. Mais pour des jeunes bovins en été, cela va bien. »

Fiche élevage

270 ha de SAU dont 181 en prairies temporaires et permanentes et 89 ha de cultures (10 ha de pommes de terre, 15 ha de maïs ensilage, 12 ha d’avoine blanche pour flocons, 30 ha de blé tendre, 3 ha de blé dur, 12 ha de colza et 7 ha de lupin blanc d’hiver)

130 vêlages de limousines avec vente de reproducteurs, de jeunes bovins et de vaches de réforme

2 UMO

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