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L’Aveyron, cœur battant de la filière ovin viande en Occitanie

Avec plus de 100 000 brebis allaitantes, l’Aveyron se distingue comme un acteur majeur de la production ovine en Occitanie. La sélection sur la race lacaune viande poursuit sa dynamique et accède à la génomique.

<em class="placeholder">Brebis viande - UPRA Lacaune</em>
La race lacaune viande compte 250 000 têtes sur la France entière, dont 100 000 rien qu'en Aveyron.
© S. Lautier

« En Aveyron, la particularité de notre filière, c’est que malgré la concurrence, tout le monde travaille ensemble. Tous les acteurs départementaux collaborent pour la promotion de la filière », explique Aurore Petit, animatrice de la filière ovin viande à la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Les deux schémas de sélection du département sur la race lacaune ont pris des orientations différentes : le GID Lacaune sélectionne la race lacaune viande sur ses performances bouchères, le rythme d’agnelage et l’économie alimentaire, et Ovi-test sélectionne la race lacaune sur la prolificité et la valeur laitière. Les éleveurs adhèrent à un des schémas pour les inséminations animales (IA) et peuvent faire croiser avec d’autres races bouchères.

<em class="placeholder">Agneaux lacaune viande</em>
Les bonnes qualités maternelles, la prolificité comprise entre 1,70 et 2 et la rusticité de la lacaune viande en fait une race plébiscitée en système allaitant. © J. Bonnery
Et tout comme les OP, les deux schémas de sélection se font concurrence mais travaillent ensemble. « La race lacaune est une race qui a déjà de bonnes qualités maternelles, qui se dessaisonne bien et avec une certaine rusticité. Au niveau prolificité, le GID Lacaune se situe à 1,8 par choix. Nous souhaitons rester en deçà de ces chiffres-là parce que notre brebis parvient à être productive plutôt par un rythme d’agnelage que par un pourcentage de prolificité. Nos éleveurs l’apprécient pour cela, parce que c’est une race qui va être moins coûteuse en main-d’œuvre, notamment par le peu d’allaitement artificiel nécessaire », détaille Bruno Crassous, responsable du schéma de sélection GID Lacaune.

Hypermuscularité et trop-plein d’énergie

Côté conformation, ce schéma de sélection a réussi l’introgression du gène d’hypermuscularité, dit culard, présent dans la race Texel belge. « Les générations d’aujourd’hui naissent à 80 % homozygotes sur l’hypermuscularité. Cela nous amène à une très bonne conformation, c’est ce qui nous dispense d’avoir recours à du croisement terminal pour produire des agneaux qui correspondent aux attentes. Cela simplifie largement les accouplements, réduit les préoccupations des éleveurs concernant le renouvellement et leur permet de récupérer des agnelles de renouvellement à tout moment. »

Cependant, les éleveurs ont fait remonter que les brebis au gène culard étaient un tantinet « trop énergiques ». Le GID Lacaune s’appuie donc sur un protocole comportemental des animaux avec l’Inrae afin d’évaluer l’ensemble des mâles en station sur leur instinct grégaire et leur réactivité vis-à-vis de l’homme.

Efficacité alimentaire et résistance au parasitisme

Les dernières évaluations sur la consommation de concentré des mâles en station montrent une baisse de 12 % sur les six dernières années. « Avec la race Romane, nous sommes les seules races au niveau national à appliquer ce protocole qui est coûteux en temps et en énergie », souligne Bruno Crassous.

<em class="placeholder">Bruno Crassous, GID Lacaune</em>
Bruno Crassous, GID Lacaune : « L'introduction du gène d'hypermuscularité chez la lacaune viande signifie une simplification de la reproduction, notamment en évitant aux éleveurs de procéder à un croisement terminal avec des races bouchères. » © DR
La résistance au parasitisme figure aussi parmi les objectifs de sélection de GID Lacaune. « L’objectif était d’identifier les béliers les plus sensibles aux parasites et de les écarter de la diffusion afin de travailler sur ce caractère de résistance qui commençait à poser problème en élevage », ajoute Bruno Crassous.

Aujourd’hui, si la sélection génomique est appliquée aux bovins et aux ovins lait, il n’existe pas encore de méthode concrète pour les ovins allaitants. Depuis 2020, plusieurs schémas de sélection, dont Ovi-test et GID Lacaune, travaillent à cette sélection génomique. « Nous avons aujourd’hui une base solide d’échantillonnages de nos animaux en station, ce qui nous permet à la fois un large panel des gènes majeurs et le protocole de sélection construit en partenariat avec l’Institut de l’élevage et l’Inrae. Notre objectif serait de pouvoir analyser nos animaux dès le plus jeune âge afin d’obtenir des index suffisamment fiables pour accélérer le rythme de notre sélection et améliorer encore l’efficacité de nos schémas de sélection », précise-t-il.

Ovi-test : allier qualités maternelles et performances bouchères

Le nombre d’éleveurs en sélection Ovi-test est stable depuis 2013, mais le passage de certains élevages en lait a entraîné une baisse depuis 2022. Le schéma de sélection d’Ovi-test est axé sur les qualités maternelles, avec du testage qualité bouchère. « Nous avons commencé dans les années soixante-quinze avec les qualités maternelles, puis nous avons rajouté les qualités bouchères dans les années 1990. Les deux testages se font simultanément », explique Christophe Burg, responsable du schéma de sélection viande Ovi-test.

<em class="placeholder">Christophe Burg, Ovitest</em>
Christophe Burg, Ovitest : « Le coeur de notre stratégie de sélection, ce sont les qualités maternelles de la lacaune viande. Mais nous faisons les tests sur les qualités bouchères en inséminant les agnelles laitières. » © DR
« Dans ce schéma, les éleveurs sélectionneurs ne gardent que les agnelles issues d’insémination. Pour cela, nous leur imposons d’inséminer au moins la moitié de leur troupeau adulte. Le plus souvent c’est en deux lots, une IA en début d’année en février/mars, et une deuxième en juin. Cela permet une forte pression de sélection et donc de pouvoir avancer rapidement sur les critères de sélection que nous nous fixons », explique Christophe Burg. À l’issue du contrôle individuel en station, les 24 meilleurs béliers Ovi-test sont utilisés pour l’insémination. « En 1975, les premières indexations des agnelles étaient à 1,20 de prolificité et nous sommes aujourd’hui à 2. »

Ovi-test teste des béliers pour leur qualité maternelle. Sur les IA faites chez les sélectionneurs, la moitié des brebis est inséminée avec de jeunes béliers de testage. Les éleveurs doivent garder des agnelles : moitié issue de bélier testage, moitié de bélier améliorateur. « Dans le même temps, nous réalisons des IA sur des agnelles laitières avec les mêmes béliers testages pour la qualité bouchère. Les agneaux issus de ces accouplements mixtes entrent en engraissement et cela nous sert de support pour tester les béliers sur ces performances bouchères. Élevés dans les mêmes conditions d’engraissement, ils peuvent ainsi être comparés. Les béliers sont contrôlés à l’abattoir et, en fonction des notes qu’ils ont, nous pouvons indexer leur père en améliorateur boucherie ou non. » Ainsi, les béliers améliorateurs à la fois sur les qualités bouchères et maternelles sont appelés les béliers Élite. Il s’agit donc d’un schéma complet, avec le testage sur les qualités maternelles et un testage sur les qualités bouchères.

La sélection génomique en ovin allaitant

La sélection génomique en ovin allaitant est une avancée récente. « Jusqu’ici, nous pratiquions une sélection classique. Depuis 2021, nous avons intégré la sélection génomique, comme cela se fait déjà en production laitière. Grâce aux connaissances actuelles en génomique, il est désormais possible d’établir la carte génétique de chaque animal et de prédire ses performances en fonction de ses gènes, sans attendre qu’il ait produit une descendance. Cela permet d’accélérer la sélection grâce à l’index génomique », explique Christophe Burg. Les premiers index génomiques devraient être disponibles l’année prochaine. Cependant, cette avancée ne remplace pas le travail de sélection sur la descendance et les tests en conditions réelles. « Il est essentiel de continuer à confirmer les animaux sélectionnés tout en maintenant une population de référence fiable. »

Sur son schéma de sélection, Ovi-test travaille sur trois gènes de prolificité et a choisi d’écarter le gène BNP15. « Nous n’avions qu’un seul ascendant commun, ce qui limitait la variabilité génétique. De plus, les brebis homozygotes étaient stériles. » Aujourd’hui, Ovi-test gère le gène FECL (ancien LAC3). « Nous essayons de maintenir sa présence à environ 35 % dans notre schéma, ce qui nous permet d’atteindre une prolificité de deux agneaux par brebis. » Un autre gène, FECXN, a été découvert plus récemment et est actuellement en phase de test à Ovi-test.

Chiffres-clés GID Lacaune

Taux de prolificité : 170 %

20 éleveurs et 9 000 brebis en sélection

42 000 inséminationspar an (vocations génétiques et terminales) deux tiers lacaune lait, un tiers viande

100 béliers en centre d’insémination (AMBO, Élite et de testage)

30 jeunes béliers y entrent chaque année (testés sur qualité bouchère et valeurs maternelles)

160 mâles sur 2 stations de contrôle individuel par an

Chiffres-clés Ovi-test

Taux de prolificité : 200 %

20 éleveurs en sélection complète (avec pesées des agneaux)

8 élevages en support testage (indexation prolificité)

10 600 brebis en base de sélection

37 000 inséminations en lacaune viande, dont 7 500 en base de sélection

110 béliers

3 744 agnelles reproductrices vendues

71 béliers vendus dont 30 gardés pour le testage

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