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Stabulation : « Notre budget a été défini en fonction de nos prélèvements privés et non l’inverse ! »

Au Gaec Urban, dans le Bas-Rhin, les trois associés ont calculé le budget qu’ils pouvaient investir dans un bâtiment neuf avec salle de traite 2x14 en partant d’un objectif de prélèvements privés de 1 500 euros par mois.

À Berstett, dans le Bas-Rhin, les 150 vaches du Gaec Urban sont logées confortablement depuis mai 2013. Le bâtiment a vu le jour suite à l’installation de Valentin Urban avec son père, Jean-Marc, et son oncle, Denis. La référence laitière du Gaec est alors passée de 900 000 à 1,1 million de litres.

« Nous avons tenu un certain temps en rafistolant le vieux bâtiment de 1 000 m2 construit en 1986. Mais la stabulation était saturée. Nous trayions 110 vaches avec une 2x6. Nous raclions au tracteur. C’était contraignant », décrit Denis Urban. Cette situation n’étant pas tenable à long terme, les associés ont décidé d’investir dans un bâtiment avec un objectif clair : rationaliser le travail, assurer le confort des vaches et ne pas se ruiner.

Rationaliser le travail sans se ruiner

Le projet remonte à dix ans. Les prix ont fortement augmenté depuis. En revanche, la méthode retenue pour fixer le budget d’investissement maximum reste d’actualité. Concrètement, les associés sont partis d’un objectif de prélèvement privé de 1 500 euros chacun à l’époque. Ils ont estimé l’EBE qu’ils pouvaient dégager en évaluant la marge brute de l’atelier cultures de vente et de l’atelier lait. Dans les deux cas, ils ont retenu l’hypothèse basse pour les prix de vente. « Si le budget passe avec une hypothèse de prix bas, cela passe forcément avec des prix plus élevés », souligne Denis.

Le calcul de la marge brute moyenne pour les cultures de vente (30 ha de blé, 20 ha de betteraves sucrières et 50 ha de maïs grain) s’est basé sur les prix moyens enregistrés lors des cinq dernières années. Le prix du lait a été fixé à 300 €/1 000 l à l’époque. Puis, en tenant compte des remboursements de prêts en cours et des taux d’intérêt pratiqués par la banque, le calcul a débouché sur une enveloppe de 700 000 euros. Le budget a été tenu : « Nous avons investi 690 000 euros dont 40 000 euros de subventions. »

Premier investissement : l’achat d’un laser

Comment a été dépensé ce budget ? Deux possibilités ont été étudiées : transformer l’ancien bâtiment et installer des robots de traite, ou partir sur du neuf avec une salle de traite. Après plusieurs visites d’élevages et avec l’appui de la chambre d’agriculture du Bas-Rhin, du centre de gestion et du BTPL, le Gaec Urban a finalement opté pour la seconde solution : une stabulation neuve avec 149 logettes réparties sur trois rangées et une salle de traite épi 60 degrés 2x14. « Mener de front la conduite du troupeau et la rénovation de l’ancien bâtiment aurait été compliqué à gérer. Et nous n’étions pas convaincus par la robotisation de la traite. D’autant qu’il aurait fallu installer trois robots », expose Denis Urban.

Les associés ont activé plusieurs leviers pour ne pas déraper côté budget. À commencer par des économies sur le poste terrassement et maçonnerie. « Le premier achat que nous avons fait, c’est un laser », relate avec humour Denis. « Nous avons valorisé la pente naturelle du terrain pour réaliser une pente de 2 % vers la fosse à moindre coût. Cette pente permet d’éviter d’installer plusieurs pompes pour acheminer le lisier vers la fosse. »

Un seul couloir de sortie de traite

Les éleveurs ont également pris en charge la maçonnerie. « Nous avons acheté un coffrage d’occasion à un maçon. La seule chose que je ne referais plus aujourd’hui, ce sont les couloirs de circulation. Car cela demande beaucoup de temps de travail alors que les maçons sont habitués à le faire bien et rapidement. »

Pour économiser de la place, l’aire d’attente de la salle de traite a été positionnée dans un couloir de circulation des animaux. Le chien électrique de l’ancienne salle de traite a été récupéré. « Il a plus de 30 ans, mais il fonctionne encore très bien. » La salle de traite épi 60 degrés 2x14 postes a été préférée à une TPA avec lice avant rotative, notamment parce qu’elle est plus économe en surface à bétonner.

Denis assurant le parage, le Gaec a investi dans un box de contention. Il est positionné à la sortie de l’unique couloir de retour. « Avoir un seul couloir de retour permet de réduire les coûts de construction et d’installer si besoin un pédiluve. En revanche, cela crée parfois des bouchons à la sortie. »

Des logettes creuses pour le confort et le coût

Le bâtiment comprend 149 logettes creuses (paille-chaux). « Des logettes équipées de matelas nous auraient coûté 30 000 à 40 000 euros de plus », expose Denis Urban. © T. Urban

Les associés ont opté pour des logettes creuses paille-chaux. « C’est très confortable pour les vaches mais plus contraignant en termes de travail que des logettes avec matelas. Mais pour 149 logettes, il aurait fallu dépenser 30 000 à 40 000 euros de plus », décrit Denis Urban. La disponibilité en paille et le souhait de ne travailler qu’avec un seul effluent pour faire des économies sur le stockage des déjections ont également pesé dans la balance.

La pose du bardage par les éleveurs a contribué à rester dans les clous. « Le bardage bois coûte nettement moins cher que des filets brise-vent. Sur un bâtiment de 100 mètres de long, l’économie est importante. » Par ailleurs, pour réduire la facture d’électricité, le Gaec a investi dans un prérefroidisseur.

Denis Urban n’a qu’un seul regret. « Tout est prévu pour pouvoir ajouter une quatrième rangée de logettes si nécessaire. Vu le coût des bâtiments aujourd’hui, on aurait dû le faire à l’époque d’autant que nous avions le permis pour. Et tout serait remboursé aujourd’hui. Nous avons été trop prudents finalement. »

Dominique Lagel, du BTPL

« Partir du revenu disponible souhaité »

« La chronologie dans l’élaboration du projet est un point crucial pour éviter les mauvaises surprises. Les éleveurs doivent réaliser une étude économique en partant du revenu disponible qu’ils visent. Cela permettra d’en déduire les annuités et l’investissement maximum possible. Une fois cette étape passée, vous pouvez aller plus précisément sur le plan du bâtiment. Faire des devis à partir d’un projet encore flou et courir chez son banquier n’est pas un bon timing. D’autant qu’un banquier pèsera plus le risque financier au regard des garanties patrimoniales avant de raisonner rentabilité. »

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