Quelles sont les sources de stress à limiter au maximum pour vos vaches ?
Social, physiologique, thermique... La vache peut être soumise à différents stress, qui réduisent sa capacité de résistance.
Social, physiologique, thermique... La vache peut être soumise à différents stress, qui réduisent sa capacité de résistance.
Le stress est une réaction de l'organisme face à une agression de nature physique, infectieuse, psychique, mais elle est aussi liée aux modifications physiologiques de l'animal.
Chez la vache, les transformations physiologiques sont très marquées quand son organisme se prépare au vêlage trois semaines avant le terme, et jusqu'au deuxième mois de lactation. Adaptation du rumen au changement de ration, préparation de la mamelle, mise bas, fabrication du colostrum, reprise du cycle reproducteur... l'organisme de la vache est très sollicité. " Dans ces conditions, chez la vache haute productrice, le déficit énergétique est presque incontournable, un stress oxydatif est difficilement évitable et des phénomènes inflammatoires sont assez systématiques. On cherche à réduire au maximum ces phénomènes qui ont des conséquences négatives sur les défenses immunitaires ", souligne Gilles Foucras, de l'école nationale vétérinaire de Toulouse.
Un stress très élevé autour du vêlage
Le stress oxydatif est une agression des cellules par des radicaux libres, soit parce qu'ils sont produits en trop grande quantité, soit par manque d'antioxydants chargés de les éliminer. Autour du vêlage, la quantité d'antioxydants diminue et les molécules oxydantes sont en plus grande quantité, en lien avec l'augmentation de l'activité métabolique. Ce stress met en difficulté le système immunitaire et est à l'origine de nombreux déséquilibres et pathologies bovines. On veillera au rationnement pendant la période sèche car il y a un effet de l'état corporel des vaches sur le stress oxydatif. Et des apports nutritionnels suffisants et équilibrés restent la clé pour aider la vache à passer le cap de ce stress. Enfin, il est conseillé de couvrir les besoins d'anti-oxydants avec des vitamines (A, E) et des oligoéléments comme le sélénium. " Pendant la période sèche, l'apport des concentrés est réduit, alors que la distribution de l'aliment minéral vitaminé (AMV) couvre habituellement les besoins en oligoéléments et vitamines. Il faut donc compenser avec des apports spécifiques ", précise Gilles Foucras.
Conduite en lots, trouver le bon compromis
Le stress psychique est causé par les perturbations dans l'environnement de vie de l'animal : changement d'alimentation, de logement, de lot... " Sur la question des lots d'animaux, il faut parfois trouver un compromis en fonction de la taille de l'élevage. Par exemple, dans un grand élevage, on va conduire les primipares séparemment des multipares pour éviter des phénomènes de compétition préjudiciables à la santé et au bien-être des animaux les moins lourds. Mais d'un autre côté, il faut limiter les changements de groupe car ils sont source de stress ", détaille Giles Foucras.
Attention au confort en bâtiment et au pâturage
L'inconfort est également source de stress : un mauvais agencement du bâtiment ou des logettes dont les barres sont mal réglées peuvent induire de longues stations debout et des risques de blessures. Un sol glissant, une mauvaise ventilation avec une charge en ammoniac trop forte et/ou des courants d'air, une chaleur humide, des abreuvoirs en nombre insuffisants... ont des répercussions évidentes. " La qualité du bâtiment est fondamentale pour avoir des vaches résistantes. C'est également vrai pour l'organisation des prairies, des chemins d'accès, des abris et des points d'eau, surtout en période de forte chaleur. "
On parle de plus en plus du stress thermique de la vache, qui commence dès 22°C avec un taux d'humidité supérieur à 60 %. La vache a du mal à réguler sa température corporelle en cas de chaleur humide. Son système digestif consomme et génère beaucoup d'énergie. Quand il fait trop chaud, l'afflux sanguin va davantage perfuser la peau pour évacuer la chaleur, et donc un peu moins vers le système digestif. La vache reste davantage debout pour mieux réguler sa température en évacuant la chaleur. L'ingestion et la production baissent. L'organisme est moins efficace dans la lutte contre des agents infectieux.
" Cette recherche de situation à faible stress, ou concourrant au bien-être animal, a conduit à réduire la densité animale en offrant plus de place de logettes que le nombre de vaches présentes. Il y a des effets de groupe (comportement grégaire) et des effets de hiérarchie qui font que cette règle doit être respectée pour éviter toute source de stress pour les animaux de niveau hiérarchique inférieur ", insiste Gilles Foucras.
À retenir
La chaleur, la domination de la part des autres vaches, une pression sanitaire trop élevée, un logement inconfortable... génèrent du stress. Il se cumule au stress physiologique, qui est intense autour du vêlage.
Comment le stress fait-il baisser l'immunité ?
La production d'hormones perturbant le système immunitaire, l'agression par les molécules oxydantes... Plusieurs mécanismes lient le stress à une baisse d'immunité.
L'organisme est occupé ailleurs. L'énergie que l'organisme consacre à d'autres fonctions n'est pas disponibles pour l'immunité.
L'organisme est affaibli, par exemple à la suite du vêlage, d'une blessure, d'un déséquilibre nutritionnel ; et les fonctions organiques ne sont pas optimales.
L'organisme est perturbé. Par exemple, " le stress augmente la production de l'hormone cortisol, qui a une action immunosuppressive à forte dose. En cas de stress élevé et/ou prolongé (plusieurs jours), les cellules s'habituent au cortisol. Du coup, lors de certaines infections, elles ne réagissent plus de façon adaptée ", expose Gilles Foucras.
L'organisme est agressé. Lors de stress oxydatif, la trop forte charge de molécules oxydantes dépasse le système immunitaire qui a du mal à faire le ménage, autrement dit à détruire ces molécules. Et les cellules sont abîmées voire détruites ; les barrières naturelles comme la peau ou les muqueuses comme celles de l'intestin, ne sont plus optimales contre les agents pathogènes.