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« Nous récoltons deux types de méteils en grains »

Dans le Nord, Benoît Moreel a opté pour un mélange à base d’avoine et de féverole stocké en boudins. Un second méteil est constitué de triticale et de pois fourrager.

Installés à Vieux Berquin sur 75 hectares avec une référence de 400 000 litres, Benoît et Céline Moreel ont converti leur exploitation en bio en 2012. Pour optimiser l’autonomie de leur élevage, ils ont intégré la culture de méteils dans la rotation. « J’avais d’abord envisagé de produire de la féverole pure, mais le désherbage était très compliqué, souligne Benoît Moreel. Finalement, je sème un mélange avec de l’avoine. La céréale couvre rapidement le sol. Elle a un effet allélopathique (interaction biochimique) contre les dicotylédones. » Ce méteil est semé sur 6 à 9 hectares en fin de rotation derrière une prairie ou luzerne (4 ans), suivi d’un maïs et d’une céréale, du triticale la plupart du temps. La densité de semis avoisine les 150 kg/ha pour la féverole et 60 kg/ha pour l’avoine.

Un passage de herse étrille

Jusqu’ici, le mélange était semé en deux passages pour préserver son homogénéité. La céréale était semée à 3 cm de profondeur avec un écartement de 11 cm. La féverole était ensuite semée avec un semoir de précision à 5-7 cm de profondeur avec un écartement de 45 cm. « Cette année, j’ai semé les deux en même temps à 4-5 cm. Cela marche bien. Il faut juste éviter de trop remplir le semoir pour que le mélange reste homogène. »

Dans ce secteur, les sols sont limono-argileux (jusqu’à 40 % d’argile) et hydromorphes. Après un labour d’hiver et un passage de herse rotative, le mélange est semé si possible fin février-début mars. « Plus on sème tard, plus le rendement est pénalisé », constate l’éleveur. Le désherbage est réalisé à l’aide d’un passage de herse étrille quand la céréale commence à taller.

Conservation des grains aplatis en boudins

L’avoine est mûre mi-août, soit quinze jours avant la féverole. « Comme je mets la priorité sur l’avoine, je récolte des grains autour de 25 % d’humidité. Cela m’oblige à les conserver en boudins pour éviter qu’ils chauffent. » Réalisé par une entreprise, l’aplatissage des grains est facturé 28 euros par tonne. La confection du boudin coûte 32 euros par mètre.

Un second méteil grain à base de triticale (160 kg/ha) et de pois fourrager (10 à 15 kg/ha) est semé en automne sur 15 à 20 hectares. « Au départ, on pensait semer du triticale pour avoir le maximum d’énergie, facteur limitant des rations en bio. Mais, finalement l’association avec le pois améliore le rendement en grains d’environ 10 quintaux par hectare et le mélange contient plus de protéines. Mais j’en sème peu pour éviter la verse. L’intérêt de ce méteil est qu’il peut être récolté sec (15 % d’humidité). C’est plus simple pour le conserver. Il est également plus régulier que le mélange avoine-féverole. » La féverole souffre quand les printemps sont humides et les étés secs, constate Benoît Moreel. Les rendements des deux méteils sont très variables. « Ils oscillent entre 30 et 60 quintaux par hectare. »

4 à 5 kg/VL/j dans la ration hivernale

Le méteil grain à base d’avoine et de féverole est incorporé à hauteur de 4 à 5 kg/L/j dans la ration hivernale. Equilibrée à 20-22 litres, la ration est à base d’ensilage d’herbe (50 %), d’ensilage de maïs (30 %), et de betteraves fourragères (20 %).

« Avec un mélange féverole-avoine, il faut limiter les apports à 2-3 kilos par vache à cause des facteurs antinutritionnels, sauf s’ils ont été conservés en boudins (la fermentation les détruit) », précise Alexandre Carlu, de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. La ration doit être assez fibreuse pour limiter le risque d’acidose. « Les éleveurs en distribuent généralement 1 à 2 kg/VL/j. » En début de saison de pâturage, Benoît Moreel distribue 5 à 6 kg de mélange triticale-pois et un peu de foin pour compléter l’herbe.

Le saviez-vous ?

Le toastage du mélange est possible pour améliorer la valorisation des protéines des protéagineux. Mais au vu des rendements et de la proportion variable de protéagineux à la récolte, son intérêt économique n’est pas évident.

Avis d'expert : Alexandre Carlu, chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais

« Au-delà de 20 % d’humidité, les graines se conservent mal "

En bio, avec des rations basées sur de l’herbe, les éleveurs recherchent plutôt un concentré équilibré que riche en protéines. Il faut choisir des mélanges avec seulement deux espèces proches d’un point de vue maturité, comme l’association triticale-pois ou féverole-avoine. Ce dernier est un peu plus riche en MAT (comme une VL 15-16). La vesce est déconseillée parce qu’elle peut salir la parcelle. Le lupin est rarement utilisé dans notre région parce que les terres ne s’y prêtent pas (trop argileuses) et le climat est un peu froid. Nous avons cependant fait des essais en mélange avec du blé et de l’avoine qui ont bien fonctionné. Il faut essayer de battre des grains le plus secs possible (14 à 15 % d’humidité) pour pouvoir les conserver dans des cellules classiques. À 16 à 18 %, il faut les stocker en boudin. Et au-delà de 20 % d’humidité, les graines se conservent mal. Attention aux attaques de rats lors de conservations en boudins.

Pour les semis, il faut garder les mêmes densités qu’avec des céréales pures. La proportion entre céréales et protéagineux dépend des objectifs recherchés (plus de protéines ou concentré équilibré). La part des protéagineux varie généralement entre 20 et 40 %. Les rendements en bio se situent autour de 35 à 40 quintaux contre 65 à 70 quintaux en conventionnel. En conventionnel, il faut limiter les apports d’azote à 40 ou 50 unites pour éviter que la céréale ne prenne trop le dessus. "

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